Jour de record
Ce mercredi, troisième jour de compétition de la 9e édition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille, les Maxi puis les Multicoques avaient rendez-vous pour le Richard Mille Record Trophy avec un objectif : réaliser le meilleur chrono possible sur un parcours de 49 milles entre les îles de Saint-Barth et Saint-Martin. Propulsés par un flux d’est soufflant entre 18 et 20 nœuds – jusqu’à 25-27 nœuds sous les grains -, ils ont avalé la distance à vitesse grand V, établissant ainsi de jolis temps de référence : 3 heures 01 minute et 58 secondes pour Rambler 88, le plan Juan Kouyoumdjian de George David chez les monocoques, et à peine 26 minutes de plus pour La French Tech Rennes St-Malo, le Multi50 du Cancalais Gilles Lamiré. De leur côté, les CSA 1, 2 et 3 ont enchaîné deux courses de douze milles sur le côté ouest de l’île, profitant, eux aussi, de très belles conditions pour régater… Et éprouver un maximum de plaisir en mer !
Richard Mille, maître du temps
Proposé pour la première fois cette année aux concurrents des classe les plus rapides, le Richard Mille Record Trophy a été lancé ce mercredi afin d’exploiter au mieux les bonnes conditions du jour. Ainsi, peu après 10 heures ce matin, les Maxi 1, les Maxi 2, les OMA et les IMHRR sont partis à l’assaut des 49 milles du parcours entre les îles de Saint-Barth et Tintamarre avec l’ambition d’établir le meilleur chrono possible. Sortant le grand jeu, Rambler 88 a, comme on pouvait s’y attendre pour cette édition, été le plus rapide sur la distance avec un temps de 3 heures 01 minute et 58 secondes, soit une vitesse moyenne de 16,02 nœuds. « Nous avons très bien navigué aujourd’hui. Le meilleur jour pour nous depuis le début de la compétition. Lundi et mardi, nous avons eu un peu de mal à trouver notre rythme. Et pour cause, sur des parcours plus courts, c’est un peu plus difficile pour nous », a commenté Brad Butterworth, tacticien du bord et quadruple vainqueur de l’America’s Cup (en 1995 et 2000 avec Team New-Zealand puis en 2003 et 2007 avec Alinghi). « Aujourd’hui, nous avons vraiment pu tirer toute la quintessence du bateau », a témoigné le navigateur Néo-Zélandais qui a réalisé des pointes de vitesse jusqu’à 30 nœuds. « Le bateau est vraiment fait pour ce type d’exercice et c’est d’autant plus vrai depuis les modifications que nous avons effectuées à bord cet hiver », a ajouté le marin. Info confirmée par le propriétaire du bateau, George David. « Nous avons porté le tirant d’eau de 5,94 m à 7 m et gagné 1,5 tonnes en déplacement. Rambler 88 est aujourd’hui plus léger et plus vivant. Il se lève aussi plus vite et est logiquement encore plus rapide qu’il ne l’était auparavant », a détaillé l’Américain, ravi d’avoir établi ce nouveau temps de référence mais aussi de remporter la manche du jour en temps compensé ce qui lui permet de resserrer l’écart, au général, avec Proteus de George Sakellaris. « Cela relance un peu les dés », se réjouit Butterworth qui a déjà inscrit son nom quatre fois au palmarès des Voiles de Saint-Barth, évidemment satisfait de remonter en deuxième position ce soir, profitant toutefois de l’abandon forcé de Sorcha, hier, à la suite de casses matérielles.
« Un vrai plus sur le plan sportif »
Chez les Multicoques, le meilleur temps a été réalisé par La French Tech Rennes St-Malo : 3 heures, 27 minutes et 24 secondes, soit une vitesse moyenne de 14,2 nœuds. « Nous sommes super contents. La course a été magnifique, avec des décors incroyables et des grains énormes que je n’imaginais pas. Le fait de courir contre des Maxi est quelque chose d’unique. En ce qui nous concerne, nous sommes arrivés en même temps que Sorcha au Pain de Sucre et c’était absolument magique », a déclaré Gilles Lamiré, le skipper du Multi50. « Remporter ce record est quelque chose de très valorisant pour nous. Je trouve que c’est une très bonne idée de l’avoir mis en place. Je pense que c’est le type de défi qui va attirer d’autres bateaux et notamment d’autres bateaux de course. Ça ajoute un vrai plus sur le plan sportif. C’est très stimulant », a ajouté le Cancalais, 3e de la Route du Rhum 2014.
Des conditions de rêve
Chez les CSA justement, cette journée de mercredi aura également tenu toutes ses promesses. Et pour cause, Luc Poupon, le Directeur de course, et Jean Coadou, le Président du comité de course, avaient choisi de leur proposer deux régates à suivre de douze milles chacune, dans l’ouest de l’île. « Quelle journée ! Nous avons vraiment apprécié le fait d’enchaîner plusieurs manches. On a vraiment navigué dans des conditions de rêve aujourd’hui ! C’était plus que bien ! », s’est réjoui Marc Emig, co-skipper de Crédit Mutuel – PTO, leader au classement des CSA 3. « Aujourd’hui nous avons terminé 2e et 1er et notre principal concurrent (Team Water Island World de Fritz Bus, ndlr) 1er et 2e, ce qui ne change donc rien au classement général où nous occupons toujours la première place ce soir. Le truc, c’est que nous sommes ex-aequo et qu’il va falloir réussir à se démarquer d’ici à la fin de la course », a ajouté le navigateur marseillais. Celui qui semble avoir trouvé la recette pour prendre la poudre d’escampette au général est indiscutablement Conviction, le TP52 mené par Steve Travis qui pointe désormais en tête chez les CSA 1 après avoir réalisé un sans-faute aujourd’hui. « Une fois encore, le départ a été primordial mais c’est surtout au bon plein que nous avons fait la différence », a assuré Frédéric Laffitte, le seul français du bord. « Au début, certains de nos concurrents se disaient que nous ne serions certainement pas compétitifs dans la mesure où nous régatons sur un bateau de location or il se trouve qu’à Seattle, où nous vivons tous, nous nous entraînons et nous régatons sur Smoke, un TP52 du même âge et du même architecte que celui sur lequel nous courons cette semaine. Nous connaissons donc bien les réglages », a terminé l’équipier qui espère continuer d’enfoncer le clou mais qui devra, pour cela, attendre vendredi. De fait, demain, l’ensemble des concurrents des Voiles de Saint-Barth Richard Mille profitera du traditionnel « Day-Off » au Nicky Beach.
A noter en bref :
- Chez les Maxi 2, Althane, le CNB 66 de Jean-Jacques Honoré a repris la course sans pour autant avoir complètement résolu ses problèmes d’hydraulique.
- Sept équipiers de la Bête – le 90 pieds contraint de renoncer à sa participation aux Voiles de Saint-Barth Richard Mille au dernier moment, la faute à la casse de son bout-dehors -, sont finalement arrivés à Gustavia ce mercredi par les airs afin de participer malgré tout à la course. Ils sont dispatchés sur différents bateaux engagés dans l’épreuve pendant que le reste du team est occupé à préparer le retour par cargo de leur monture entre Antigua et l’Italie.
Ils ont dit :
Thierry Fouchier, équipier d’Aragon (Maxi 2) :
« Joli parcours aujourd’hui. Nous sommes partis au près le long des falaises avant d’ouvrir les voiles et de filer en direction de Tintamarre au portant-reaching dans les vagues. C’est toujours sympa de naviguer dans ces conditions. Au plus fort, nous avons eu jusqu’à 25 nœuds dans un grain. On a pu atteindre toutes les marques quasiment en ligne droite. Ça a donc été une vraie course de vitesse. Que demander de mieux pour un record ? Evidemment, il faut avoir la bonne machine et Rambler 88 a pu pleinement s’exprimer. De notre côté, nous avons fait au mieux avec le bateau que nous avons. A bord, il y a un bon mix entre pros et amateurs et tout le monde est content surtout que la bagarre est vraiment sympa avec Windfall. Aujourd’hui, il a évidemment été plus rapide que nous au près, mais nous l’avons bien repris au reaching. Ce soir, nous sommes en tête au classement, mais à égalité avec lui. Le suspense reste entier ».
Louis-Christian Derussy, skipper de Kimbe Red ! :
« La journée a été très très sympa. On a eu deux beaux grains qui nous ont permis d’avoir beaucoup de vent et de profiter pleinement de la puissance du bateau (un Dufour 34 avec lequel il a participé à la dernière Transquadra en double avec son épouse Anne, ndlr). On est ici avec un équipage composé au pied levé puisque mon équipage habituel est à Marseille, au CNTL, mais on parvient à bien se défendre et aussi à prendre énormément de plaisir sur l’eau. Il y a notamment du beau combat entre les deux équipages locaux, Speedy Nemo et Maëlia Caisse d’Epargne Cepac Antilles, et nous. Ils sont fort sympathiques et ils nous accueillent à bras ouverts. Ces Voiles de Saint-Barth sont absolument tout ce qu’on aime ! »
Aymeric Arthaud, tacticien à bord d’Albator (CSA 1) :
« C’était vraiment sympa de faire deux manches aujourd’hui. Les parcours étaient relativement courts. Quasiment des parcours « banane », avec du près VMG et du portant VMG. Sur la première course, on a pris un bon départ et plutôt bien tactiqué au près. Avant le départ de la deuxième régate, comme le vent a légèrement faibli après le passage d’un grain, on a choisi de rentrer à terre chercher notre J2 et on a bien fait car on est reparti avec nettement moins de vent. Dans notre classe, il y a vraiment de la belle bagarre ! »
Peter Corr, skipper de Blitz (CSA 2) :
« Ça a été deux belles courses, en particulier la première que nous sommes contents d’avoir gagnée car notre rating est un peu dur et il ne nous facilite pas la tâche pour battre Ventarron à qui nous rendons deux minutes par mille. Nous préférons les petits parcours plutôt que les longs parcours côtiers et, en ce sens, c’était parfait pour nous aujourd’hui. Hier, ça a aussi été une très belle régate, mais plus difficile car assez brutale du côté nord de l’île à cause de l’état de la mer. J’adore venir aux Voiles de Saint-Barth chaque année. Avec ce bateau, c’est la troisième année que je viens et c’est toujours un plaisir pour mon équipage et moi d’être là. C’est une grande compétition. C’est la première fois que nous sommes deuxièmes après deux jours de course. Cela pimente un peu le jeu mais nous visons toujours la première place. »
Meg Reilly, co-propriétaire d’Hermes (CSA 1) :
« C’est la première fois que nous participons aux Voiles de Saint-Barth et notre équipage a été composé pour l’occasion seulement. De ce fait, chacun prend ses marques à bord petit à petit. Nous faisons du charter avec notre bateau ce qui permet d’avoir de nouveaux membres à bord à chaque nouvelle course. Dans ce contexte, ce qui nous importe, au-delà de la performance, c’est que tout le monde profite de l’expérience et passe du bon temps dans de bonnes conditions de sécurité. Nous sommes vraiment dans une classe difficile et ce n’est pas simple de tenir les premiers surtout que notre rating est un peu dur mais nous progressons petit à petit au fil des manches et ça c’est bien ».