Beccaria, de Navacelle et d’Estais, le tiercé gagnant chez les Série
Si la victoire dans la catégorie des bateaux de Série de la 7e édition des Sables – Les Açores – Les Sables a été décrochée haut la main par Ambrogio Beccaria, le skipper italien de Geomag auteur d’une course parfaite avec une victoire dans chacune des deux étapes, le reste du podium restait indécis. Et pour cause, une poignée de solitaires pouvait encore espérer se hisser sur les deuxième et troisième marches en quittant Horta, le 8 août dernier. Si certains prétendants ont rapidement pris un plomb dans l’aile à la suite de pépins techniques, à l’image d’Amélie Grassi, victime de la perte de l’un de ses safrans ou de Valentin Gautier, handicapé par le black-out de son système électronique, d’autres ont retrouvé des couleurs dans les surfs endiablés de cette deuxième étape. On pense notamment à Nicolas d’Estais, 13e de la première manche, qui a, cette-fois, réussi à faire parler toute son expérience pour aller chercher la 3e place de l’étape mais aussi la 3e place au général, le vent ayant progressivement déserté le plan d’eau et créé d’importants écarts au sein de la flotte dans les derniers milles du parcours. Reste que si le skipper de Cheminant – Ursuit a réalisé une très belle opération, c’est aussi le cas de Félix de Navacelle. Le jeune marin, fraichement débarqué sur le circuit des Mini 6.50 cette saison, a, en effet, frappé fort en terminant dans le Top 3 lors des deux étapes (3e et 2e). Il se hisse donc logiquement à la 2e place du classement général et s’affiche d’ores et déjà comme un client sérieux pour la suite. Les premières déclarations.
Ambrogio Beccaria (943 – Geomag), 1er de la 2e étape et 1er au général :
« C’est trop bien ! J’ai eu peur après le front car j’ai pété le medium et j’étais sûr que tout le monde allait me défoncer mais en fait non ! J’ai découvert que sous gennak, dans le genre de conditions qu’on a eues, ça marche très bien. Franchement, j’étais sûr que sans médium, c’était fini mais il se trouve que ça allait super vite même si j’avoue que le bateau (un Pogo 3, ndlr) est un peu dur. J’ai fait quatre jours avec la combi sèche et si je ne l’avais pas eue, je pense que ça aurait été très compliqué ! Je suis content de finir juste derrière Camille (Taque, 5e Proto). Hier, quand j’ai entendu à la vacation qu’elle était 3e, j’étais trop content pour elle. Je me rappelle qu’au Trophée MAP, j’avais fini 10 secondes devant elle est qu’elle m’avait dit qu’elle aimerait bien finir devant tous les Série. Cette-fois, c’est fait ! De mon côté, c’est la 5e course que je gagne cette saison, c’est top ! Et le titre de champion de France de Course au Large en prime, c’est trop bien ! »
Félix de Navacelle (916 – Youkounkoun), 2e Série de la 2e étape et 2e au général :
« Cette étape, maintenant que je suis arrivé, c’était génial (rires) ! En fait, j’en ai bavé physiquement parce qu’il y avait du vent, des vagues, beaucoup de surfs et énormément de rythme. Notre coach nous avait dit « mettez du rythme : siestes, réglages, barre… allez-y, attaquez ! ». Au début, j’ai cherché un peu mon confort puis j’ai vu Nico (d’Estais) qui revenait très très très vite. Dès lors, je me suis dit qu’il fallait que j’arrive à trouver ce fameux rythme et Nico m’a appris à foncer. Jusqu’ici, je n’avais jamais vraiment fait ça. Ça y allait, ça y allait ! Au bout d’un moment, je me suis dit « il va falloir que ça s’arrête parce que j’en peux plus » ! Je me prenais 300 litres d’eau sur la figure toutes les deux secondes, le bateau partait au tas… Je pense que ce qui m’a bien aidé, c’est que je n’ai pas eu la trouille, même si j’ai tout le temps redouté de péter un truc. Au final, je n’ai rien cassé, hormis la sous-barbe mais j’ai bricolé et c’est reparti. En plus, ça m’a réchauffé comme j’avais froid. A un moment, j’ai même appelé Nico pour lui demander si je devais mettre la TPS tellement j’avais froid. Je n’arrivais pas à me réchauffer et je n’avais quasiment plus de fringues sèches. Au bout du compte, le soleil est arrivé, le calme est revenu. J’ai dormi et là je vais très bien. Je suis trop content d’être là et de faire deuxième ! Quelle histoire ! C’était incroyable, une vraie aventure ! »
Nicolas d’Estais (905 – Cheminant – Ursuit), 3e de la 2e étape et 3e au général :
« Cette étape, c’était un truc de poney, de marcassin, de punk… c’est quelque-chose qui a favorisé les marins expérimentés. Je pense, en effet, que j’étais plus à l’aise que les nouveaux qui ont débarqué cette année, mis à part Félix (de Navacelle), qui a vraiment fait fort. J’avoue que j’étais content qu’il y ait plus de vent que prévu sur l’étape car on a eu 4-5 jours avec, en permanence, des vents supérieurs à 20-25 nœuds au portant. J’avais la voile qu’il fallait. Mentalement, je m’étais préparé à ça. J’étais accroché à la barre. J’ai tout donné. Bien sûr, ce n’était pas confort, mais le bateau allait super vite. Les milles défilaient et comme je voyais que j’allais un peu plus vite que les autres, c’était assez grisant. C’est la première course de l’année où on a des conditions comme ça et je me suis senti bien. Après la première étape, j’étais très déçu parce que j’aurais voulu faire mieux que 13e, évidemment. Pour le retour, je partais donc avec l’objectif de faire un podium mais sans imaginer que je pouvais faire mieux que 5e au général. Au final, je termine 3e au général, c’est une super surprise ! »