Avantage MAPFRE dans « une étape d’anthologie »
Après presque six jours sur la septième étape de la Volvo Ocean Race, la flotte des sept Volvo Ocean 65 évolue désormais dans des conditions typiques du Grand Sud, à savoir grosse mer, froid et vents de plus en plus soutenus. Vendredi, au prix de nombreux empannages, l’équipage de MAPFRE s’est emparé des commandes de la course.
Cette fois, c’est bien le Grand Sud ! Après un début de septième étape rapide et humide, mais dans des conditions maniables, les choses sérieuses ont réellement débuté dans la nuit de jeudi à vendredi avec le passage express sur la flotte d’un front assez violent qui a entraîné derrière lui son lot de vents soutenus de sud-ouest, de houle impressionnante et surtout de froid, l’ennemi, avec l’humidité, des marins dans ces contrées.
« Ce sont les pires conditions dans le Sud : l’eau est froide, la nuit noire, l’air dense, il y a de plus en plus de vent et on est loin de tout en cas de problème », a ainsi commenté l’Anglo-Australien Jack Bouttell à bord de Dongfeng Race Team.
Dans ces conditions, les équipages font preuve d’une vigilance accrue lorsqu’il s’agit d’aller manœuvrer sur le pont : « Chacun à bord est dans un état d’esprit sensiblement différent quand il s’agit de manœuvrer parce que c’est plus dangereux. C’est très facile de se blesser, il faut vraiment faire attention à soi et être très conscient des risques. On essaie de faire notre travail le plus rapidement possible, mais il faut faire attention et le barreur essaie de prendre les vagues les moins grosses possible », poursuit Jack Bouttell, qui s’est lui-même blessé au bras alors qu’il se trouvait sur la bôme.
Stratégiquement, le jeu consiste pour l’instant à flirter avec la limite de la zone d’exclusion des glaces, cap à l’est, ce qui implique d’incessants réglages et beaucoup d’empannages pour tenter en permanence de naviguer avec le meilleur angle possible. A ce jeu-là, Mapfre s’est montré le plus costaud, enchaînant huit empannages en 24 heures entre jeudi et vendredi, plus que le reste de la flotte, une stratégie usante mais payante, puisque les hommes et femmes de Xabi Fernandez mènent la flotte ce vendredi. « Je pense que nous nous sommes plutôt bien positionnés, les plus au sud et les plus à l’est de la flotte. C’est bien d’être devant, même si ça reste très serré, on verra quelles seront les positions après la prochaine nuit », a commenté le skipper espagnol.
La régate reste en effet très serrée, avec six bateaux en 20 milles, seul Team Sun Hung Kai/Scallywag étant décroché, à près de 100 milles du leader vendredi après-midi. « Toute chance de s’émerveiller sur la solitude et les immenses étendues du Grand Sud ont été battues en brèche lorsque nous avons longé la limite des glaces, avec les deux bateaux rouges proches de nous, ça ressemble à une course dans le Solent dans l’un des endroits les plus reculés de la terre », s’en est amusé Simon Fisher, le navigateur britannique de Vestas 11th Hour Racing. Avant d’ajouter, à l’évocation des prochains jours qui s’annoncent très musclés, dans 35-40 nœuds de vent minimum : « Jusqu’ici les conditions ont été plutôt plaisantes, on avait l’impression d’être dans le warm up. Le passage du front la nuit dernière marque le début d’une série de dépressions qui vont nous propulser vers le Horn. Dans les jours qui viennent, nous allons rencontrer des conditions difficiles, de grosses mers avec beaucoup d’empannages à faire le long de la limite des glaces, il semble que nous soyons partis pour une semaine chargée ! ».
A bord de team AkzoNobel, Chris Nicholson a ajouté : « Notre objectif est de traverser cette zone en assurant notre sécurité, avec le bateau en un seul morceau. Ce n’est pas une mince affaire. Une semaine (au moins) dans 30 à 40 nœuds de vent dans le Grand Sud, c’est tout simplement énorme ! »
Pour favoriser le jeu stratégique et en raison des conditions particulièrement musclées attendues – mais également parce que le positionnement actuel des glaces le permet -, la direction de course a d’ailleurs annoncé aux équipages un abaissement plus sud de la zone d’exclusion, une nouvelle bien accueillie par Dee Caffari, skipper de Turn the Tide on Plastic : « Ça nous donne des options dans le gros temps qui nous attend, c’est une bonne chose ». Bref, à bord des sept Volvo Ocean 65, les 64 marins s’apprêtent à vivre le Grand Sud comme il est écrit dans les livres et raconté par les anciens, « ça va sûrement être une étape d’anthologie », conclut Charles Caudrelier, skipper de Dongfeng Race Team.