AkzoNobel, l’échappée belle
Comme lors de la quatrième étape, le Pot-au-Noir s’avère encore décisif pour la flotte engagée sur la sixième étape de la Volvo Ocean Race : grâce à son positionnement plus à l’ouest décidé très tôt, AkzoNobel est en train ce vendredi de s’en extraire le premier et de creuser un écart conséquent sur la plupart de ses poursuivants, empêtrés dans une zone orageuse dont ils peinent à trouver la sortie.
Le salut est au sud-ouest ! Après quasiment dix jours de course, la sixième étape de la Volvo Ocean Race vit en cette fin de semaine un deuxième tournant, une nouvelle fois favorable à team AkzoNobel et, à un degré moindre, à Team Sun Hung/Kai Scallywag. Il y a une semaine, les deux bateaux choisissaient peu après le passage au sud de Taïwan de se démarquer du reste de la flotte en choisissant une option au nord, à plus de 90 degrés de la route directe, qui, après leur avoir fait perdre pas mal de terrain, a fini par leur sourire, sous la forme d’une avance d’une quarantaine de milles sur les équipes ayant opté pour une route plus conservatrice, dont les deux leaders au général, MAPFRE et Dongfeng Race Team.
Restait à savoir si ce positionnement à l’ouest allait également s’avérer payant au moment d’aborder le Pot-au-Noir qui, depuis jeudi, se dresse sur la route des six Volvo Ocean 65 sous la forme d’une large bande latérale de vents faibles et variables. Ce vendredi après-midi, les faits semblent une nouvelle fois donner raison à l’équipage de Simeon Tienpont, parvenu dans l’après-midi à récupérer le premier un flux d’ouest et à sentir de nouveau de la pression dans ses voiles. Résultat : en une poignée d’heures, il avait repris plus de 30 milles à des concurrents qui se débattaient encore entre les nuages à essayer de chercher le moindre souffle pour faire route vers le sud. Et cet écart devrait encore croître, tant que ces derniers ne seront pas sortis du Pot-au-Noir !
« team AkzoNobel a repris les commandes, avec style ! Ils ont déjà franchi une bonne partie de la zone de transition dans leur traversée du Pot-au-Noir, alors que le reste de la flotte, est à la peine derrière… sans vent. Ce Pot-au-Noir du Pacifique est, comme on l’a vu lors de la quatrième étape, une affaire qui demande un peu plus de temps que son cousin de l’Atlantique… team AkzoNobel a clairement remporté la première bataille », commentait à la mi-journée l’un des @RaceExperts de la course, le Néo-Zélandais Conrad Colman.
Le seul à limiter la casse dans un premier temps devrait être Team Sun Hung/Kai Scallywag, encore plus à l’ouest que team AkzoNobel, un positionnement qui va lui permettre également de récupérer du vent avant les autres, avec cependant plus de terrain à couvrir pour descendre vers les îles Salomon. Du côté du groupe des quatre qui, depuis le départ, fait route commune, c’est Team Brunel qui s’en tire pour l’instant le mieux devant Turn the Tide on Plastic, mais les trajectoires suivies par les bateaux en disent beaucoup sur la difficulté de naviguer dans cette zone aléatoire où chaque nuage peut tour à tour se transformer en piège ou en sauveur, selon qu’il y a du vent, ou pas, au-dessous et derrière…
« Chaque relevé de position est désormais très important, nous sommes dans une zone de vent très changeante, donc c’est très important de savoir quel vent ont les autres bateaux, ça nous permet de comprendre ce qui se passe », confiait ainsi dans la matinée Nicolas Lunven, navigateur à bord de Turn the Tide on Plastic. Derrière, Dongfeng Race Team et MAPFRE, qui ne se sont quasiment pas quittés des yeux depuis le départ de Hong Kong, sont pour l’instant les grands perdants du Pot-au-Noir, obligés eux aussi de « tricoter » au milieu des nuages, avec l’angoisse de voir filer, impuissant, le rival. « Nous avons navigué dans une zone de transition et nous avons effectué de nombreux changements de voiles toute la nuit, expliquait vendredi matin le Néo-Zélandais du team espagnol, Louis Sinclair. Nous sommes parfois tombés dans des zones sans vent alors que les autres bateaux ont réussi à passer avec de la pression ».
Une situation difficile à vivre, mais que l’intéressé, qui a sans doute écouté les conseils avisés des marins expérimentés naviguant à ses côtés, tentait cependant de relativiser : « Nous travaillons dur pour revenir, il y aura encore beaucoup de transitions à venir et la route est encore longue jusqu’à Auckland, il ne faut pas trop s’emballer quand tu es devant ni trop se lamenter quand tu es derrière, il faut juste continuer à naviguer ». La Nouvelle-Zélande est effectivement encore une terre lointaine pour les six Volvo Ocean 65, qui ont à peine atteint la mi-course, ce qui promet sans doute de futurs nouveaux rebondissements et c’est pour ça que cette course est passionnante !