L’équipage du fameux yacht JOSHUA de Bernard Moitessier rejoint le SUHAILI de Sir Robin Knox-Johnston aux Sables d’Olonne pour la deuxième fois de l’histoire depuis que les deux bateaux se sont affrontés lors du premier Sunday Times Golden Globe Race en 1968 / 69 Sir Robin Knox-Johnston est devenu le premier homme à naviguer en solo non-stop autour du Globe. Bernard Moitessier a bouclé le cap Horn 19 jours après Suhaili et a décidé de continuer vers l’est et de faire une deuxième boucle de l’océan austral «pour sauver mon âme».

Deux grands hommes de la mer, Sir Robin Knox-Johnston l’anglais et le héros français Bernard Moitessier ne se sont jamais rencontrés et non pas communiqués ensemble durant le premier tour du monde en solo du Golden Globe il y a 50 ans. Leurs deux yachts connus de tous, Suhaili et Joshua se sont enfin rencontrés pour la deuxieme fois aux Sables d’Olonne aujourd’hui.

Dans un moment historique, les deux yachts classiques seront aux extrémités de la ligne de départ quand Sir Robin tirera le coup de feu depuis le pont de Suhaili à midi le dimanche 1er Juillet au départ de la Golden Globe Race.

Les 18 skippers représentant 13 pays différents vont ensuite partir des Sables d’Olonne pour une grande aventure pour recréer l’âge d’or de la navigation. Ils navigueront autour du monde comme Sir Robin Knox-Johnston et Bernard Moitessier l’ont fait en 1968-1969 en utilisant sextants, cartes papier et chronomètres et en gardant à l’œil leur baromètre.

Cette course pionnière des années 1968-1969 a amené Sir Robin Knox-Johnston à devenir le premier homme à prendre la mer seul sans escale autour du monde. Dans un mouvement historique, Bernard Moitessier a tourné à l’est après avoir passé le Cap Horn pour « sauver son âme » et faire un second tour de l’Océan Sud. Sir Robin dit : « Nous ne nous sommes jamais rencontrés parce que nous avons démarré de ports différents à 6 semaines d’intervalle. J’étais parti de Falmouth le 14 Juin et Bernard était parti de Plymouth en Angleterre le 22 Août ».

Ils ne pouvaient pas non plus communiquer par radio parce que Moitessier refusa d’en prendre une, arguant qu’aucune intrusion du monde extérieur n’interromprait son voyage. En effet, il était contre l’idée même de la course, voyant la commercialisation par le Sunday Times comme une violation de l’idée spirituelle qui avait inspirée la compétition pour être le premier à compléter un tour en solitaire.

« Moitessier a fait le tour du Cap Horn le 5 Février, 19 jours après le Suhaili. S’il avait continué, Bernard aurait sans aucun doute créé un record autour du monde plus rapide, mais il ne m’aurait pas battu au retour en Angleterre. »

« Nous nous sommes finalement rencontrés des années plus tard à une conférence de presse à Paris. Bernard fut très généreux mais m’avoua qu’il avait pensé que la course était perdue jusqu’en Australie, son dernier contact avec le monde extérieur. Je crois qu’il a continué pour un second tour du monde après avoir passé le Cap Horn parce qu’à l’époque il était enfin en mer et ne voulait pas retourner à un monde de plus en plus commercial. »
Une personne qui a appris à bien connaître Moitessier est le catamaran et designer James Wharram qui, des années plus tard, construisit un bateau avec l’homme. « Bernard m’a dit qu’il avait continué avec un second tour du monde de l’Océan Sud parce qu’il ne pouvait pas supporter l’idée du président de Gaulle l’embrassant ! ».

Moitessier et Joshua ont finalement posé l’ancre à Papeete, à Tahiti, le 21 Juin 1969 après 300 jours en mer. Il est ensuite resté loin de la France et de sa femme Françoise pour 17 ans et a eu un enfant, Stephan, avec sa nouvelle compagne Ileana en 1971. Il continua à voyager sur Joshua jusqu’à ce que le yacht soit détruit en 1982 durant un ouragan alors qu’il était au port de Cabo San Lucas, au Mexique. C’était l’un des 26 bateaux à être soufflé cette nuit-là. Démâté, étançons et chaire aplatis, trappes brisées, safran disparu, il a finit plein de sable et d’eau de mer, enfoncé profondément dans la plage.

Cela aurait pu être la fin de l’histoire, mais une équipe qui incluait un jeune homme local Reto Fili, vit que la coque était toujours intacte et passa la semaine à creuser une tranchée pour retirer Joshua de la plage. Une fois que cela fut finit, Moitessier donna son bateau à Reto, lui intimant d’utiliser l’argent qu’il avait pour remettre Joshua en état. Reto rebatit le yacht brillamment, et l’emmena à Seattle où l’américaine Johanna Slee, marin professionnelle, l’acheta. En 1989, Virginia Connor remarqua le ketch rouge à Seattle et envoya une photo à Voiles et Voiliers magazines. Une fois authentifié, Patrick Schnepp, directeur du musée national maritime à La Rochelle traversa l’Atlantique pour le racheter et ramena Joshua en France. Là-bas, une équipe des disciples de Moitessier ont restauré avec peine le yacht à son état presque originel. Le mât en métal adapté après l’ouragan est resté, il possède un nouveau moteur et la cabine est maintenant pourvue de lits superposés pour donner l’opportunité aux gens de voyager à plusieurs.

A l’inverse de Suhaili qui n’est pas listé dans le registre des bateaux historiques anglais parce qu’il est 18 cm trop court par rapport aux prérequis, Joshua est listé comme un trésor national. Il est entretenu comme un musée vivant par les « Amis de Joshua », une association qui donne au public l’opportunité de naviguer dessus.

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