À une quarantaine de milles du cap Ortegal, les dix-neuf duos ont eu une deuxième nuit plutôt active avec une brise de secteur Est encore très instable. Mais à l’approche des côtes espagnoles, la situation devrait se clarifier et le lever du jour proposer une légère accélération jusqu’au cap Finisterre programmé pour ce mardi soir…

Il a fallu être dessus toute la journée et la nuit n’a pas été des plus simples : après les empannages de recalage dans une brise de Nord tournant à l’Est dans la journée, échapper aux calmes de la dorsale était la priorité. Désormais, c’est l’atterrissage sur la péninsule ibérique qui occupe les têtes des stratèges pour toucher au plus vite un vent plus stable qui va progressivement suivre le dessin de la côte, passant au Nord-Est puis au Nord en forcissant. Il faut donc s’attendre à ce que toute la flotte glisse le long du cap Ortegal, puis passe devant la rade de La Corogne, toujours sous spinnaker, et laisse le Dispositif de Séparation de Trafic (DST) du cap Finisterre à sa droite. Cette zone est en effet interdite à la navigation des Figaro Bénéteau 2 pour ne pas risquer de perturber les rails de cargos.

Une hiérarchie se construit

Évidemment, les 250 milles parcourus depuis le départ de Concarneau ont étiré le peloton qui s’étale ce mardi matin sur plus de 45 milles entre les leaders, Sébastien Simon & Morgan Lagravière (Bretagne CMB Performance) et Mathieu Claveau & Pierre Loulier (Les Frigos Solidaires) qui ont tenté une voie orientale qui n’a pas porté ses fruits. De fait, l’option de se positionner le plus à l’Ouest possible dès la marque Jaune des Glénan a payé : un trio de duos a fait le break avec derrière les premiers, Adrien Hardy & Thomas Ruyant (Agir Recouvrement) et Gildas Mahé & Nicolas Troussel (Breizh Cola). Or ce delta devrait grossir au fil des heures dès le lever du jour car la brise va prendre des tours par l’avant et l’entonnoir hispanique va provoquer un alignement des monotypes qui établira alors une hiérarchie plus stricte.

Pour autant, cette première phase dans le golfe de Gascogne n’est qu’un hors-d’œuvre ! La difficulté à suivre sera la négociation de ce renforcement jusqu’à trente nœuds et plus le long des côtes espagnoles, puis portugaises : les coureurs s’attendent à subir cette accélération pendant une journée et demie, voire plus… Il s’agira alors de savoir doser vitesse et précipitation entre une descente sous spinnaker lourd sans partir au tas et une glissade plus sécurisante mais moins productive. Or si gérer la forte brise et la grande houle de Nord reste plus facile de jour lorsque les grains sont visibles, le dossier est plus aléatoire lorsque la nuit tombe car la lune est encore bien maigre ces prochains jours. La troisième nuit en mer s’annonce chaude !

Ils ont dit

Corentin Douguet (NF Habitat)

« La nuit a été plutôt bonne. Nous avons bien navigué et il y avait de belles conditions. Le vent a été très instable hier en début d’après-midi et même maintenant, il y a encore beaucoup de variations. En ce moment, c’est en train de rentrer un peu plus fort mais ce n’est pas la tempête non plus : il n’y a que quatorze nœuds. Nous nous préparons à passer une bonne journée dans du vent médium. Nous allons en profiter car après le cap Finisterre, ça va être différent. Nous devrions le passer plutôt en fin de journée. Les trois premiers bateaux sont bien partis. Nous avons eu un passage très mou qu’ils n’ont pas eu. On va essayer de combler l’écart. A bord, tout va bien, on a réussi à trouver un rythme qui nous convient. »

Justine Mettraux (Teamwork)

« Cette nuit, le vent a été très changeant en force et direction. Cela nous a obligé à être toujours sur les réglages. Les conditions vont changer petit à petit dans la journée, puis on va avoir du vent fort le long des côtes du Portugal. La nuit est assez noire, mais les dauphins sont avec nous… »

Romain Attanasio (Bretagne CMB Espoir)

« Ce n’est pas très facile car nous sommes dans du vent très changeant. Nous galérons à avancer et on ne voit pas encore la côte. Nous avons les Macarons French Pastries et les jeunes Concarnois à côté de nous. Nous sommes un petit groupe. On pensait que ce serait bien de retoucher du vent sous la dorsale. Devant, le paquet qui est allé un peu plus tout droit, va plus vite que nous. Les conditions sont agréables : il fait beau et nous sommes au portant. La mer est plutôt calme mais nous avons du mal à faire avancer le bateau car nous ne parvenons pas à trouver le vent établi. On se relaie toutes les deux heures à la barre mais barrer de nuit avec le spi, ce n’est pas facile car on ne voit pas grand-chose. On commence à prendre notre rythme à bord du bateau… »

CLASSEMENT du lundi 24 avril à 5H

  1.  Bretagne – CMB Performance (Sébastien Simon / Morgan Lagravière) à 3609,43 milles de l’arrivée
  2. AGIR Recouvrement (Adrien Hardy / Thomas Ruyant) à 3,74 milles du premier
  3. Breizh Cola (Gildas Mahé / Nicolas Troussel) à 3,99 milles
  4. Sateco-Team Vendée Formation (Benjamin Dutreux / Frederic Denis) à 8,81 milles
  5. NF Habitat (Corentin Douguet / Christian Ponthieu) à 9,65 milles

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