Après bientôt deux semaines de mer sur la sixième étape de la Volvo Ocean Race entre Hong Kong et Auckland, la flotte est scindée en trois paires distinctes, avec en tête le duo composé de Team Sun Hung Kai/Scallywag et Team AkzoNobel et des écarts qui se creusent et se réduisent au gré des caprices d’Eole. A l’approche du Vanuatu, le vent est d’ailleurs de nouveaux aux abonnés absents, rendant le jeu toujours très ouvert, comme l’explique Christian Dumard, prévisionniste météo de la course…

Après avoir négocié en fin de semaine dernière un Pot-au-Noir qui a créé de gros écarts avant que ceux-ci ne se réduisent au passage des îles Salomon, les six VO65 engagés sur la sixième étape de la Volvo Ocean Race ont le droit ce mardi à un nouveau gros coup de frein sous la forme d’une vaste zone sans vent synonyme de progression à très petite vitesse vers le sud (de 1 à 5-6 nœuds mardi matin). « Il y a très peu de gradient, cela s’explique par le passage d’un cyclone au sud de la Nouvelle-Calédonie (il arrive aujourd’hui sur le détroit de Cook, entre les deux îles de la Nouvelle-Zélande), dans la traînée duquel il n’y a pas de vent, juste quelques nœuds », explique Christian Dumard, prévisionniste météo de la course au sein de la société Great Circle.

 

Dans ces conditions, les équipages passent beaucoup de temps aux réglages pour grappiller le moindre dixième de nœud, tandis que les responsables de la navigation guettent le moindre nuage, susceptible de générer un peu d’air. « Dans le petit temps, on essaie de faire comme Scallywag, c’est-à-dire au plus court. Comme on ne peut pas se déplacer, on devient assez passif, l’objectif est alors de faire le moins de route possible. Après, il y a quand même des petits grains sous les nuages, il faut arriver à jouer avec », poursuit Christian Dumard. Ce mardi, c’était effectivement Team Sun Hung Kai/Scallywag qui occupait la position la plus enviable de la flotte, le plus au sud et le plus rapide, avec dans son sillage Team AkzoNobel et à environ 25-30 milles le duo Team Brunel-Turn the Tide on Plastic scotché à moins d’un nœud…

 

Situation difficile également en queue de flotte pour les deux leaders au classement général, MAPFRE et Dongfeng Race Team, eux aussi au ralenti et pointés à 100 milles de Team Sun Hung Kai/Scallywag. Deux rivaux qui, depuis le départ de l’étape le 7 février, ne se sont pas lâchés d’une semelle, lancés dans une stratégie de marquage qui a pris le dessus sur le résultat de l’étape en lui-même. « C’est sûr qu’avec Vestas 11th Hour Racing qui n’est plus dans le jeu, ils ont un peu de marge au classement général, mais à force de se regarder, ils en ont un peu oublié la course et le reste de la flotte. S’ils font trop d’étapes comme celle-ci, ça va devenir compliqué », analyse Christian Dumard. Ce dernier estime par ailleurs qu’ils n’ont guère été servis par un début de course qui avantageait les plus lents : « Scallywag et AkzoNobel sont partis un peu tôt vers le nord, du coup, ils ont perdu beaucoup. Mais une fois derrière, c’était clair qu’il fallait faire la route la plus courte, ce qu’ils ont fait et leur a permis de passer devant. Pour les premiers, dans l’absolu, il aurait fallu ralentir, mais ce n’est pas évident : déjà, parce que les routages poussent toujours à aller le plus vite possible, ensuite, parce que se dire qu’il faut ralentir pour faire une route plus courte après, c’est facile à dire quand on est terre, mais très compliqué à faire quand on est en mer… ».

 

Reste que de plus de 200 milles, leur retard sur la tête de la flotte a été réduit de moitié et que même si l’élastique pourrait se retendre ce mardi, l’étape est encore loin d’être jouée à en croire le spécialiste français du routage météo : « Ils vont passer toute la journée de mardi dans cette zone sans vent, ça va ensuite progressivement rentrer par le sud quand ils vont arriver à la latitude du Vanuatu. Ce sera d’abord de l’est sud-est, puis, à partir de jeudi, on revient dans une situation d’alizé de sud-est plus classique, pas très violent au début, 5-12 nœuds, puis de plus en plus fort. A partir du dimanche 25, une dépression va faire basculer le vent au nord sur la fin du parcours, avec des zones de transition à négocier entre l’alizé et ce vent de nord, il y aura donc encore du jeu et du placement à faire ». Bref, même si le duo de tête a indéniablement marqué des points, de nouveaux rebondissements ne sont pas à exclure d’ici l’arrivée à Auckland, prévue aux alentours du 27 février, ce qui ferait de cette étape la plus longue depuis le coup d’envoi de cette 13e Volvo Ocean Race.

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