Ce jeudi, team AkzoNobel mène la charge plein Est, en route vers le Cap Horn, à environ une semaine de navigation sur l’horizon des sept équipages… Après une descente express plein sud, toute la flotte fait maintenant route vers le prochain point de passage, et pas des moindres… le Cap Horn à plus de 3000 milles de là. Les conditions rencontrées jusqu’à maintenant ont souvent été qualifiées comme ‘champagne sailing’ par les marins. Les conditions à venir lors des cinq prochains jours sont tout l’inverse, et promettent d’être extrêmes pour les 64 hommes et femmes embarqués au coeur de ces latitudes les plus australes.

Les cinq premiers au classement : team AkzoNobel, MAPFRE, Vestas 11th Hour Racing, Dongfeng Race Team et Team Brunel, naviguent quasiment tous à vue, ou au moins à l’AIS (Système d’Identification Automatique), puisque moins de 10 milles les séparaient à 14h00.

Avec des vents relativement constants, allant de 20 à 25 noeuds, et un ciel plutôt clément, il pourrait sembler difficile de croire que dans 24 heures, ce sera une toute autre histoire. Seules les températures reflètent pour le moment une navigation aussi Sud… elles ont bel et bien chuté, puisque l’eau n’est plus qu’à six degrés.

Charles Caudrelier nous l’annonce, et à moins de faire une route plus Nord (donc plus longue, synonyme de perte de terrain sur les concurrents), il va falloir affronter les cinquantièmes hurlants, et ce dès demain !

Sous 40 degrés, il n’y a plus de loi, mais sous 50 degrés, il n’y a plus Dieu

« Depuis deux jours on est sous un anticyclone, mer plate… Malheureusement ce ne sera pas le cas pour la suite. On va rentrer dans un couloir de cinq, six jours avec des conditions très musclées, plus de 35 noeuds, des moments avec 45 noeuds, peut-être 50. Une grosse mer, on attend jusqu’à 7, 10 mètres… pas une super météo… ça va sûrement être une étape d’anthologie. »

Tout est question de dosage dans la prise de risques qui attend la flotte. Naviguer plus Sud, dans des conditions extrêmes, ou remonter plus au Nord en optant pour une option moins périlleuse. L’expérience aura certainement son mot à dire dans le débat, tandis que la performance finale prendra le rôle de lobbyiste.

Chef de quart du bateau leader, Chris Nicholson, l’un des marins les plus expérimentés de la flotte, déclarait ce matin : « notre objectif à bord d’AkzoNobel est de traverser cette zone en assurant notre sécurité, avec le bateau en un seul morceau. Ce n’est pas une mince affaire. Une semaine (au moins) dans 30 à 40 noeuds de vent dans le grand sud est tout simplement massif ! C’est un effort massif ! »

En plus des marins, les Onboard Reporters doivent eux aussi mesurer les risques, tout en se plaçant au coeur de l’action pour capturer l’instant. Voici les mots de Martin Keruzoré, reçus cette nuit : « On va se faire bien déf**** dans quelques jours, en mode survie à mon avis… j’ai hâte de voir ça, j’espère que je vais pouvoir faire des images quand même. Pour l’instant ça va, j’emmagasine des forces et du courage. »

Il va en falloir !

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