Alors que c’est désormais dans moins de trois jours que sera donné le coup d’envoi de la première édition des 1000 Milles des Sables, les deux Multi50 et les 14 Class40 en lice sont à présent tous amarrés au ponton Vendée Globe, à Port Olona. Ainsi, tandis que les contrôles de jauge et de sécurité ont débuté, les solitaires s’affairent à régler les derniers détails et commencent à décortiquer les fichiers météo du parcours (1000 milles entre les Sables d’Olonne et le célèbre phare du Fastnet, au sud de l’Irlande). Pour chacun d’entre eux, les enjeux sont de taille car non seulement il s’agit de décrocher sa qualification pour la fameuse Route du Rhum – Destination Guadeloupe, mais aussi de prendre des marques en solo.

Cette fois, ça y est : tous les bateaux de la première édition des 1000 Milles des Sables sont à poste aux Sables d’Olonne. Les deux Multi50, Réauté Chocolat d’Armel Tripon et Solidaire en Peloton – ARSEP de Thibaut Vauchel-Camus, qui manquaient encore à l’appel hier soir, sont, en effet, arrivés aux environs de 7 heures ce vendredi avant d’être rejoints, en milieu d’après-midi, par le Class40 Tales II de Loïc Féquet. « Le convoyage s’est beaucoup fait au moteur mais il y a quand même eu des petites phases bien sympas sous voiles. Quand on navigue sur ce genre de bateau, on se prend au jeu. C’est vraiment génial », a commenté Thibaut Vauchel-Camus dont la nouvelle monture – un plan VPLP construit au chantier ENATA à Dubaï et mis à l’eau le 20 janvier dernier -, s’apprête à faire ses premiers milles en course. « Dans ce contexte, il y a à la fois de la motivation et de l’excitation. C’est vraiment bien de s’imposer une dead-line pour aller au charbon assez tôt dans la saison. Bien sûr, il y a encore beaucoup de boulot à fournir mais je suis bien entouré et je pars sereinement », explique le Malouin qui espère décrocher sa qualification pour la Route du Rhum, avoir l’opportunité de faire quelques speed-tests avec son adversaire mais aussi prendre ses marques en solo. « En Multi50, la façon de naviguer est nettement plus raisonnée qu’en Class40 », note le marin, deuxième de la dernière édition de la Route du Rhum en 40 pieds. Chose que pourrait confirmer Loïc Féquet qui, pour sa part, régate aujourd’hui en Class40 après avoir brillé pendant plusieurs saisons sur le circuit des Multi50. « Pour l’heure, je n’ai effectué que le convoyage entre Saint-Malo et Les Sables. Je ne connais donc pas encore le bateau mais cette 1000 Milles des Sables va être une occasion parfaite de le prendre en main », relate le skipper qui s’annonce être un concurrent redoutable malgré son manque d’expérience sur le support, d’autant que sa machine n’est autre que l’ancien Tales II de Gonzalo Botin. « Le bateau est fabuleux », admet Loïc qui a tout de même tenu à le mettre à sa main en modifiant légèrement les placements des ballasts et des batteries ainsi que le piano. « L’idée, c’était surtout de ne pas le dénaturer », précise le Malouin qui s’attend à une belle bagarre ces prochains jours, entre les Sables et le Fastnet. Et pour cause, plusieurs pointures de la série sont présentes, à commencer par Phil Sharp (Imerys Clean Energy), Louis Duc (Carac) ou encore Maxime Sorel (V&B) et Aymeric Chappellier (AINA Enfance et Avenir) respectivement premier et deuxième de la dernière Transat Jacques Vabre. « Plus de la moitié de la flotte peut prétendre à la victoire. C’est aussi simple que ça », commente Louis Duc, impatient de découvrir ce dont sont capables des marins tels que Luke Berry (Lamotte – Module Création), 2e de la Mini Transat 2015 en Proto, Sébastien Marsset (Campings Tohapi) que l’on a notamment vu sur la Volvo Ocean Race mais aussi Sam Goodchild (All in for the Rhum) qui fait son arrivée dans la classe après un détour par le Maxi et de nombreuses années sur le circuit exigeant des Figaro Bénéteau. « Ca va être super intéressant sportivement parlant », promet le skipper de Carac qui, comme la majorité des marins présents sur les 1000 Milles des Sables, ne cache pas sa satisfaction d’avoir la possibilité de rentrer d’ores et déjà dans une partie du sujet de ce qui l’attend en novembre prochain. Pour tous, le rendez-vous est pris, lundi à 14 heures.

Ils ont dit :

Armel Tripon, skipper de Réauté Chocolat (Multi50) :

« C’est la première course de l’année et ma première course en solitaire sur Réauté Chocolat qui plus est. Ainsi, le ton est donné en cette année de Route du Rhum. C’est plutôt pas mal de rentrer vite dans le vif du sujet et de commencer à prendre ses repères. Voir ce qu’est le multicoque en solitaire. Pour moi, c’est vraiment une découverte. J’ai vu l’année dernière en double et en équipage ce que ça donnait. Là, c’est encore une autre phase du jeu. C’est assez excitant. La météo est avec nous parce qu’il n’y a, a priori, pas de phénomènes dangereux et pas trop de mer non plus. C’est assez sympa de pouvoir démarrer en douceur. Moi, en tous les cas, ça me va bien. Cet hiver on a fait pas mal de modifs mais comme on a remis à l’eau début mars, elles sont déjà validées. Le plan, c’est, un, d’engranger du mille, deux, de se qualifier et trois, de voir ce que donne le nouveau bateau de Thibaut Vauchel-Camus. Ça va être sympa. »

Louis Duc, skipper de Carac (Class40) :

« C’est la première course en solo avec le bateau que je vais faire. Je suis très content d’aborder l’objectif du départ (naviguer en solo) et de me rapprocher de la Route du Rhum. De naviguer en solo si tôt dans la saison, ça nous met directement dans le bain. Ça permet aussi de se dire que s’il y a des petits détails qui ne vont pas forcément, on a un peu de temps pour se remettre en route pour la Drheam Cup derrière. En attendant, sur cette 1000 Milles des Sables, le plateau est super top. On ne s’attendait pas forcément à ça au début mais au final, dans le lot il y a un paquet de vainqueurs potentiels de la Route du Rhum et c’est donc très intéressant sportivement parlant. On retrouve aussi plusieurs générations de bateaux et chacune d’entre elles a des points forts et des points faibles. Pour les gens qui vont être à terre, ça va être extrêmement intéressant à suivre et pour nous, sur l’eau, ça va être usant mais on va bien s’amuser, j’en suis persuadé. »

François Lassort, skipper Bijouteries Lassort – Tonton Louis (Class40) :

« Mon objectif 2018, c’est la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. On a changé de sponsor puis on a préparé le bateau histoire de le fiabiliser au maximum. Pour moi, les 1000 Milles des Sables, c’est une grande aventure car c’est ma première course en solo. C’est un super entraînement. Je vais pouvoir tester des réglages et surtout me qualifier pour le Rhum. Je vais donc y aller tranquillement. Prendre mon temps. Ce que je redoute le plus ? La gestion de la fatigue. Je ne suis pas encore super prêt physiquement alors on verra bien. Le but, c’est de ne rien casser et de finir la course. J’ai, je pense, le plus vieux bateau de la flotte donc je ne vise pas de classement particulier. »

Olivier Roussey, skipper de Obportus IV Gras Savoye Berger Simon (Class40) :

« En ce qui me concerne, je suis déjà qualifié pour la Route du Rhum depuis l’année dernière. Du coup, pour moi, il n’y a plus cet enjeu-là. Je pars ainsi sans pression. Il n’y aura que du plaisir et je vais pouvoir lâcher les chevaux. Je n’ai rien à perdre et tout à gagner. Le Fastnet, j’ai eu la chance d’y aller l’année dernière à l’occasion de la Fastnet Race après cinq tentatives. Je sais donc que c’est un petit rocher qui se mérite et j’espère bien y arriver encore cette fois ! Mes objectifs ? Fiabiliser le bateau, tester des nouvelles voiles et voir jusqu’où je peux aller. »

Sam Goodchild, skipper de All in for the Rhum (Class40) :

« J’ai mon bateau depuis trois semaines seulement et en plus de ça, je suis toujours à la recherche de partenaires pour la Route du Rhum. Dans ce contexte, j’ai du mal à aborder la course vraiment sereinement. Ce qui m’inquiète également un peu, c’est que c’est la première fois depuis 2014 que je vais refaire du solo. J’ai l’expérience du Figaro mais j’espère ne pas avoir tout oublié (rires) ! Je sais que le bateau va plutôt bien et que ça va être à moi de ne pas faire de bêtises. Le Class40 est un petit bateau, finalement, par rapport à ceux sur lesquels j’ai navigué ces trois dernières années. J’ai hâte de prendre le départ et de laisser toutes les contrariétés que je peux avoir en ce moment à terre »

Source

Articles connexes