Deuxièmes de la première étape de la Volvo Ocean Race à Lisbonne, les Espagnols de MAPFRE ont remporté vendredi à 15:10 UTC (16h10 en France) la deuxième étape entre Lisbonne et Le Cap après 19 jours 1 heure 10 minutes et 33 secondes de mer. L’équipage mené par Xabi Fernández, qui marque 8 points, s’empare du même coup de la tête de la course. Dongfeng Race Team, mené par Charles Caudrelier a pris la deuxième place de l’étape, à 2h52’06 de MAPFRE.

« Nous n’avons pas encore terminé le travail, mais ça sent plutôt bon, tout l’équipage est très heureux, parce que les derniers jours auront été difficiles ». Vendredi matin, Xabi Fernández ne cachait pas sa satisfaction, à quelques heures de l’arrivée au Cap. En tête depuis le début de la semaine à la faveur d’une trajectoire parfaitement maîtrisée par le navigateur Joan Vila en fin de contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène, l’équipage espagnol aura réussi à contenir ses poursuivants immédiats, Dongfeng Race Team et Vestas 11th Hour Racing, pour s’offrir une splendide et triomphale arrivée plein pot au pied de Table Mountain ce vendredi à 16h10’33 (heure française) dans 25-30 nœuds de vent. Le temps de course : 19 jours 1 heure 10 minutes et 33 secondes, à 17,3 nœuds de moyenne sur les 7886,5 milles réellement parcourus.

« C’est fantastique, nous sommes super heureux et je suis très fier de l’équipe, nous arrivons ici en un seul morceau et devant les autres, nous ne pouvions pas demander plus. Cette étape résume ce qui nous attend tout au long de ce tour du monde : de la régate très serrée, chaque bateau a une bonne vitesse et les petites erreurs se paient cher. Cette fois-ci, nous avons eu la chance de faire moins d’erreurs que nos adversaires, c’est ce qui explique pourquoi nous avons gagné », a commenté peu après avoir passé la ligne Xabi Fernandez. Il y a trois ans au même endroit, MAPFRE avait coupé la ligne en 7e et dernière position, preuve de la nette progression des Espagnols qui, avec cette victoire, confirment leur statut de prétendants à la victoire finale et s’emparent des commandes de la course au classement général.

S’ils jettent un œil sur l’histoire récente de la Volvo Ocean Race, ils y verront un heureux présage, puisque sur les six dernières éditions, l’équipage vainqueur de l’étape du Cap s’est imposé cinq fois au classement final, le seul contre-exemple étant Groupama, 3e en Afrique du Sud en 2011 avant de remporter la course autour du monde six mois plus tard. « Le chemin est encore très long, nous avançons pas à pas et nous savons que nous avons encore une longue étape vers Melbourne », relativise Xabi Fernández, conscient que la concurrence n’est pas loin.

Elle est pour l’instant surtout incarnée par Dongfeng Race Team, deuxième au Cap avec seulement 2 heures 52 minutes et 6 secondes de retard sur MAPFRE, et Vestas 11th Racing, sur la troisième marche du podium, à 1h35 derrière Dongfeng. Deux équipages qui auront mené la vie dure aux Espagnols, notamment le premier qui a fait une grande partie de l’étape en tête, avant de céder les commandes sur une erreur stratégique le week-end dernier. « Ils ont essayé de couper trop court dans l’anticyclone de Sainte-Hélène, c’est toujours tentant de raccourcir la route, mais au final, il y avait plus de vent en continuant au sud comme MAPFRE. Ils auraient dû accepter de perdre pour gagner ensuite, explique Christian Dumard, prévisionniste météo de la course pour la société Great Circle. C’est dommage pour eux, parce que jusqu’ici, ils avaient été très bons, en réussissant toujours de bons petits décalages à l’ouest, ils ont juste raté le dernier coup ».

A l’arrivée au Cap, les sentiments étaient du coup un peu mêlés chez Charles Caudrelier à son arrivée au ponton : « À un moment de la course, nous espérions mieux, nous étions en très bonne position, nous avions fait le plus dur, mais nous avons fait cette stupide erreur, je m’en veux beaucoup, parce qu’on perd tellement, nous avions juste à empanner, mais j’ai été trop gourmand. On ne peut pas gagner cette course en faisant tant d’erreurs, ça fait deux étapes qu’on fait deux grosses erreurs, on perd des points bêtement », a ainsi regretté le skipper avant de féliciter son équipage pour avoir réussi à s’accrocher et à repasser en deuxième position devant Vestas : « Je me suis senti responsable de cette erreur, mais jamais je n’ai senti de reproches ni entendu de plaintes de leur part, ils n’ont jamais lâché et ont fait un super boulot pour revenir. Nous avons à bord des marins fantastiques qui ont l’expérience des hautes vitesses, ce qui nous a permis d’effectuer ce formidable retour ». A ses côtés, Pascal Bidégorry a ajouté : « Je voulais vraiment gagner cette étape, parce que c’est une des plus belles, elle est très complète. Je suis content de finir deuxième, nous sommes bien revenus dans le match, parce qu’à un moment, ce n’était pas évident, mais je suis un peu déçu de ne pas l’avoir gagnée, j’espère que ce sera pour la prochaine ».

Peu de temps après Dongfeng Race Team, Vestas 11th Hour Racing, vainqueur de la première étape à Lisbonne, s’apprêtait à compléter le podium (l’équipage de Charlie Enright sera alors deuxième au général devant Dongfeng Race Team), suivi par Team Brunel, également attendu dans la soirée de vendredi. Pour les trois autres concurrents, team AkzoNobel, Turn the Tide on Plastic et Team Sun Hung Kai/Scallywag, lancés dans un finish de match-racing (ils se tiennent en moins de 5 milles), l’arrivée est prévue dans la nuit de samedi à dimanche. Un passage à niveau anticyclonique s’étant dressé devant eux, cela les a obligés à effectuer une grande boucle par le sud. « Les gros écarts entre les quatre premiers et ces trois-là s’expliquent par le fait qu’ils ne sont plus dans le même système météo. S’il n’y avait pas eu cette rupture due à l’anticyclone qui s’est étendu vers le sud, tous les bateaux seraient arrivés en 5-6 heures », explique Christian Dumard. A l’échelle de presque trois semaines, ça fait peu et cela préfigure ce qui attend la flotte de la Volvo Ocean Race jusqu’en juin 2018.

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