François Gabart attendu dimanche sur la ligne d’arrivée
La délivrance est proche pour François Gabart ! Sorti vendredi de l’ultime zone vraiment ventée de son tour du monde, le skipper du trimaran MACIF évolue désormais derrière une dorsale anticyclonique qui, comme lui, se déplace vers la Bretagne. Il devrait couper la ligne d’arrivée de son tour du monde en solitaire dimanche matin après environ 43 jours, nouveau record à la clé. Joint vendredi après-midi, François Gabart a évoqué son état d’esprit, si proche de la ligne…
AVANCE SUR LE RECORD DE THOMAS COVILLE (Sodebo Ultim)
2 691 MILLES
Comment se sont passées les dernières heures à bord de trimaran MACIF ?
François Gabart : « Jusqu’au milieu de la nuit dernière, j’étais sous J1 sur un bord bâbord amure plutôt rapide. Je suis ensuite arrivé dans un petit front chaud avec du vent d’ouest-nord-ouest avant, du vent de sud-est de l’autre côté. L’idée était de le traverser, mais au milieu, il n’y avait pas de vent, et comme ce front se déplaçait avec moi et pas très vite, la traversée a été assez fastidieuse, surtout qu’il y avait pas mal de mer de face. Le bateau tapait beaucoup et j’ai eu beaucoup de mal à avancer. J’ai finalement réussi à trouver une petite porte de sortie, je suis maintenant sous J1 et grand-voile haute dans des conditions assez agréables. »
La température commence-t-elle à fraîchir ?
François Gabart : « Oui, ça s’est refroidi dans l’après-midi d’hier. J’ai remis les bottes, les chaussettes et le bonnet, mais pour le moment, ça reste agréable, il fait 15 degrés, c’est la température idéale pour faire du bateau. »
Peux-tu nous expliquer ce qui t’attend pour la fin du tour du monde ?
François Gabart : « Je suis juste derrière une dorsale anticyclonique, c’est le dernier obstacle entre Brest et moi. Je bute un peu dedans, mais heureusement, elle n’est pas statique et elle avance vers la Bretagne. Je vais avoir du mal à la doubler, donc l’enjeu, c’est d’essayer de grappiller tout ce que je peux sur cette dorsale en la contournant par le nord où il y a encore un peu de vent. Je vais donc avoir une route très nord, en passant probablement pas très loin de l’Irlande. Ensuite, en Mer Celtique, entre le Fastnet et l’Angleterre, j’espère que le vent va rentrer, ce qui me permettrait de finir avec un peu d’air. Comme la ligne d’arrivée est entre le Cap Lizard et Ouessant, il n’est pas impossible que je coupe la ligne plus vers le Cap Lizard, on verra avec la cellule météo en fonction de comment le vent revient dans la nuit de samedi à dimanche. Pour le moment, les ETA donnent plutôt une arrivée dimanche matin assez tôt, 5-6h TU (6-7 h en France). »
N’est-ce pas difficile de rester concentré quand l’arrivée est si proche ?
François Gabart : « C’est vrai que c’est assez spécial. Ce matin, j’étais encore assez tendu avec du vent fort, maintenant que je sais que les conditions vont être plutôt calmes jusqu’à la fin, j’ai envie de me dire que le plus gros est fait. Mais il en reste un petit bout, il faut rester concentré, il va y avoir évidemment des problèmes de trafic quand je vais me rapprocher de l’Irlande, j’espère que le maximum de monde aura son AIS en marche. Et moi-même, je vais être en veille en permanence. Donc il y a forcément une petite tension, mais les sensations sur le bateau sont très agréables. Là, je suis quasiment sur un flotteur, il y a quand même 20-22 nœuds de vent, ça avance à 25-30 nœuds, des conditions pas loin de celles que j’ai eues au départ. Mais autant, quand je suis parti à Ouessant il y a un peu plus de 40 jours, j’avais l’écoute dans la main et encore pas mal d’incertitudes, autant là, je sens plein de bonnes choses. Je vais essayer de prendre les dernières heures les unes après les autres et surtout de les apprécier. »
As-tu une idée de ce qui t’attend à Brest ?
François Gabart : « Non, je n’en ai aucune idée. Je pense que je vais quand même demander qu’on m’envoie un petit mail pour savoir ce qui va se passer dans les jours qui suivront l’arrivée, histoire de savoir où je vais dormir, quand je vais aller à Paris… Mais le reste, je laisse faire mon équipe, je lui fais entièrement confiance, je vais me laisser porter quand ce sera le moment. Mon job, c’est d’amener le bateau le plus vite possible vers la ligne d’arrivée, je me concentre sur ça. »
Appréhendes-tu ce retour sur terre ?
François Gabart : « J’ai bien évidemment hâte de retrouver la terre et mes proches, mais oui, il y a une petite appréhension. Elle est plus liée à mon état de fatigue assez avancé : je sais qu’il va y avoir du monde, des sollicitations, que la transition va être un peu brutale. Ce n’est pas si simple à gérer, parce que tu n’as pas envie de décevoir les gens qui viennent t’accueillir et en même temps, tu ne sais pas si tu auras l’énergie suffisante. »
Si tu arrives dimanche matin, ton temps sera d’à peu près 43 jours. Même dans tes rêves les plus fous, aurais-tu imaginé un tel chrono ?
FG : « Non, honnêtement, je n’aurais jamais rêvé de ce chrono. Sur le papier, avec la météo, avec ce que j’étais capable de faire avec ce bateau-là, c’était très compliqué mais possible de battre le record, mais dans les meilleurs scénarios, c’était d’une ou deux journées. C’est assez extraordinaire. Je n’arrive pas vraiment à réaliser, mais en même temps, je me dis que c’est souvent comme ça : on est souvent étonné des records. »
Les infos clés du record autour du monde
- Date de départ : Samedi 04 novembre à 10 h 05 minutes (heure française)
- Nombre de milles parcourus depuis départ : 27 398 milles (soit 44 092 kms)
- Nombre de milles restant à parcourir : 415 milles (667 kms)
- Temps de passage Ouessant / Equateur : 05 j 20 h 45 min
- Temps de passage Ouessant / Bonne Espérance : 11 j 20 h 10 min (nouveau temps de référence absolu)
- Temps de passage Ouessant / Cap des Aiguilles : 11 j 22h 20 min (nouveau temps de référence absolu)
- Temps de passage Ouessant / Cap Leeuwin : 19 j 14 h 10 min (nouveau temps de référence)
- Temps de passage Ouessant / Cap Horn : 29 j 03 h 15 min (nouveau temps de référence)
- Temps de passage Ouessant / Equateur retour : 36 j 01 h et 30 min (nouveau temps de référence absolu)
- Temps de passage Equateur / Equateur : 30 j 04 h et 45 min (nouveau record en solitaire)
- Temps de passage Cap Horn / Equateur : 06 j 22 h et 15 min (nouveau temps de référence absolu)