Après leurs excellentes performances aux championnats du monde à Aarhus en août, les Français ont tout juste eu le temps de se reposer avant de se diriger vers Enoshima, au Japon, pour une étape de coupe du monde. Depuis une semaine, les 19 coureurs de l’Équipe de France se préparent pour l’ultime épreuve de la saison. L’occasion de découvrir le plan d’eau des prochains Jeux Olympiques.

En août 2020 à Tokyo, les conditions météorologiques influenceront certainement les performances de tous les athlètes aux Jeux Olympiques. Mais s’il y a un sport pour lequel la météo et le terrain de jeu sont primordiaux dans la préparation des Jeux, c’est bien la voile. L’Équipe de France, entourée de la « cellule plan d’eau », aura donc pour objectif de faire un maximum de repérage à l’occasion de l’étape de coupe du monde à Enoshima. Si l’objectif sportif de la saison est passé avec les championnats du monde à Aarhus en août, les coureurs sont prêts comme ils l’étaient il y a un mois, et ils auront à cœur de briller sous le Mont Fuji.

Guillaume Chiellino, directeur de l’Equipe de France

« Sportivement, cette épreuve marque la fin de la saison 2018 qui avait son point d’orgue à Aarhus aux championnats du monde. Et elle sert de test event à deux ans des Jeux Olympiques. Beaucoup de nations ont fait le choix, comme la France, d’envoyer des délégations restreintes avec un ou deux représentants par série.
Cette étape de coupe du monde a deux aspects importants pour nous :
– D’une part, performer sur le plan d’eau des Jeux. C’est important de faire de bons résultats ici à Enoshima pour marquer l’esprit de nos adversaires, marquer notre territoire.
– Et d’autre part, apprendre de ce plan d’eau. Nous avons la chance de pouvoir être présents dans 9 des 10 disciplines olympiques pour acquérir un maximum d’expérience en régate. Notre « cellule plan d’eau » est présente pour enregistrer toutes les informations disponibles. Nous ne sommes pas exactement aux dates des JO mais les conditions météo sont assez proches de celles que nous pourrions avoir en août 2020.
Le programme des navigations d’entrainement a été un peu perturbé par le passage d’un gros typhon. La marina était fermée et on a mis les bateaux à l’abri. Les Japonais sont habitués donc on se sent en sécurité, tout était sous contrôle. Et les entrainements ont pu reprendre.
On peut s’attendre à avoir des conditions très variées mais surtout des conditions très chaudes et humides. Les occasions de faire des régates sur ce plan d’eau ne seront pas nombreuses car la météo est très différente l’hiver et l’été. Il faut multiplier les expériences en juillet, août et septembre donc il ne nous reste plus beaucoup d’opportunités avant les Jeux. »

Charline Picon, championne olympique de RS:X (windsurf), championne du monde 2014 et vice-championne du monde 2018 :

« C’est la première fois que je navigue sur ce plan d’eau. Pour le moment, ce qui ressort c’est cette houle. Il y en avait déjà avant le passage du typhon et maintenant encore plus. Ça complique les choses techniquement, surtout s’il n’y a pas beaucoup de vent.
On a découvert les shirasus, des mini poissons blancs aux yeux argentés, crus. Ils sont capables d’en mettre dans les pizzas et les hamburgers ! Je m’attendais aux sushis mais ce n’est pas vraiment ça…
Nous avons un baby-sitter commun avec Camille (Lecointre) qui s’occupe des bébés quand on part sur l’eau. C’est un peu particulier, ça complique les choses en termes de logistique, c’est un test, on n’est pas sûr de le refaire l’année prochaine.
Mais la balade à vélo avec le porte bébé pour visiter l’ile d’Enoshima et son temple, suivie d’une baignade au coucher du soleil avec le mont Fuji en arrière-plan… C’est quand même assez stylé ! »

Jérémie Mion, champion du monde 2018 de 470 (dériveur double) avec Kévin Péponnet :

« Faire Champion du Monde, ça crève physiquement et nerveusement ! Pendant 4 jours, j’ai essayé d’atterrir un peu… On a eu un super comité d’accueil à notre retour à Marseille, c’était nos Champs-Élysées à nous !
Après une semaine de vacances en Italie pour breaker, c’est parti pour la World Cup au Japon. On ne va pas passer beaucoup de temps sur place avant les Jeux donc il va falloir être efficace et concentré pendant toutes les navigations. C’est cool de retrouver tout le monde et de se mettre déjà dans l’ambiance Jeux Olympiques. Il peut y avoir des conditions très variées avec de la molle, de gros coups de vent impossibles à naviguer, le lendemain il peut rester de la mer déchainée avec de la houle. Ça va être intéressant et ça se rapproche un peu des conditions de Rio. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé ! Ça va demander de la polyvalence dans notre préparation pour être prêt à tout.
Nous n’avons pas vraiment d’objectif de résultat mais c’est important de faire des belles manches sur place, ça permet de mettre des images positives dans la tête et de marquer les esprits sur le plan d’eau des Jeux, ce qui est carrément important ! »

Louis Giard, médaille de bronze aux championnats du monde 2018 en RS:X (windsurf)

« On a eu notre championnat du monde ici l’an dernier, quasiment aux mêmes dates. C’est toujours plus simple quand on vient en terrain connu pour trouver ses repères et rentrer plus facilement dans notre routine. Je me suis bien reposé et j’ai bien profité après le mondial au Danemark qui était l’objectif principal de la saison. Il faut récupérer du décalage horaire et s’acclimater à la chaleur et à l’humidité mais je n’ai pas trop d’inquiétude à ce niveau-là. Je vais attaquer cette épreuve comme toutes les autres de la saison, en faisant de mon mieux. Mais ça aura forcément une saveur particulière parce qu’on est sur le plan d’eau des Jeux !
On peut s’attendre à tout niveau météo. C’est ce qui fait que c’est sympa, il faut savoir s’adapter, une des principales qualités qu’on nous demande en voile. Il n’y a pas mieux que de découvrir un plan d’eau en régate. On aura tous les yeux grands ouverts pour prendre le maximum d’informations.
On prend une claque culturellement en arrivant au Japon mais les gens sont adorables, tout le monde fait son maximum pour que les sportifs soient dans les meilleures dispositions possibles. C’est super agréable d’être accueillis comme ça. »

Le grand retour de Billy Besson et Marie Riou en Nacra 17 !

Les quadruples Champions du Monde de Nacra 17 (catamaran volant mixte) sont de retour sur le circuit olympique. Après un sans-faute durant toute la dernière olympiade, le duo, largement favori, avait vu ses rêves de médaille d’or s’envoler à Rio, à cause d’une méchante blessure de Billy Besson, victime d’une hernie discale.
Depuis, ils ont fait beaucoup de chemin. Et Marie Riou a remporté la Volvo Ocean Race avec Dongfeng Race Team en juin. Mais Billy et Marie ont une revanche à prendre. Ils iront jusqu’au bout pour décrocher la précieuse médaille au Japon en 2020. La route sera longue. Le bateau a changé (ajout de foils) et leurs adversaires n’ont pas chômé… Ce qui rend le défi encore plus intéressant à relever.

Marie Riou, quadruple championne du monde de Nacra17 avec Billy Besson, et vainqueur de la Volvo Ocean Race avec Dongfeng Race Team

« Je suis vraiment contente de retrouver Billy et de remonter sur un petit bateau qui va vite. Trois semaines d’entrainements en août nous ont permis de reprendre le bateau en main, d’appréhender le support. On essaye d’avoir les bases mais il y a encore beaucoup de boulot. Nous ne sommes pas encore au niveau des meilleurs.
Cette épreuve à Enoshima sera une première confrontation avec tous les adversaires et nous permettra de découvrir le plan d’eau des Jeux Olympiques. On a pu naviguer avec des Allemands et des Japonais. Il y avait des vagues donc c’était un peu sport !
On a fait ce qu’on a pu en trois semaines pour progresser au maximum au niveau technique. Maintenant on va s’appuyer sur notre jeu de régate pour prendre des bons départs, aller au bon endroit… Ça va être l’objectif de la semaine pour essayer de tirer notre épingle du jeu et on tirera un bilan à la fin de la régate. »

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