Après un peu plus de 17 jours de mer, François Gabart reste en avance (environ un jour et demi) par rapport au temps de passage de Thomas Coville, détenteur du record du tour du monde en solitaire. Contraint de descendre plein sud pour se recaler à l’avant d’une dépression, ce qui l’a légèrement freiné et l’oblige à surveiller très attentivement les zones de glaces, le skipper de MACIF s’attend à reprendre de la vitesse dès ce mardi soir. Il devrait doubler le Cap Leeuwin entre jeudi et vendredi.

La vacation du jour

Le chiffre : 54

Alors qu’il avait initialement prévu, après son entrée dans l’océan Indien jeudi dernier, de se caler derrière une dépression et de se laisser aspirer par elle jusqu’en Australie, François Gabart a dû revoir sa stratégie en fin de week-end, la fameuse dépression n’ayant pas évolué comme espéré : « Elle ne s’évacuait pas bien, s’étalait et nous barrait le passage. Nous avons donc fait le choix de nous repositionner dans le sud pour récupérer le nouveau vent qui est en train d’arriver », a commenté le skipper mardi lors d’une vacation vidéo organisée au siège de la Macif, à Niort, en présence de nombreux collaborateurs du Groupe. Effectivement, alors que sa trajectoire était jusqu’ici assez rectiligne, le trimaran MACIF a plongé plein sud pour se placer à l’avant d’une nouvelle dépression venue de l’ouest, qui va le pousser dans les jours qui viennent vers le Cap Leeuwin, au sud-ouest de l’Australie ; Cap qu’il devrait franchir jeudi soir ou vendredi matin, toujours en avance par rapport à Sodebo. Il est ainsi descendu lundi jusqu’à la latitude de 54°50, à moins de 800 milles du continent Antarctique, là où Thomas Coville, un an plus tôt à la même longitude, évoluait par 43°Sud ! « C’est assez rare de passer par là depuis quelque temps sur les tours du monde, car en général, des portes des glaces obligent à suivre des trajectoires bien plus nord », a d’ailleurs commenté François Gabart.

Le danger : les icebergs

Encore positionné très sud mardi (53°50), le trimaran MACIF va passer sous les îles Kerguelen, avant de peu à peu remonter pour aller chercher le vent qu’il attendait et qui était dans sa stratégie d’option initiale. « Des glaces ont été détectées pas trop loin, dans le nord-est de Heard Island (une toute petite île située par 53° Sud). Par mesure de précaution, je vais passer par le nord, l’idée est de faire un cap au 70-80 (est-nord-est) dans les 24-36 heures qui viennent pour revenir à peu près à la latitude des Kerguelen, vers 48-50° Nord, explique le Charentais. On va essayer de faire le tour pour prendre de la marge. J’espère ne pas rester trop longtemps dans ce coin-là, c’est un peu chaud. C’est sympa de venir, mais c’est bien aussi de repartir ! »

Le programme à venir : du vent fort

Ce repositionnement plus au nord dans l’océan Indien s’accompagnera d’un redémarrage, dès ce mardi après-midi, du trimaran MACIF, qui, poussé par la dépression arrivant dans son dos, va renouer avec les hautes vitesses. « Si tout va bien, je vais avoir deux-trois jours assez musclés et potentiellement rapides, confirme François Gabart. Il va falloir essayer d’être intelligent pour aller vite au bon endroit et éviter ainsi le gros de la mer et du vent si cette dépression se renforce. Plus je vais aller vite, plus je serai devant la zone de vent fort ». Dans ces conditions, le marin ressort son costume de rugbyman, avec casque et protections : « En ce moment, j’ai en permanence des genouillères et des renforts sur les cuisses, et dès que ça bouge, je mets en plus le casque de rugbyman, des protections sur les côtes et les coudes. Le danger quand ça va vite, ce sont les chocs, on se fait secouer dans le bateau. Dans ce cas, mieux vaut prévenir que guérir ».

L’objet : la galette

Juste avant la vacation organisée ce mardi à l’heure du déjeuner (en France), François Gabart a dû résoudre un souci avec la galette de son gennaker, pièce située à l’avant du bateau servant à fixer par le bas cette grand-voile d’avant. « Au moment de rouler le gennak (pour mettre une voile plus petite en raison d’un renforcement du vent), la galette s’est inversée en faisant des tours sur elle-même. Du coup, je ne pouvais plus rouler la voile, ce qui devenait embêtant, parce qu’avec le vent à venir, c’était vraiment dangereux de garder le gennak en l’air, encore plus déroulé. Du coup, j’ai réussi à l’affaler sur le trampoline sans le rouler. C’était un peu chaud, j’ai fait du sport pendant deux heures, je suis content que ce soit fini, parce que je ne faisais pas trop le malin ».

L’état de santé : bon

Le vent ayant molli lors de la descente plein sud dans l’Indien, François Gabart a pu profiter de conditions relativement stables pour se reposer, faire un check-up du bateau et bien s’alimenter avant le coup de vent qui s’annonce dès mardi soir. « Ces dernières heures, j’ai pu me faire des plats chauds, ça fait du bien parce qu’il fait frisquet, 4 degrés dans le bateau. Là, ça s’annonce plus compliqué de faire du chaud avec la vitesse qui revient, parce que ça bouge dans tous les sens. Les brûlures, et c’est valable pour la plaisance, sont une des premières causes d’accident en bateau. Donc ça va être assez rudimentaire pendant quelques jours, même si je vais essayer de m’alimenter le mieux possible pour garder la pêche ». Et il aura bien besoin d’avoir la pêche pour tenir les hautes cadences jusqu’à l’Australie…

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