A l’assaut de l’Indien
Le départ de la troisième étape de la Volvo Ocean Race a été donné dimanche à 12:00 UTC du Cap. Dans 25 nœuds de vent, Dongfeng Race Team a bouclé en tête le parcours préliminaire de cette longue étape de 6500 milles à destination de Melbourne, une étape capitale, puisque les points comptent double !
Comme vendredi pour l’In-Port Race du Cap remportée par Dongfeng Race Team, les conditions étaient optimales ce dimanche au moment de donner le coup d’envoi de la troisième étape de la Volvo Ocean Race qui va mener 63 marins (9 sur 5 bateaux, 10 sur Turn the Tide on Plastic, 8 sur Sun Hung Kai/Scallywag) et 7 « on-board reporters » du Cap à Melbourne. Soit 6,500 milles dans un Océan Indien de sinistre réputation, parsemé d’embûches entre grosses dépressions venues de l’ouest, températures polaires et mers « casse-bateau ».
Pour ce départ, les sept VO65 ont une nouvelle fois fait le spectacle, lancés à près de 20 nœuds sur la ligne, franchie en tête par Team Brunel. A l’issue du premier bord de reaching dans 25 nœuds de sud-sud-est, Dongfeng Race Team, avec à son bord le Normand Fabien Delahaye, remplaçant au pied levé de Daryl Wislang, blessé au dos dimanche matin en faisant un faux mouvement, franchissait en tête la première marque du parcours préliminaire disputé au pied de Table Mountain, avec 16 et 21 secondes d’avance sur MAPFRE et Team Brunel, suivis par Vestas 11th Hour Racing, Team Sun Hung Kai/Scallywag, AkzoNobel (avec à bord l’Espagnol Alex Pella, récent vainqueur de la Transat Jacques Vabre en Multi 50 aux côtés de Lalou Roucayrol) et Turn the Tide on Plastic.
Un avantage que l’équipage mené par Charles Caudrelier conservera jusqu’au terme de ce petit parcours avant d’être dépassé par MAPFRE, le premier à déployer son J0, nouvelle grande voile d’avant sur cette édition de la Volvo Ocean Race. Autant dire que d’entrée de jeu, les deux rivaux, présentés comme les favoris de la course autour du monde en équipage, ont tenu à montrer leurs muscles, ce qui augure d’une étape une nouvelle fois très intense et serrée. Et une étape décisive à plusieurs titres : non seulement elle fait partie des trois de cette Volvo 2017-2018 sur lesquelles les points sont doublés (avec Auckland-Itajai et Newport-Cardiff), mais en outre, le temps d’escale à Melbourne sera réduit (de 4 à 6 jours selon la date d’arrivée en Australie), avec des possibilités limitées offertes aux équipes techniques pour intervenir sur le bateau.
Ce qui veut dire que les skippers vont devoir constamment trouver le bon équilibre entre aller vite pour engranger le maximum de points à Melbourne et ménager leur bateau pour pouvoir enchaîner derrière une nouvelle longue étape (6000 milles) vers Hong Kong. « Pour finir premier, il faut d’abord finir, explique Charlie Enright, skipper de Vestas 11th Hour Racing, deuxième au classement général après les deux premières étapes. Nous avons beaucoup d’expérience sur notre bateau, et nous allons avoir besoin de nous fier à cette expérience dans le Grand Sud : il n’est pas seulement question de points, mais aussi de l’état dans lequel tu arrives à Melbourne, c’est très important de ne rien casser dans les conditions musclées qui nous attendent ». Dee Caffari, une nouvelle fois secondée à la navigation de Turn the Tide on Plastic par Nicolas Lunven, ajoute : « Il va falloir faire la balance entre pousser le bateau et faire en sorte qu’il arrive en un seul morceau ».
D’autant que les conditions annoncées en début de course s’annoncent particulièrement soutenues, avec en hors d’œuvre une descente plein sud dans un vent tonique d’est-sud-est, l’objectif étant d’aller chercher la première dépression d’ouest qui pourrait générer des vents de l’ordre de 50 nœuds et une mer de 7 à 11 mètres ! Si certains qui comptent plusieurs Volvo Ocean Race au compteur, sont aguerris à ce type de conditions, d’autres vont donc avoir le droit à un baptême du feu dans le Grand Sud particulièrement tonique. « C’est la première fois pour moi, j’ai hâte de vivre ça, mais en en tant que n°1 à bord, je sais que je vais être souvent très mouillé ! J’ai pas mal échangé avec Charles (Caudrelier) et Stu (Bannatyne) qui ont de l’expérience, pour faire en sorte que ce soit le plus « safe » possible pour moi », explique ainsi Jack Boutell qui, sur Dongfeng Race Team, partagera ce rôle de n°1 avec Kevin Escoffier. Ce dernier conclut, à propos de cette première étape du Grand Sud : « C’est pratiquement une étape coefficient 3 au final. Selon le temps qu’on va mettre pour arriver à Melbourne, on aura entre 4 et 5 jours de repos – ce qui est très court sur ce type de course… tu ne repars pas en ayant récupéré à 100%. Faire un mauvais résultat à Melbourne prendrait aussi de l’énergie psychologique, donc c’est vraiment une étape qu’il faut prendre par le bon bout ». Peut-être le premier tournant de cette Volvo Ocean Race 2017-2018…