Le Sud prend l’avantage
Comme on pouvait s’y attendre au vu des prévisions météo, la flotte de la Volvo Ocean Race s’est scindée en deux groupes distincts lundi, entre les partisans d’une route nord, dont les inséparables MAPFRE et Dongfeng Race Team, et ceux qui ont misé sur le sud, emmenés par Team Brunel. Et pour l’instant, ce sont ces derniers qui font la course en tête.
Il fallait faire un choix et c’est Dongfeng Race Team, en tête de la flotte dans la nuit de dimanche à lundi, qui a « optionné » le premier en empannant lundi matin vers l’est-nord-est afin de se rapprocher de la route directe vers Cardiff, bientôt suivi par MAPFRE, qui a logiquement choisi une stratégie de marquage de son principal rival au classement général, et par Turn the Tide on Plastic, revenu mardi au contact de Dongfeng. De leur côté, Team Brunel, Vestas 11th Hour Racing, team AkzoNobel et Sun Hung Kai/Scallywag ont fait le choix inverse de continuer leur progression vers le sud-est pour profiter le plus longtemps possible d’un front d’ouest synonyme de haute vitesse et de milles gagnés.
Deux stratégies différentes donc et désormais environ 250 milles d’écart de latéral entre les deux groupes avec avantage pour l’instant aux Sudistes qui, mardi matin, progressaient à une bonne vingtaine de nœuds, là où leurs rivaux du Nord allaient deux fois moins vite, empêtrés dans des vents bien mollassons. Cet avantage va-t-il durer ? C’est forcément la question que se posent les sept navigateurs-trices qui se creusent les méninges pour savoir qui, d’ici la fin de semaine, va tirer le gros lot. La situation météo, assez complexe, rend en tout cas tous les scénarios possibles, avec sans doute un retournement de tendance, d’ici mercredi-jeudi.
« Comme attendu, il y a eu une grosse séparation de la flotte, ça va être intéressant de voir qui va sortir premier d’ici cinq jours, a ainsi commenté sur son blog quotidien Bouwe Bekking, skipper de Team Brunel. Nous avons choisi la route sud et nous avons réussi à rester devant le front, nous avons même plus de vent que les prévisions nous en donnaient. Ce qui est agréable en plus, c’est qu’il fait chaud, la température de l’eau est supérieure à 24°C. Les bateaux du nord suivent une route plus courte, ils devraient affronter des vents plus légers lors des 24 prochaines heures, mais devraient bénéficier d’un meilleur courant du Gulf Stream. Sur le dernier relevé, ils avaient 6 nœuds de vent, contre 25 pour nous, ce sont sûrement des moments stressants pour eux, mais sur le long terme, je pense qu’ils auront raison, parce que nous allons à notre tour être confrontés à des vents plus légers, nous allons même devoir virer demain ».
Pessimiste le Néerlandais ? Sans doute pas, l’intéressé, du haut de ses sept Volvo Ocean Race, affiche plutôt son habituel détachement face aux circonstances, qu’elles soient positives ou négatives, détachement que n’ont peut-être pas en ce moment tous ses concurrents, notamment ceux de Dongfeng Race Team et de MAPFRE, bien conscients de jouer très gros sur cette étape qui compte double. A bord du Volvo Ocean 65 battant pavillon chinois, qui a réussi à se faire un intéressant matelas d’environ 25 milles d’avance sur son rival espagnol, le navigateur Pascal Bidégorry, malgré une progression plus lente mardi que celle des Sudistes, tente tout de même de relativiser : « Je ne veux pas changer ma façon de naviguer parce que c’est une étape qui compte double. Le but est de faire du mieux possible, nous pouvons trouver une route différente pour rallier Cardiff ». Toutes les routes mèneront effectivement les 64 marins partis dimanche de Newport au Pays de Galles, reste à savoir dans quel ordre ils y arriveront…