Stresser ou … pas
J – 2 … Ça frémit sur les pontons de la Transquadra – Martinique à Quinta do Lorde (Madère). Les grains commencent à s’espacer, mais le vent reste fort. Les bateaux sont sagement à quai, et ceux, encore au sec, ne vont pas tarder à s’amarrer à leurs côtés. Pour beaucoup de bizuths de la course, cette transat est aussi leur première traversée de l’Atlantique : les sourires sont là, mais pour certains, un stress, bien légitime, commence à pointer.
Les bras chargés de packs d’eau, un aérien à la main ou un sac à voile sous le bras, les quadrasailors arrivent au bout de leurs joblist. Demain, les plus prêts, ceux qui en ont besoin, profiteront d’une accalmie bienvenue pour aller enfin naviguer. Dans 24 heures, la pression encore relativement légère ce jeudi, aura monté d’un cran.
Tout prévoir, ne rien oublier : est-ce possible ?
Le stress vient essentiellement, logiquement, de la casse potentielle. La préparation, l’anticipation et bien sûr l’expérience sont les meilleurs remèdes à ces possibles maux techniques : les bizuths comme les skippers expérimentés en ont bien conscience.
Patrick Baggio, skipper de Vari, en double avec Yann Jestin : « C’est notre première transat, j’avoue que je pensais dormir un peu mieux en cette période de pré-départ (rires) ! En fait, c’est comme en avion : tu as une check-list, et il ne faut rien oublier. Le moindre grain de sable peut vite provoquer des soucis en chaîne. »
Paolo Mangione skipper de Blu, en double avec Jean-Philippe Germain : « Ce n’est pas tant la traversée qui m’inquiète, car, j’avoue que comme je ne connais pas, je ne me rends pas compte, mais je sais que ça va être bien… Le stress vient de la préparation : j’ai l’impression que nous ne serons jamais prêts ! Le temps se rétrécit… Mais c’est super ! C’est une aventure géniale ! »
Denis Jacob et Bertrand Daniels (Edm Service) : « Ca va, on arrive encore à dormir (rires) ! La priorité est d’éviter la casse, le pépin qui pourrait gâcher toute l’aventure… il faut que tout se passe bien. »
L’humour de l’expérience
Philippe Ribaud, skipper de Matmut ITS Groupe, avec cinq Transquadra à son actif, sourit… « On oublie toujours quelque chose, mais quoi ? Je le saurai quand je serai en mer ! »
Bernard Avril, équipier d’Alain Roland sur Tikocco 6, trois Transquadra dans son sillage, s’amuse : « Nous serons prêts lorsque nous arriverons aux Antilles ! »
Bref, la préparation technique, l’angoisse de la casse sont au cœur des préoccupations de tous, l’expérience permet juste de l’exprimer avec humour !
Des milles anti-stress
Certains bizuths de la Transquadra s’appuient sur un long parcours maritime et/ou de régatier. Leur regard sur leur futur grand saut dans l’Atlantique devient alors une « régate » de 2700 milles (5000 km).
Adrien Follin et Gilles Debard sur Give me Five, excellents régatiers, novices au large : « Nous n’avons pas de stress par rapport à la transat en elle-même. Nous sommes plutôt concentrés sur la stratégie. Les routes toutes droites, ce n’est pas trop notre truc, on préfère lorsqu’il y a des coups tactiques à jouer… »
Alexandre Ozon, skipper de Team 2 choc (vainqueur de l’étape Lorient-Madère en solitaire) : « Gamin, j’ai beaucoup navigué au large avec mes parents. Là, c’est ma première transat en solitaire, en course, je ne vais pas prendre de risques, mais je n’ai pas de pression par rapport à la traversée. »
Patrick Paris, équipier d’Hervé Bihan-Poudec sur Eureka : « Je suis à l’aise au large, je fais des transats régulièrement, je régate en baie, mais je n’ai jamais transaté en course : associer les deux, ça va être génial, c’est ce qui m’intéresse ! On prépare ça depuis 3 ans… Il n’y a plus qu’à se faire plaisir ! »
Traverser l’Atlantique n’est jamais anodin. Tout peut arriver, « on oublie toujours quelque chose, mais quoi ? »… Alors, la seule façon de le savoir, c’est d’y aller !
Le coup d’envoi de la Transquadra – Martinique sera donné ce samedi 10 février à 13h au large de la marina de Quinta do Lorde, à Madère. Les premiers concurrents sont attendus en Martinique autour du 22 – 23 février.