C’est parti pour la grande course!
Après deux reports successifs (la faute à la force du vent d’abord, puis à l’état de la mer ensuite), le départ de la grande course de la 15e Solo Maître CoQ a pu être donné à l’horaire prévu, ce vendredi. En effet, à 13 heures précises, les 23 concurrents se sont élancés dans un flux de secteur sud-ouest d’une quinzaine de nœuds sur une mer cependant encore très formée. Si Pierre Rhimbault (Bretagne – CMB Espoir) a été le premier à couper la ligne, c’est Gildas Mahé (Breizh Cola) qui s’était installé aux commandes de la flotte au passage de la bouée de dégagement, entamant alors en tête la descente vers l’île de Ré, mais il y a fort à parier que différents leaders se succèdent régulièrement sur les 245 milles du parcours. Et pour cause, la météo risque de jouer les trouble-fêtes à de multiples reprises : grains mais aussi transitions et phases de molles étant au programme, notamment dans la journée de demain.
Si la météo a largement perturbé le programme de cette 15e édition de la Solo Maître CoQ depuis mercredi, cette fois ça y est, les Figaristes sont partis à l’assaut de la grande course de l’épreuve, une boucle de 335 milles que la direction de course a, rappelons-le, finalement réduit à 245 milles en raison de la modification de l’horaire de départ initialement prévu hier à 13 heures. « Nous avons pris une décision raisonnable car hier, les conditions de vent et de mer ne permettaient pas de lancer la course dans des conditions acceptables de sécurité. Aujourd’hui, nous avons pu les envoyer dans des conditions maniables, malgré quelques méchants passages de grains et une houle toujours importante », explique Denis Hugues.
Complications à venir
A 13 heures précises, les 23 solitaires en lice se sont donc élancés au large des Sables d’Olonne. Pierre Rhimbault, le skipper de Bretagne – CMB Espoir, positionné en bout de ligne, a pris le meilleur départ de la flotte. Reste qu’au passage de la bouée de dégagement, une demi-heure plus tard, Gildas Mahé (Breizh Cola) avait pris le commandement et c’est toujours lui qui menait les débats sur la route de l’île de Ré, en milieu d’après-midi. Le vainqueur de la course en 2012 jouait alors toutefois des coudes avec un autre ancien vainqueur de la Solo Maître CoQ, Anthony Marchand, décidemment très en forme cette semaine (il a terminé 3e de la petite course, mercredi, derrière Alexis Loison et Erwan Tabarly). « Les premiers sont attendus aux abords de Ré vers 18 heures ce soir. A partir de ce moment-là, le vent devrait mollir (entre 6 et 13 nœuds) puis tourner au sud, voire au sud-est. Les choses devraient néanmoins se corser à partir de demain, la faute à une grosse transition que les marins vont devoir gérer avec, à la clé, des vents instables autant que variables », ajoute le Directeur de course.
Un jeu grand ouvert
De fait, de grosses incertitudes demeurent quant à l’évolution du système dépressionnaire qui doit traverser la zone de course, ce samedi. La preuve, pour l’heure, les fichiers divergent, Arome voyant un retour du vent par l’est, CEP l’envisageant par le sud-ouest. Seul point sur lequel ils s’accordent : l’intensité. Reste que le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas franchement folichon, avec entre 5 et 10 nœuds annoncés, mais aussi de franches zones de pétole. « Aujourd’hui, les routages font passer les bateaux très à l’ouest, mais ça reste difficile de faire des plans sur la comète. Une chose est sûre cependant : les marins ne vont pas battre des records de vitesse sur la portion entre Ré et Belle-Ile », souligne Denis Hugues qui estime une arrivée du côté des Birvideaux demain en fin de soirée, puis une arrivée sur la ligne d’arrivée dimanche, entre 4 heures et 10 heures. Affaire à suivre donc.
Paroles de skippers
Gildas Mahé (Breizh Cola) :
« Ce qui nous attend est complètement différent de ce qu’on aurait eu si on était parti hier. Là, on part pour une régate de petit temps foireuse plutôt que pour une régate de brise. Il va cependant y avoir du jeu. De plus, il reste un peu de mer. Je pense que ça va être compliqué parce que dans deux mètres de creux avec cinq nœuds de vent, les voiles claquent beaucoup. Il n’empêche que ça va être super intéressant stratégiquement. Je suis content parce que j’ai justement des voiles à tester dans ce type de conditions. Ça être bien de voir ce que ça donne pour la suite. L’idée, c’est de bien marcher. De faire une belle perf. Je pense que le passage de l’île de Ré va être important. Il va se passer des trucs. Sur la remontée vers Belle-Ile, il va aussi y avoir du jeu. Les routages nous font aller très à l’ouest. Pour la redescente, ça reste très incertain, notamment au niveau de l’île d’Yeu. Ça va être long mais intéressant. »
Romain Baggio (Maison Meneau – Les Marins de la Lune) :
« J’aborde cette grande course assez sereinement même si, a priori, il va y avoir pas mal de zones de transitions assez difficiles à gérer. Ce sont ces périodes avec peu de vent qui risquent d’être le plus compliqué, entre l’île de Ré et Belle-Ile. Là, il devrait y avoir à la fois la possibilité de passer à l’extérieur et à l’intérieur, ce qui laisserait un champ d’action très large et qui ouvrirait donc le jeu en grand. Il faudra faire attention à ne pas se rater. En termes de résultat, je n’attends pas grand-chose sur cette Solo Maître CoQ. Je viens de recevoir le bateau et j’ai encore beaucoup à apprendre sur les réglages. Je vais justement pouvoir évaluer mes défauts et les points à corriger pour la suite. Je vais tout faire pour faire au mieux et j’espère ne rien casser cette fois (il avait cassé le support de l’une de ses barres de flèche, mercredi, avant le départ de la petite course, ndlr). »
Vincent Biarnès (Baie de St-Brieuc) :
« Les conditions sont correctes pour partir, même s’il y a encore de gros grains qui passent de temps en temps. Ça va être une course intéressante. Il y a une situation assez complexe, avec une dépression qui va nous passer sur le corps dans la première partie de la course. Tactiquement, on va avoir du mal à positionner exactement le centre de la dépression et il va falloir réussir à se placer correctement par rapport aux autres puis réussir à aller vite, comme toujours. Il va y avoir du jeu. Je pense que ça va être assez tordu et qu’il va y avoir plein de coups à faire. Sûrement beaucoup de manœuvres aussi parce que le vent va être très instable. Il faut s’attendre à affaler le spi, le renvoyer, remettre le génois… Ça va être dur physiquement et je pense qu’on va arriver bien fatigué dimanche. L’objectif, c’est le podium. »
Alan Roberts (Seacat Services) :
« Contrairement à si on était parti hier, là, on ne va pas avoir trop de vent. Ça va être très différent, mais malgré tout très intéressant, avec une phase de transition à gérer demain soir. Ça va être intéressant aussi avec la houle. Ça ne va pas être facile de faire avancer le bateau et ça va pimenter le jeu. Mon premier objectif, c’est de finir la course. Le deuxième c’est d’apprendre et le troisième c’est de me jauger face à la concurrence pour voir ce que je dois encore mettre en place pour la suite de la saison. Cette grande course est par ailleurs un très bon entraînement pour la dernière étape de la Solitaire à venir, qui se terminera à St Gilles-Croix-de-Vie. »
Joan Mulloy (Taste the Atlantic – A Seafood Journey) :
« Mercredi, pour la petite course, j’étais un peu stressée parce que je n’aime pas trop les régates in-shore. Je le suis aussi aujourd’hui pour cette grande course, mais un peu moins surtout que le vent a molli un peu. Ça me rassure. Hier, j’avoue que j’aurais trouvé ça vraiment chaud de prendre le départ, surtout que j’étais un peu fatiguée après la première course. Maintenant, je suis bien prête et j’ai hâte d’être au large. Cette Solo Maître CoQ est ma première course en solitaire en Figaro. Dans ce contexte, mon objectif premier, c’est de finir la course avec le bateau en bon état. J’espère aussi réussir à rester au contact des autres bizuths et de la flotte en général. »
Benjamin Dutreux (SATECO – Team Vendée Formation) :
« Ça va être hyper intéressant. C’est vrai qu’il y a pas mal d’incertitudes pour cette grande course et c’est génial, des plans comme ça, parce que ça permet de progresser énormément en météo. En ce qui me concerne, c’est justement un point sur lequel je dois avancer. Clairement, il va y avoir de quoi faire. Ça risque de mettre les nerfs à l’épreuve mais j’ai hâte de prendre ma revanche après la petite course. Je suis chaud ! »
Thomas Cardrin (Team Vendée Formation) :
« Je pars à l’attaque de ma première vraie grande course en Figaro. Je suis content parce que les conditions se sont nettement améliorées par rapport à ce qu’on aurait eu si on était parti hier. Là, ça va être beaucoup plus calme, avec pas mal de transitions. Je dirais que c’est un scénario plus adapté à un bizuth comme moi. Je vais pouvoir mener ma barque plus facilement, me concentrer sur les réglages… Je suis assez content et excité de partir. Pour moi, une belle course, ce serait de réussir à rester dans le paquet. J’espère aussi prendre des repères et faire une liste de travail précise pour les prochains entraînements afin de progresser encore et toujours en vue de la Solitaire du Figaro cet été. »
Xavier Macaire (Groupe SNEF) :
« Ce qui nous attend est assez compliqué. On n’a plus le problème du vent très fort mais on a celui des conditions aléatoires, avec un centre dépressionnaire qui se promène juste sur notre zone de course. Il va y avoir des choix à faire, entre naviguer au large ou naviguer à la côte. Je pense qu’il bien falloir s’adapter aux conditions de vent qu’on va rencontrer et essayer d’avoir du feeling au fur et à mesure de la course. Généralement, dans ce type de scénario très ouvert, je m’en sors assez bien. Maintenant, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On va voir ce que ça donne. Je vais essayer de me concentrer pour bien anticiper les choses et aussi pour avoir une bonne vitesse. »
Erwan Tabarly (Armor-Lux) :
» Cette fois, on y est ! J’ai hâte de me confronter aux autres, de voir où j’en suis au niveau vitesse, avec des bords un peu variés. Au final, on va avoir du vent assez léger, avec de la mer. Comme d’habitude, on va faire avec ce qu’il y a sur l’eau et essayer de s’en sortir au mieux. Le point clé de cette manche ? Une grosse transition qu’il va falloir négocier dans de la pétole. Je pense que ce sera ce qui pourra faire le plus mal et créer beaucoup d’écarts. Le tour de Belle-Ile ne sera pas simple non plus. Il n’y aura pas beaucoup de vent. Je pense que la mer va aussi nous gêner beaucoup. Ce ne sera pas évident de faire avancer le bateau. Moi j’y vais pour remporter la manche, tout simplement. Je sais que je ne suis pas le seul à avoir cet objectif et que dans lap étole, on peut vite faire une contre-performance mais l’idée c’est quand même d’arriver le premier aux Sables d’Olonne, dimanche. «
Ordre de passage à la bouée de dégagement :
- Gildas Mahé (Breizh Cola)
- Anthony Marchand (Groupe Royer – Secours Populaire)
- Damien Cloarec (Saferail)
- Ronan Treussart (Les Perles de Saint-Barth)
- Xavier Macaire (Groupe SNEF)
- Vincent Biarnès (Baie de St Brieuc)
- Hugh Brayshaw (Kamat)
- Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM – CS)
- Charlie Dalin (Skipper Macif 2015)
- Pierre Rhimbault (Bretagne – CMB Espoir)
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