On les imaginait en file indienne de Wolf Rock à Portsall. Que nenni ! Au jeu des petits décalages et d’un vent très irrégulier toute la nuit, la flotte s’est tassée avec une étape complètement relancée à 20 milles de l’atterrissage sur la Grande-Basse de Portsall. C’est Alan Roberts sur Seacat Services qui a repris la tête, alors que Corentin Douguet (NF Habitat), premier à Wolf Rock a un peu rétrogradé. A noter aussi le retour aux affaires de Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), sixième et bien décalé. Les 5 premiers se tiennent en un mille seulement… On retient son souffle avant le lever du jour sur une course plus indécise que jamais.

“J’avais prévu de me reposer enfin cette nuit, c’est raté. A chaque fois que j’ai tenté des siestes, j’ai perdu pas mal de terrain, le vent est vraiment trop instable” s’exclamait de sa voix pleine Tanguy Le Turquais ce matin par VHF. Positionné neuvième au pointage de 5 heures, le skipper d’Everial pouvait néanmoins se féliciter de voir la flotte se tasser avant la marque de Portsall, l’un des derniers grands virages du tracé de cette première étape. En sera-t-il un tournant ? Peut-être si l’on en croit Charlie Dalin, ragaillardi par sa remontée à la sixième place cette nuit et plutôt bien décalé dans l’Ouest : “Le vent a beaucoup molli et refusé. Comme le courant porte maintenant à l’Est, si le vent ne tourne pas, ça va être compliqué de passer la marque. Donc la flotte risque de s’étirer et les premiers à passer partiront avec le reste de courant de flot. En tout cas, je reviens de loin après mon erreur de la nuit dernière où j’ai cru que ma Solitaire était perdue”.

Les 13 premiers en 3 milles !

Oubliés donc le louvoyage en Cornouaille, les spis qui battent dans la houle et les coups fourrés de la côte anglaise ? Pas si sûr, car le passage de Portsall dans un vent imprévisible peut s’avérer piégeux. En attendant, c’est un Britannique qui a pris les devants cette nuit en route vers la Bretagne. Après son bon passage en troisième position à Wolf Rock, Alan Roberts a su glisser plus vite que ses camarades, d’abord au près, puis sous spi et à nouveau sous génois. Son Seacat Services pointe d’une courte tête ce matin devant Xavier Macaire (Groupe SNEF) et Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance) avec Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours populaire) juste dans son axe. Satisfait, le skipper reste très vigilant : “Le vent est vraiment irrégulier, il y a beaucoup d’algues et il faut être très attentif aux réglages”.

En attendant, c’est aussi aux cargos qu’il faut veiller, puisque le groupe de tête rentre justement dans le rail descendant d’Ouessant. Sur Etoile, le bateau de direction de course, on vient d’y repérer à l’A.I.S le Queen Elizabeth 2, lancé à 19 noeuds vers New-York et aussi quelques cargos en dehors des clous… Les Figaristes, eux, ont repris un peu de vitesse, autour de 4 noeuds et on est en droit de les attendre en milieu de matinée à la marque de Portsall. Lorsque les premiers passeront, Nathalie Criou (Richmond Yacht Club Foundation) devrait de son côté atteindre Wolf Rock avec une Manche de retard… Autant dire qu’à tous les niveaux du classement, l’arrivée du fameux flux de Nord-Ouest est plus que jamais attendue pour rejoindre la Baie de Saint-Brieuc.

Classement de 6h30

  1.  Alan Roberts – SeaCat Services à 190mn de l’arrivée
  2.  Xavier Macaire – Groupe SNEF à 0,2mn
  3.  Sébastien Simon – Bretagne CMB Performance à 0,5mn
  4.  CorentinDouguet – NF Habitat à 0,7mn
  5.  Anthony Marchand – Groupe Royer Secours Populaire à 0,8mn
  6.  Pierre QUIEROGA – Skipper Espoir CEM – 1,6mn
  7.  Charlie Dalin – Skipper MACIF 2015 – 2,7mn
  8.  Tanguy Le Turquais – Everial – 2,4mn
  9.  Martin Le Pape – Skipper MACIF 2017 – 2,7mn
  10. Hugh Brayshaw – Kamat – 3,1mn

    20. Thomas Cardrin – Team Vendée Formation – 1er Bizuth – 6,5Mn

Tanguy Le Turquais – EVERIAL

Ecoute j’avais un peu prévu de me reposer cette nuit là parce que la journée d’hier était assez intense en termes de régulation et en fait cette nuit ça a été pareil, je n’ai pas pu beaucoup me reposer parce que j’ai du beaucoup réguler. Le vent est très très instable depuis hier et les deux trois siestes que j’ai faites m’ont fait perdre pas mal de terrain donc pas très reposé. Je me suis retrouvé sous le vent malgré moi, il y a eu un bord de spi serré à un moment donné, moi j’ai conservé le ski un peu plus longtemps que les autres et je me retrouve un peu sous le vent de la flotte. J’ai Justine et Alexis Loison juste à mon vent. Avec toute la bataille aujourd’hui, je ne sais pas de toutes façons qui va ressortir devant ou derrière et puis on revient aussi doucement sur le groupe de tête qui ralentit donc la flotte est en train de se compresser un petit peu. On voit les autres loin derrière mais on remonte sur ceux de devant donc c’est pas simple car moi ma position me plaisait bien mais j’ai la sensation qu’il va se passer beaucoup de choses avant d’arriver à Portsall. Là le courant est inversé, maintenant ils nous portent dans l’est et j’espère que le vent va tourner à l’ouest nord-ouest comme c’était prévu sinon je vais devoir tirer des bords pour passer la marque. Et ce qui risque de se passer c’est que les premiers, si on est dans le bon timing, vont passer avec le courant favorable et puis très vite ça va renverser et ceux qui auront du retard – ça peut se jouer à une demie-heure – vont se manger le courant dans la figure à Portsall. Alors ça ne va pas étirer plus que ça la flotte parce que ceux qui auront passé la marque auront aussi du courant contraire un peu plus loin mais c’est toujours mieux de passer la marque avec le courant avec toi. Donc oui c’est important d’être bon en ce moment. J’ai eu pas mal de problèmes techniques lundi, des problèmes de ballasts du coup j’ai perdu pas mal de place mais j’ai réussi à revenir dans le match, je suis assez content. Au niveau gestion de la course je pense que je fais mieux que l’année dernière, j’essaie de ne pas griller toutes mes cartouches car je sais que ça va se jouer à la fin. Je ne m’énerve plus comme je pouvais le faire l’année dernière quand j’étais un peu rattrapé par les (…) je me dis que ce n’est pas grave et qu’il faut être bon à la fin.

Charlie Dalin – Skipper Macif 2015

Sur Skipper Macif 2015, tout va bien. On a de superbes conditions pour cette traversée de manche qui n’est pas terminée. Avec une mer super plate, du génois au début, un peu de spi et maintenant du génois. C’est assez beau ! Ça s’est plutôt bien passé pour moi car j’ai réussi à rattraper un petit peu le groupe de devant. Là, par contre, le vent est en train de mollir et le courant qui pousse vers l’est va forcir graduellement. Donc là je pense que si le vent ne rentre pas, le passage de Portsall va être vraiment compliqué. Ce qui est sûr c’est que la flotte va beaucoup s’étirer au passage de Portsall, parce que les premiers qui vont passer vont se retrouver avec le courant favorable et les autres, si on est obligé de tirer – ce n’est pas dit – mais si on doit le faire, ça peut faire de gros écarts. J’ai le sentiment de revenir d’un peu loin après mon erreur de la nuit dernière où, à un moment, j’avais, je pense, une dizaine de milles de retard, voire plus, sur les premiers donc je pensais vraiment que la Solitaire était bâchée. Mais heureusement, ils ont été un peu bloqués à Wolf Rock ; de pouvoir enrouler avec 4mn de retard et là maintenant je n’ai plus que 2 mn. Rien n’est fait.

Alan Roberts – SeaCat Services

Pour l’instant c’est tranquille à bord de Seacat, je suis en train de régler les voiles avec les vents qui changent un peu de direction. Je check les algues et je reste sur le pilote beaucoup. C’est le pilote qui barre et c’est moi qui règle le bateau pour trouver de la vitesse. Pour l’instant l’avance est juste (…) C’est une grosse bataille parce qu’on est tous pas loin, j’ai Xavier juste sous le vent, j’ai Antho juste derrière et je vois Séb et Corentin souvent aussi donc on est vraiment pas loin. Et je ne suis pas très fatigué, je me sens bien et j’ai de l’énergie. Je me suis pas mal reposé. Donc là je me sens bien, je suis prêt pour continuer. On reste côte à côte en ordre de bataille avec beaucoup de courant, des vents instables. On attendait le vent nord nord-ouest mais c’est pas rentré et pour l’instant c’est pas stable donc on doit beaucoup gérer le vent et le nouveau vent qui va rentrer. Et puis aussi on ne sait pas si on va faire la course complète, si on va faire le tour de Guernesey ou si on va direct faire route sur Saint-Brieuc donc on attend ça pour notre pointage en espérant que ce sera dans les prochaines heures.

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