Van Den Heede, âgé de 73 ans, à bord de son Rustler 36 Matmut a maintenant 7 jours d’avance sur le Néerlandais Mark Slats et son Rustler Ohpen Maverick, qui a perdu une journée de plus sur son rival cette semaine. Gregor McGuckin n’est maintenant plus qu’à une journée de distance, ayant gagné 4 jours sur Mark, avec son Biscay 36 Hanley Energy Endurance. Abhilash Tomy, l’Indien à bord de Thuriya, la réplique du Suhaili de Sir Robin Knox-Johnston, vainqueur de la première édition de la GGR il ya 50 ans, a également réussi à dépasser le Rustler 36 One and All d’Uku Randmaa au cours du week-end et se trouve à moins d’un jour de navigation de McGuckin.

«C’est fantastique… et c’est ce que j’espérais lors de la conception de la GGR il y a trois ans», a déclaré Don McIntyre, fondateur de la course: «Nous avons maintenant une réplique du Suhaili et un Biscay 36 en deuxième position, ce qui montre que tout bateau peut gagner. Tout dépend du skipper et de ses préparatifs. Le leadership de Jean-Luc est le fruit d’une planification, d’une préparation et d’une exécution très soignées, expérience issue de ses cinq tours du monde précédents. Cela montre que l’âge n’est pas un facteur.”
En revanche, Mark Slats, qui a déclaré la semaine dernière qu’il avait connu les pires mers jusqu’à présent, perd peu à peu son avantage, probablement à cause d’une décision – celle de choisir de naviguer avec des voiles d’avant à mousquetons plutôt qu’avec un enrouleur de voiles.

Igor Zaretskiy a également traversée une zone agitée. Le Russe a demandé un avis médical la semaine dernière après avoir été projeté à travers le cockpit de son Endurance 35 Esmeralda puis s’être écrasé contre le radeau de sauvetage. Il craignait de s’être cassé une côte ou deux mais il est resté stoïque et n’a même pas envisagé de s’arrêter.

Igor a rapporté la semaine dernière : «Il souffle 25 noeuds pour le troisième jour consécutif, parfois 30 et les vagues font maintenant 4m de haut. Parfois, une houle frappe le bateau de travers, envoyant tout voler à travers le salon. C’est un désordre total à l’intérieur. Je range tous les soirs pour tout recommencer le matin. »

Igor, qui devrait passer le cap de Bonne-Espérance ce soir, a également été victime du “goutte à goutte” d’eau qui coule à l’endroit où son bateau a été endommagé il y a quelques semaines, mais ce n’est rien en comparaison de l’inondation qu’a subi Abhilash Tomy à bord de Thuriya. L’Indien a manifestement eu un peu de répit hier, envoyant un message texte au PC course: “Le soleil est apparu rapidement comme un arc en ciel après les inondations bibliques”. Quels que soient les problèmes, ça ne le ralentit pas!

Loïc Lepage est arrivé à Cape Town à 14h00 UTC samedi dernier pour se réapprovisionner en eau et faire fonctionner sa radio BLU sur laquelle il pourra s’appuyer pour récupérer les prévisions météo. Le Français prévoit de repartir mercredi, en Chichester Class, catégorie pour ceux qui font un arrêt.

L’Australien Mark Sinclair prévoit également de faire un arrêt au Cap pour déposer ses pellicules. Cependant, le temps risque de conspirer contre lui, les prévisions prédisant un gros orage mercredi. Lui et les autres concurrents ont reçu une alerte météo / actualisée de la part de la direction de course: “affirmant que cette tempête, combinée au contre-courant d’Aghulas, pourrait produire des mers extrêmement dangereuses dans les environs du Cap”.

Dimanche, le Finlandais Tapio Lehtinen, qui naviguait sur son Gaia 36 Asteria, s’est réveillé avec l’agréable surprise de voir le Tradewind 35, Puffin, de l’Américano-hongrois Istvan Kopar à moins d’un mille de sa position. «WOW» fût la réponse de Tapio au PC course. Les deux marins se trouvaient à 360 miles au sud du Cap de Bonne-Espérance, et à 08h00 ce matin, ils étaient encore au coude à coude.

Susie Goodall, dont le Rustler 36 DHL Starlight se classe à la sixième place, est confrontée au mêmes problèmes que ses poursuivants, en deuxième partie de flotte, pris dans un système météorologique complexe. Il leur sera presque impossible de regagner ce terrain perdu dans l’océan Austral et leur seul espoir de rattraper leur retard serait que ceux qui sont devant fassent des erreurs.

Réflexions sur les 70 premiers jours

La flotte ayant passée ses premiers émois, Don McIntyre nous livre ses premières réflexions sur l’aventure :

“Il ne reste plus que 10 participants à la Golden Globe Race. Sept n’ont pas passé le premier Cap. 17 skippers naviguant vers Hobart auraient été très impressionnants, mais qui pensaient vraiment que cela pourrait arriver. Certainement pas moi. Avant le départ, j’aurais probablement pu donner un avis sur qui passerait ou non ce cap, mais sur le ponton Vendée Globe du Village de la GGR, nous étions tous une grande famille, alors pourquoi le faire? Le départ était simplement significatif.

Toutes les vraies aventures ont un résultat inconnu. De retour aux Sables D’Olonne, j’étais entouré de vrais aventuriers de 13 pays différents avec un objectif commun. Ils allaient s’élancer totalement seuls autour du monde, sans connexion avec un quelconque soutien à terre, ni lignes téléphoniques offrant un confort social et émotionnel sur le parcours. Ce simple fait rend la GGR unique en son genre depuis ces 50 dernières années. Le Vendée Globe et la Volvo autorisent le téléphone 24h/24 pour demander de l’aide. Vous pouvez appeler vos parents ou votre ingénieur. Pas sur la GGR. Lorsqu’ils sont partis naviguer vers cet horizon pour un long et lent voyage, abandonnant tous les aspects d’une vie normale, comme en 1968, ils se sont retrouvés aussi seuls et sans soutien que possible.

Chacun a une histoire à raconter à propos de son investissement pour ce rêve personnel. C’était trop pour certains et ils n’ont pas continué. On pourrait dire que tous ceux là, sauf Are Wiig, ont perdu la partie dans leur esprit bien avant que les avaries et problèmes d’équipement ne surviennent. SIR ROBIN à bord du SUHAILI était surhumain avec une motivation et une passion difficiles à croire et plus difficiles à reproduire 50 ans plus tard. Sa victoire fût différente, même si le défi était similaire. Il allait être le PREMIER et il était farouchement britannique, un érudit de Britannia maîtrisant les vagues. Il avait aussi un poursuivant Français.

Aujourd’hui (par rapport aux années 1960), nos valeurs sont totalement différentes, notre raisonnement et notre engagement sont d’un autre niveau et les résultats commencent à apparaître. JL VDH sait ce qui est nécessaire et il le fait. Son bateau, l’équipement, la nourriture et le plaisir sont bien meilleurs qu’en 1968. Le défi est le même, mais avec cet énorme avantage, il peut donc le faire mieux et plus rapidement. Bravo!

Les appels téléphoniques hebdomadaires des participants continuent d’évoluer. Ils sont plus calmes et plus lents. Ils s’accrochent jusqu’au dernier mot et ne veulent pas raccrocher. Vous l’entendez dans la voix d’une seule âme, interrogeant leur existence à travers ce challenge. C’est là, difficile à décrire mais c’est le cas. Ils essaient de montrer un visage courageux car ils savent que le monde écoute. Ils veulent paraître ALL OK et forts, mais de petits détails suggèrent qu’il pourrait y avoir des défis personnels à relever au cours de la semaine.

Son bateau est en bon état, pourtant SUSIE fait de petites allusions, et sa conversation est un peu difficile. Avec une véritable émotion, UKU déclare C’EST DIFFICILE! PAS la voile, mais le défi émotionnel et la véritable isolation par rapport à la vie, la famille et les amis. Ils lui manquent. MARK SLATS est un géant solide qui s’adoucit avec le temps. Il parle et ne veut pas raccrocher. J’ai essayé quatre fois avant de réussir!

TAPIO est une fenêtre ouverte sur le bonheur et la tristesse. Il est absorbé et émotionnellement impliqué par la beauté de son environnement et oubliant tout autre chose. Un voilier n’a pas besoin d’électricité. Il ne s’arrêtera pas. LOIC est désespérément seul, sans radio et sans nouvelles. La famille lui manque. Il fait tout avec ce qu’il a. Il pense à ARE au Cap, puis à son vieux mât. Pour être sûr et en sécurité, il se rend à Cape Town pour un “arrêt au stand” sécuritaire. Bravo! Un fier marin en Catégorie CHICHESTER.

Un appel de TOMY nous a offert plus que ses mots. “C’EST AGRÉABLE DE PARLER AVEC VOUS AUJOURD’HUI” a été livré d’une voix tremblante. C’était une leçon d’humilité pour moi d’écouter cela. Il réalise que les quatorze prochaines semaines dans l’Océan Austral n’apportent aucune garantie! Il passe en revue les procédures d’urgence avec moi. Il a fait le tour du monde en solitaire auparavant, mais pas comme ça, dans ce petit bateau totalement seul.

Bien sûr, “ALL OK” pour IGOR et sa bien-aimée ESMERALDA. Il rit fort. Pour Capt COCONUT je ne suis pas si sûr. Ses appels ne laissent rien paraître. Il est en vacances. Il est heureux. ISTVAN est pareil. Quand il parle de ses défis, et il y en a eu beaucoup, vous pouvez entendre son sourire! GREGOR représente la pure détermination d’un jeune Irlandais qui va de l’avant. Amenez-le là puis donnez-lui en plus.

ARE WIIG est devenu une référence en matière de savoir-faire maritime et d’honnêteté. Fort comme un ours, lui et son bateau ont chuté! Cela nous a tous choqué. C’était ARE. Pas question, pas ARE. Mais c’est la loi de la mer. Sans s’en rendre compte, ARE est devenu l’icône de l’ESPRIT de la Golden Globe. Il est rentré à bon port par ses propres moyens. Nous étions tous fiers. Il a vanté les mérites du règlement de la course et de la famille GGR. C’est une histoire à raconter à tous les marins, et ce sera le cas.

ERTAN, KEVIN, NABIL, PHILIPPE, ANTOINE et ARE sont partis. Ils nous manquent mais nous comprenons. Nous admirons LOIC en catégorie Chichester. Nous saluons les 10 finalistes. Comme aucun autre, la Golden Globe est un voyage difficile. Est-ce un voyage pour les fous? EN AUCUNE FAÇON! Mais il y a de vrais parallèles avec l’édition de 1968, même des pressions similaires à celles subis par Donald Crowhurst.

Ces marins sont seuls, vraiment sans soutien, sans technologie, dans de petits navires qui nous inspirent chaque jour. Voilà CE QU’IL SE PASSE!”

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