A 80 jours du départ la pression monte pour les skippers
A 3 mois du départ des Sables d’Olonne, le 1er juillet, c’est maintenant une course contre la montre pour certains des 19 navigateurs qui préparent leurs bateaux, finalisent les essais sous gréement de fortune, et bouclent leur distance de qualification en solitaire, avant que la flotte ne se rassemble à Falmouth le 14 juin pour célébrer le 50e anniversaire du départ de Sir Robin Knox-Johnston lors de la première édition du Golden Globe du Sunday Times en 1968/69.
Pour l’Américain Carl Huber, qui a vendu sa maison et à peu près tout le reste pour concourir, le temps est déjà écoulé. Les dépassements de coûts dans la préparation de son Baba 35 Jamma Jeanne, l’ont contraint à se retirer dans l’espoir qu’il puisse revenir pour participer à la prochaine GGR en 2022. Huber venait juste de traverser le Pacifique à bord du célèbre maxi-yacht néo- zélandais Ceramco NZ, une expérience de près de 8 000 milles nautiques en navigation que chaque concurrent doit avoir à son actif, pour finalement constater que les coûts croissants impliqués dans la rénovation de Jamma Jeanne avait dépassé toutes les attentes. « Il m’a manqué peu de choses pour participer à l’événement, mais tout ne s’est pas déroulé dans les temps et je l’accepte maintenant avec beaucoup de regrets.» Il ajoute: « Je considère l’événement de 2018 comme unique et je continue à soutenir cette vision et la course. Je dois une énorme gratitude au fondateur, Don McIntyre, et à son équipe, et je serai de retour en 2022. »
« Suhaili 50 Falmouth Parade of Sail » – du 11 au 14 juin
Sir Robin Knox-Johnston est occupé à préparer son voilier Suhaili pour célébrer le 50e anniversaire de son départ de Falmouth en 1968 pour la Golden Globe Race, lors d’une célébration de 3 jours du 11 au 14 juin.
Joshua, le voilier du héros français Bernard Moitessier dans la même course, est un absent notable parmi les voiliers historiques attendus. Devenu monument historique national, ses déplacements sont strictement contrôlés et il n’est pas autorisé à naviguer en dehors des eaux françaises. Grande déception pour les ‘Amis de Joshua’, l’association qui entretient et continue de faire naviguer le voilier comme une pièce vivante du Musée maritime de La Rochelle – à tel point qu’ils viendront à bord de leurs bateaux personnels pour participer aux célébrations de toute façon.
Ce sera donc le Gipsy Moth IV de Sir Francis Chichester, qui prendra la place du Joshua aux côtés du Suhaili, à la tête de la Parade Nautique autour du port de Falmouth le jeudi 14 juin. Ce voilier avait prouvé pour la première fois à l’époque, que les petits bateaux pouvaient survivre dans l’Océan Austral. Chichester est devenu le premier marin à faire un tour du monde en solitaire avec une seule escale. Gipsy Moth sera en tête pour le départ du SITRaN Challenge, de Falmouth aux Sables d’Olonne, après la parade nautique. Nous retrouverons le Joshua sur le Village GGR et au départ de la course, aux Sables d’Olonne le 1er juillet.
Les nouvelles des skippers
Nabil Amra, Francesco Cappelletti, Gregor McGuckin, Tapio Lehtinen, Philippe Péché, Uku Randmaa et Igor Zaretsky doivent encore effectuer leur test de navigation de presque 10 milles autour d’un parcours triangulaire sous gréement de fortune. Nabil a encore une bonne distance à parcourir pour atteindre le minimum de 8 000 milles de navigation et 2 000 milles en solitaire, qualificatifs pour prendre le départ.
Bateaux en mouvement
Susie Goodall a remis à l’eau son Rustler 36 DHL Starlight en mars et a effectué son test sous gréement de fortune lors de son passage à Plymouth où un nouveau mât Selden a été posé, avant de partir pour Southampton où Goodall terminera ses préparatifs avant le départ.
Après avoir terminé les derniers essais sous gréement de fortune à bord de son voilier Thuriya, réplique du Suhaili, le concurrent indien Abhilash Tomy l’a fait embarquer par la route à Kochi à la fin du mois de mars et a pris la destination de Rotterdam. Tomy prévoit de le remettre à l’eau et de naviguer en Hollande vers la fin du mois d’avril et projette d’y baser ses derniers préparatifs.
Le skipper français Antoine Cousot a navigué la semaine dernière à bord de son Biscaye 36 « Métier Intérim » vers la vallée de la Loire et est remonté jusqu’à Nantes pour une cérémonie de baptême privé le 5 avril. Il planifie de continuer les essais en mer et de travailler sur le bateau pour un voyage en solitaire à travers la mer Celtique jusqu’à Cork et Dublin avant de retourner à Falmouth début juin pour la « Suhaili 50 Falmouth Parade of Sail » et le SITRaN Challenge, puis un retour aux Sables d’Olonne le 14 juin.
Le skipper britannique Ertan Beskardes est à mi-chemin d’un voyage en solitaire de la Méditerranée à Falmouth. Il a fait un arrêt à Gibraltar juste avant Pâques pour continuer les rénovations et améliorations de son Rustler 36 Lazy Otter.
« Beaucoup de problèmes sont dus à l’âge du voilier et à son manque d’utilisation », dit-il. L’étape difficile de la Sardaigne à Palma a mis en évidence plusieurs fuites à travers les trappes, les bouches d’aération et autour du moteur, qui ont maintenant été réparées. « J’ai également constaté quelques problèmes et quelques fuites, mais nous y avons remédié. Je suis très content du bateau et je commence à mieux le connaître chaque jour. »
Ertan prévoit d’arriver à Falmouth vers la fin d’avril.
Le tourdumondiste estonien Uku Randmaa est arrivé aux Sables d’Olonne le 9 avril pour une semaine d’essais avec son Rustler 36 One and All et pour vérifier les travaux effectués en son absence pour installer une cloison étanche. Il a également de nouvelles voiles à tester et un nouveau radeau à installer.
« J’ai été très occupé à valider mes licences radio et mes examens médicaux. Je n’avais pas réalisé à quel point la paperasserie était compliquée avant de naviguer autour du monde! J’espère passer encore une semaine sur le bateau en mai pour faire d’autres essais avant de revenir aux Sables d’Olonne en juin pour faire route vers le Royaume-Uni pour la “Suhaili 50th Falmouth Parade of Sail”. »
Le Tradewind 35 Sagarmatha de l’Australien Kevin Farebrother a été débarqué au Havre en mars. Il est arrivé aux Sables d’Olonne pour sa mise à l’eau et recevoir son mât. « J’ai prévu de préparer le bateau en avril pour pouvoir le tester en mai dans le Golf de Gascogne. J’ai planifié de recevoir mes vivres du Royaume-Uni afin de rendre visite à ma famille dans le Nord Est en avril ou mai. »
Yannick Moreau, Président Les Sables d’Olonne Agglomération :
» A 80 jours du départ, la pression monte pour les skippers. Les bateaux de Kevin Farebrother et d’Uku Randmaa, ont rejoint les Sables d’Olonne pour les tests et expertises. Côté terre, pas de temps à perdre non plus. Nous peaufinons les plans du village pour l’accueil du public à partir du 16 juin et nous affinons le programme d’animations pour que l’édition 2018 de la Golden Globe Race soit une fête populaire. »
Le vétéran français, Jean Luc Van Den Heede a encore du travail à faire pour terminer la préparation de son Rustler 36 « Matmut ». Et puisque la plupart du travail doit être fait à l’extérieur, le printemps pluvieux n’a pas été favorable. « Je préfère anticiper plutôt que d’improviser des réparations de fortune et prévoir une longue navigation pour tester le bateau avant le départ ». Le voilier sera baptisé durant une cérémonie publique à La Cité du Vin de Bordeaux le 28 avril, avant d’être ramené à quai pour une dernière couche d’antifouling en mai, puis le test final du bateau jusqu’à Falmouth début juin.
Philippe Péché a navigué sur son Rustler 36 PRB depuis sa mise à l’eau il y a un mois. Sa première navigation fût de La Trinité à Lorient en compagnie de Patrice Carpentier, directeur de course de la GGR, lorsque le temps froid du printemps a confirmé la nécessité d’installer un appareil de chauffage. Les premières tentatives pour compléter son test de navigation sous gréement de fortune ont été contrecarrées par un manque total de vent ce jour-là et il tentera de nouveau d’effectuer le test de navigation triangulaire de 10 milles . Le 7 avril, Péché a navigué en solo à La Rochelle pour remplacer le système d’autoguidage du voilier de 25 ans par une unité de fabrication française. Il peut se projeter vers Les Sables d’Olonne et profiter de toutes les occasions pour tester tous les nouveaux systèmes dans des conditions météorologiques difficiles dans le golfe de Gascogne.
L’australien Mark Sinclair a prévu de retrouver son Lello 34 Coconut fin avril. Le bateau est arrivé en mars au Royaume-Uni sur le même transporteur que celui qui a déposé le Tradewind 35 Sagarmatha de son camarade australien, Kevin Farebrother, au Havre. Mark sera basé à la Haven Marina de Plymouth durant mai afin de réaliser les derniers préparatifs avant de partir en mer pour rejoindre Falmouth et célébrer le 50ème anniversaire de Suhaili entre le 11 et 14 Juin
Les Sables d’Olonne – Vendée (France), un centre mondial pour la voile en solitaire
Bientôt mis à l’eau
La préparation du Tradewind 35 Puffin de l’américain Istvan Kopar a été retardée par 4 tempêtes de neige qui ont touché Oyster Bay à Long Island (New-York) au cours du mois dernier, mais il espère pouvoir effectuer son premier test dans l’océan aux Bermudes vers mi-avril.
« Mon programme est très chargé, nous nous équipons actuellement d’un générateur de vent et de panneaux solaires, et je travaille sur mes équipements de sécurité et mes approvisionnements ».
Istvan envisage de partir naviguer aux Bermudes accompagné de son manager d’équipe, Ian Gumprecht, afin de minimiser les risques pour ce premier essai au large à travers les courants du Golf Stream, avant de poursuivre la traversée de l’Atlantique vers Southampton où il récupéra de nouvelles voiles et finira de peaufiner les derniers détails.
Le skipper italien Francesco Cappelletti, a utilisé avec succès le financement participatif pour collecter des fonds , afin d’équiper son Endurance 35 «007» avec de nouveaux mât et gréement. Basé à Pise, le travail sur le bateau se poursuit avec une mise à l’eau prévue fin avril.
Le Néerlandais, Mark Slats, s’est maintenant complètement remis de son record transatlantique en décembre. Mark et son chef de projet, Dick Koopmans prévoient de terminer le rééquipement de son Rustler 36 « Maverick » et de le mettre à l’eau durant la dernière semaine d’avril, prêt à être gréé pour commencer les essais de navigation. « Nous avons terminé tous les travaux de renforcement et travaillons maintenant à fond pour être prêts pour le départ ».
Entre-temps, Mark a participé à une tournée de conférences en Hollande pour faire connaître la GGR, et cette semaine, il a une invitation à déjeuner avec le roi et la reine des Pays-Bas.
Le Palestinien Nabil Amra rapporte que le travail a maintenant repris à la Falmouth Boat Co pour terminer son Biscay 36 Elle May à temps pour son arrivée au Royaume-Uni le 21 avril. Il vient de démissionner de son poste de négociateur sur le Minnesota Stock exchange. Nabil a eu un dernier événement de collecte de fonds dans sa ville natale le 9 avril et après quelques soins dentaires de précaution, a l’intention de commencer les essais en mer, d’effectuer le test sous gréement de fortune et de compléter ses 2000 milles qualificatifs avant la Parade Nautique à Falmouth le 14 juin.
Are Wiig a hâte que la glace fonde. Le Norvégien a travaillé sur son OE 32 Olleanna à terre pendant les mois d’hiver et prévoit de partir d’Oslo sur l’étape de 900 milles jusqu’à Falmouth à la fin du mois de mai.
Le Finlandais Tapio Lehtinen attend lui aussi la fonte des glaces. Le travail sur son Gaia 36 Asteria est en voie d’achèvement au Nordic Refit Center à Larsmo. La coque a été démontée à l’intérieur et à l’extérieur et renforcée, l’intérieur et le pont ont été reconstruits, faisant de ce bateau au design vintage Sparkman&Stephens de 1965, un bateau aussi neuf que possible. Sa mise à l’eau est prévue au début du mois de mai et Tapio se servira du voyage jusqu’à Falmouth comme épreuve test.
Le skipper français Loic Lepage affirme que tout devrait être prêt pour remettre à l’eau son Nicholson 32, Laaland fin avril. « L’organisation de la course se passe bien. Je viens d’acheter de nouvelles voiles, des radeaux de sauvetage et des balises et je suis en train de rassembler des provisions pour la course. Je vais faire un test de navigation dans le golfe de Gascogne en mai et je prévois d’arriver à Falmouth vers le 8 juin. »
Le Russe Igor Zaretskiy est maintenant en phase finale de préparation de son Endurance 35 Esmeralda, prêt à être mis à l’eau à Alicante en Espagne cette semaine. Le porte-parole de l’équipe, Rasim Poloskin, explique: « La remise en état du bateau a pris du retard, mais finalement nous avons nos nouvelles voiles et le bateau a été réarrangé. Nous travaillons maintenant sur le système de gréement de fortune.
Igor prend maintenant un cours accéléré sur la communication haute fréquence et nos fans Facebook l’aident aussi. Ils ont déjà pris contact avec la communauté Ham radio “Terre & Mer” et essaient également d’organiser un réseau russe autour du Globe, car l’anglais d’Igor est toujours un problème. Nous travaillons également sur la façon d’obtenir un peu plus que de simples rapports météo et de positions pour leur audience.
Une fois lancé, Igor accomplira ses essais sous gréement de fortune puis naviguera d’Alicante aux Sables d’Olonne, et jusqu’à Falmouth pour la parade nautique des 50 ans du Suhaili.
Le britannique Robin Davie sait qu’il est dans une course contre la montre pour préparer son Rustler 36 « C’est la Vie », pour le 1er juillet. Il avait prévu d’arriver aux Sables d’Olonne début mars pour poser un mât de rechange acheté à Jean-Luc Van Den Heede, mais à l’approche de Pâques, il était encore à Falmouth, sous la poussière de fibre de verre, terminant activement les travaux de restauration de son voilier. « J’ai construit une niche en contreplaqué pour me protéger, mais je dois tout de même lui donner un revêtement en fibre de verre et la coller en place sur la trappe de descente, ainsi que finir la coque. Je dois maintenant le remettre à l’eau mi-avril, quoi qu’il arrive. »
Après avoir navigué sur plus de 2000 milles autour du Cap Horn aux îles Malouines pendant le BOC Challenge de 1994, Davie a été libéré du test qualificatif de distances de navigation, et a décidé de passer le reste du mois d’avril et de mai à naviguer dans le golfe de Gascogne pour être prêt pour le départ.