En cette année du 40ème anniversaire de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, de très nombreux hommages vont être réservés à celle qui s’est, au fil des éditions, imposée comme la reine des transatlantiques. Entrée dans la légende de la course au large dès ses premiers bords, elle a façonné l’imaginaire collectif des marins et du grand public toujours plus nombreux à venir arpenter les quais de Saint-Malo et de Pointe-à-Pitre. A désormais moins de 200 jours du départ du 11ème chapitre, ouvrons le grand livre d’Histoire de la Route du Rhum…

C’est en 1976 que tout a débuté. A l’origine de cette transatlantique en solitaire, une volonté forte et une rencontre. Cette volonté, c’est celle du syndicat des rhumiers de Guadeloupe qui cherche l’événement qui pourrait mettre en avant ses îles et son savoir-faire. Mais c’est aussi, en Métropole, celle d’un homme, Michel Etévenon, ancien impresario, un temps chargé de la promotion de l’Olympia, publicitaire et « inventeur » du sport-spectacle. La rencontre, c’est bien entendu celles d’aspirations communes et avant tout celles de ces hommes de part et d’autre de l’Atlantique. Ainsi naît la Route du Rhum. Conçue par Etévenon, elle s’inscrit d’entrée dans une philosophie on ne peut plus simple et s’affiche comme la transat de la Liberté. Monocoques et multicoques y sont admis sans spécification de classement ni restriction de taille avec pour but d’offrir la possibilité de s’exprimer, sans contrainte, sur un grand océan d’exploits. Professionnels et amateurs s’y engagent sur une même ligne de départ au large de Saint-Malo, en bénéficiant de toutes les aides extérieures à la navigation. En Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, toute la population attend les héros de la première édition de cette course dont elle ne sait pas encore qu’elle la portera chevillée au cœur et au corps pendant les 40 années à venir… et plus encore.

Manureva ne répond plus

38 partants (25 monocoques, 12 trimarans et 1 catamaran) se présentent au départ le 5 novembre 1978, à 12 heures tapantes. 38 pionniers (2 femmes) dont à peine un quart s’attaque à l’Atlantique sur un voilier de course. Parmi eux, figurent déjà certains de ceux qui marqueront à jamais l’Histoire du Rhum : Florence Arthaud, Philippe Poupon, Olivier de Kersauson, Bruno Peyron, Yves Le Cornec, Daniel Gilard, Marc Pajot ou Pierre Fehlmann. En France, cette première édition agit comme un révélateur pour la course au large qui se retrouve sur le devant de la scène médiatique. Le 16 novembre 1978, onze jours après le départ, elle est marquée par une actualité tragique : Manureva ne répond plus. Le skipper Alain Colas disparaîtra en mer. Ce drame qui marquera à jamais les marins, inspirera à Alain Chamfort l’une de ses plus célèbres chansons.

Birch pour 98 secondes

Le 28 novembre 1978, après 23 jours de course depuis le coup de canon donné en baie de Saint-Malo, Michel Malinovsky, sur son grand monocoque Kriter V, pointe son étrave en tête dans le canal des Saintes. A ses trousses, Olympus, un petit trimaran jaune mené par le Canadien Mike Birch. Dans les derniers milles, à quelques encablures de l’arrivée, ce dernier grappille mètre après mètre jusqu’à dépasser celui dont on pensait qu’il avait alors course gagnée. Un finish inaugural qui marquera à jamais la course et une victoire pour 98 secondes passée à la postérité.

Sur les 38 concurrents au départ, 25 termineront classés à l’arrivée à Pointe-à-Pitre, accueillis avec tous les honneurs dans la Marina du Bas du Fort inaugurée pour l’occasion. 40 ans plus tard, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe unit pour toujours Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, la Bretagne à la Guadeloupe, le Rhum aux marins…

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