L’étau se resserre…
À moins de 24 heures de l’arrivée des premiers concurrents, le dénouement de cette neuvième étape reste plus incertain que jamais, avec le duo néerlandais qui se tient dans moins d’un mille, et Dongfeng Race Team qui continue sa remontée infernale et ne pointe qu’à 12 milles des deux premiers !
On prend les mêmes, et on recommence ?! Potentiellement… Au fur et à mesure que le grand final de cette neuvième étape approche, les souvenirs de l’arrivée à Newport le 8 mai dernier refont surface dans les mémoires des spectateurs, mais également des marins qui bataillent comme jamais sur l’eau, pour tenter de remporter cette étape ô combien importante, voire décisive !
« Nous avons vu des arrivées très serrées dans le passé, » affirmait la néerlandaise Carolijn Brouwer ce matin. « Nous venons d’en vivre une à Newport, et on va probablement en avoir une autre à Cardiff. Le destin n’était pas avec nous à Newport, espérons qu’il le sera cette fois-ci – On n’abandonne jamais ! »
En plus des vents légers d’ores et déjà annoncés à l’approche de la capitale galloise, une autre composante tout aussi déterminante va rentrer en jeu : La marée.
Et pour éclairer notre lanterne, Conrad Colman entre en scène.
Le canal de Bristol est un entonnoir orienté plein Ouest, qui donne lieu à des marées parmi les plus importantes au monde qui entraînent un courant pouvant atteindre 6 noeuds !
Lorsque la marée est de la partie, le timing est l’élément clé. Le courant (entrant ou sortant du canal) change de direction deux fois par jour – il peut soit pousser les bateaux vers la ligne d’arrivée, ou bien complètement leur bloquer la route.
Les équipages pourraient se voir obligés de mettre l’ancre si le vent est trop léger, afin de conserver leurs positions, et ne pas dériver, si jamais la vitesse du courant sortant est supérieur à la vitesse pure des bateaux.
Selon les dernières prévisions et les routages, il semblerait que Dongfeng Race Team et Vestas 11th Hour Racing puissent refaire leur retard sur la paire néerlandaise composée d’AkzoNobel et Brunel. Les bateaux devraient pointer vers Pembrokeshire, situé à la pointe Nord du canal de Bristol, afin d’optimiser leurs vitesses dans le vent léger. Ils navigueront probablement contre le courant à l’approche du canal, ce qui nous promet une compression encore plus importante entre les concurrents.
La marée basse étant prévue à 01h39 cette nuit, on pourrait assister à un énième final digne d’un thriller, avec les navigateurs en tête d’affiche ! En plus de garder un oeil sur le vent, il leur faudra également bien se positionner en fonction des bancs de sable, afin d’avoir la plus grande profondeur sous les coques de carbone de leurs Volvo Ocean 65, afin de bénéficier d’un courant plus fort.
Naviguer au près, avec un coup de pouce de la marée va augmenter la vitesse du vent apparent, ce qui nous évitera de voir des bateaux à la dérive, style arrivée à Newport.
Si MAPFRE et Turn the Tide on Plastic ne sont pas assez rapides pour prendre le train de la marée montante (la marée haute étant à 07h39 demain matin), ils pourraient se retrouver bloqués à l’entrée du canal, à contre courant. Le scénario catastrophe est donc envisageable pour eux, puisque les vents de Nord-Ouest seront perturbés par les collines le long de la côte Sud du canal, les obligeant à enchaîner les virements, contre 4 à 5 noeuds de courant inverse.
A bord du bateau espagnol de MAPFRE, l’heure n’est pas à la fête, et une nouvelle remontada comme celle de Newport semble quasi impossible à présent. Blair Tuke, un autre Kiwi tout aussi talentueux sur l’eau, mais pas encore bilingue en français affirmait ce matin : « Malheureusement nous ne sommes pas en bonne position… Cinquième à l’heure actuelle. Vestas 11th Hour Racing est à environ 30 milles devant, et le reste est encore plus loin. On espère une nouvelle compression, mais ça n’a pas l’air d’être le cas… puisque le vent va être léger, mais pas assez pour stopper les premiers. »
« Ça va etre difficile pour nous de rattraper les bateaux de têtes. Turn the Tide on Plastic est à 24 milles derrière nous… Donc nous allons continuer de pousser jusqu’à la fin sans abandonner. »
La voile reste l’un des sports les plus incertains qu’il soit, et les dés sont loins d’être jetés… Bien que mère nature soit aux manettes, un retour des Espagnols semble très incertain, ce qui aurait un impact considérable au classement général. Les hommes et femmes de Xabi Fernández pourrait y perdre gros sur ce coup là. En parlant de dés, ils pourraient être relancés à l’issue de cette neuvième étape transatlantique !