Ce vendredi à 8h01 (heure de Paris), Félix de Navacelle a franchi la ligne d’arrivée de la première étape de la 7e édition des Sables – Les Açores – Les Sables. Le skipper de Youkounkoun s’est ainsi octroyé la deuxième place chez les bateaux de Série après s’être livré une remarquable bagarre avec Amélie Grassi (Tyrion) et Valentin Gautier (Shaman / Banque du Léman). Les trois solitaires se sont, en effet, rendu coup pour coup jusque dans les dernières longueurs, bouclant les 1 270 milles du parcours dans un mouchoir de quatre minutes mais avec toutefois un écart de plus de 12 heures sur le vainqueur, Ambrogio Beccaria (Geomag). Leurs premiers mots.

Félix de Navacelle (916 – Youkounkoun), 2e Série à Horta :

« C’était assez spécial. On était en course jusqu’au moment où les dépressions sont arrivées mais à partir de là, très rapidement, on a fait le dos rond et on a changé de mode. C’était émouvant parce que c’était vraiment dur pour tous. Pour quelques-uns plus encore que pour d’autres mais le fait d’être ensemble et de s’aider pour tous les problèmes, c’était super. J’en en chialé à un moment parce que c’était vraiment dur mais on s’aidait moralement. Une fois qu’on a passé tous ces fronts, sans vraiment se passer le mot, on a repris la course. Moi je voulais faire mon truc de mon côté parce qu’on a longtemps navigué à vue et pour Les Sables – Les Açores, il fallait que je sois au moins à un moment tout seul. Ça s’est bien passé à la fin et du coup ça a bien payé. Je suis repassé devant les copains mais à la fin, les molles et les dévents, ça m’a rendu fou parce que je les voyais revenir. J’ai remonté ma ligne de pêche et je suis reparti à l’attaque. Jusqu’au bout, c’était fou et je suis trop content d’arriver, de faire deuxième et d’être accueilli comme ça. C’est chouette ! »

Amélie Grassi (944 – Tyrion), 3e Série à Horta :

« C’était long et on a tous cru que ça ne terminerait jamais. C’est chouette d’arriver et de voir qu’on a trimé pour finir 3e . On ne savait pas trop si on jouait le podium, la 8e ou la 12e place… On s’est trop bagarré tout du long. C’était hyper dur et c’est la belle récompense d’arriver puis de finir en se battant de cette manière avec Félix (de Navacelle) et Valentin (Gautier). A la base, je fais de la régate et là, je fais du large et je me retrouve à franchir la ligne d’arrivée à 2 minutes des autres ! Je ne pensais pas que c’était comme ça mais c’est marrant ! Dans ma vie, je n’étais jamais allée aussi loin que les Açores, même en avion ou quoi que ce soit. Je n’en reviens pas d’avoir été si loin en bateau toute seule. J’ai toutefois trouvé ça vraiment dur. J’ai bien réfléchi à une bonne raison pour abandonner pendant les trois jours de fronts. Je n’avais jamais vécu un truc pareil. Après, on a eu beaucoup de pétole et ça aussi, ça a été dur. Parfois j’ai eu l’impression que mes nerfs allaient lâcher. Je n’en pouvais plus… C’était éprouvant surtout que je termine avec une grosse faim. On nous avait dit qu’on mettrait 12 jours pour rallier les Açores en partant mais on n’y croyait pas trop. On se disait que ça n’existait pas dans la vraie vie, de mettre 12 jours pour aller jusqu’à Horta. Bah si… Du coup, là, on était tous sur la fin de nos sachets de bouffe. On avait encore de quoi manger mais il n’y avait plus de trucs cool. On a tous hâte de manger un truc bon et d’aller dormir ! »

Valentin Gautier (903 – Shaman – Banque du Léman), 4e série à Horta :

« Tous les trois, on fait un joli tir groupé. On reste placé pour le podium final mais ce que je retiens surtout dans l’immédiat, c’est que cette étape a été dure. Franchement, il y avait moyen de se dégoûter du Mini. On a fait que du près. On a pris quatre ou cinq fronts d’affilée… A la sortie du golfe de Gascogne c’était sympa mais après, ça a été la catastrophe. En plus, on a fini dans la pétole. On est resté tanqué sous les îles… Jusqu’au bout, ça a été l’horreur. J’ai hâte de voir la cartographie parce que je ne sais pas trop ce qui s’est passé mais à mon avis, il s’est passé beaucoup de choses au nord comme au sud. Le chouette truc c’est qu’on s’est retrouvé à 6 ou 7 bateaux et on s’est vraiment mis dans une dynamique de groupe. On s’est rendu compte que tout le monde en bavait. Certains n’avaient plus d’aérien, d’autres étaient en black-out électronique, des nouveaux étaient un peu en panique… on a tous mis la course entre parenthèses pendant 48 heures et on s’est vraiment entre-aidé. C’est ce qui sauve cette étape pour moi parce que je n’ai pas trop pris de plaisir. J’avoue que je suis un peu frustré parce que cette Les Sables – Les Açores – Les Sables est ma dernière course en Mini et au départ, je voulais pouvoir en profiter à fond. »

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