On s’attendait à du suspense et on a été servi ! Cette quatrième et dernière journée de la St. Barth Cata-Cup qui devait départager les leaders et définir le podium a, en effet, offert un scénario improbable avec, à la clé, une foule de rebondissements. Ainsi, alors que la victoire semblait tendre les bras à Franck Cammas et Matthieu Vandame (ODP 1) qui occupaient la tête au classement à l’aube des deux dernières manches, celle-ci est finalement revenue à Iordanis Paschalidis et Konstantinos Trigkonis (Relwen), les premiers ayant commis une erreur de parcours. Les Grecs sont toutefois loin d’avoir volé leur victoire. Les deux hommes ont, effet, constamment joué aux avant-postes et fait preuve d’une remarquable régularité malgré les conditions très changeantes. Au final, ils s’imposent avec une belle avance et devancent, dans l’ordre, les Argentins Cruz Gonzales Smith – Mariano Heuser (Eden Rock Villa Rental) et les Belges Patrick Demesmaeker – Olivier Gagliani (Les Perles de Saint-Barth).

Alors que cette journée de compétition s’annonçait déjà sous haute-tension tant les écarts de points étaient infimes entre les leaders à l’issue des cinq premières manches, le comité de course a décidé de pimenter encore un peu le jeu en lançant un tour de l’île, une course comptant l’équivalent de deux et ne pouvant être retirée du classement. « Dans ce contexte, il y a tout à perdre ou tout à gagner », avait déclaré Franck Cammas avant de partir sur l’eau, ce dimanche matin. Le barreur Aixois ne pensait alors pas si bien dire. Bien dans le match, parfaitement dans le contrôle de ses principaux adversaires, les Grecs Iordanis Paschalidis et Konstantinos Trigkonis, le navigateur a commis une grosse faute en omettant une marque de parcours, peu avant le Pain de Sucre, dans le dernier tiers du parcours. A l’arrivée, pas d’équivoque. Le jury a statué et décidé sa disqualification, à lui ainsi qu’aux deux autres bateaux concernés. Un coup dur pour le vainqueur de l’édition 2013 qui, de ce fait, perd non seulement la première place, mais en plus encaisse d’un coup 96 points, se trouvant ainsi relégué à la 13 e place au général. « C’est le jeu de la régate et les règles sont les règles. Bien sûr, c’est une fin de course un peu particulière mais cela fait finalement nos affaires. Franck et Matthieu ont, je pense, globalement mieux navigué que nous cette semaine car nous avons commis pas mal d’erreurs qui nous ont fait perdre bêtement des points et que nous aurions pu éviter », a commenté Iordanis Paschalidis qui remporte donc la victoire, celle qui lui échappait jusqu’alors. « J’avais participé à la St. Barth Cata-Cup à deux reprises avec mon ami G ustaf Dyrssen et les deux fois, nous avions manqué le podium de peu (ils avaient fini 4 e en 2012 et 6 e en 2016, ndlr). Cette année, en venant avec mon équipier de F18 habituel, je visais clairement la première place. Aujourd’hui, l’objectif est atteint. Je suis super content. Ça fait drôlement plaisir de s’imposer face à des gens tels que Franck Cammas ou Patrick Demesmaeker, tous les deux sacrés vice-champions du Monde de la série par le passé (le premier avec Jérémie Lagarrigue en 2008 et le second l’été dernier avec Gilles Tas, ndlr) », s’est réjoui le barreur de Relwen qui, avec des places de 2 e et 8 e ce dimanche, est parvenu à garder l’avantage sur des concurrents très en forme et bien décidé à jouer le tout pour le tout, à l’image des Argentins Cruz Gonzales Smith et Mariano Heuser. Impressionnants de maîtrise, ces derniers ont frôlé le sans-faute sur les deux régates du jour (un tour de l’île, on l’a dit, puis un parcours plus petit entre Saint-Jean, Toc Vert et le Colombier), terminant 1 e et 2e.

Descente aux enfers des uns, remontée fulgurante pour les autres

« C’était une journée presque parfaite et ça fait du bien. Les jours précédents, nous avons un peu manqué de réussite car nous avons souvent été aux avant-postes au départ avant de régulièrement perdre des places et de finir autour de la 6 e ou 8 e place. Aujourd’hui, il y a eu un peu plus de vent (entre 10 et 12 nœuds) et nous avons été plus à l’aise mais surtout, nous avons lâché les chevaux en étant nettement moins conservateur que lors des jours précédents et en n’hésitant pas à prendre de vrais risques », a relaté le barreur d’Eden Rock Villa Rental qui n’a pas tergiversé à jouer à rase-cailloux dans le dernier bord de près de la première course. « C’est assurément ce petit coup qui nous a mené à la victoire sur le tour de l’île, la course la plus importante de cette St. Barth Cata-Cup en termes de points », a ajouté l’Argentin qui d’une part remporte le Prix Marché U récompensant la meilleure journée et qui, d’autre part se voit propulsé de la 8 e à la 2 e place au classement, au nez et à la barbe de Patrick Demesmaeker et Olivier Gagliani, les vainqueurs de l’édition 2015. « On regrette un peu d’avoir mené le tour du l’île pendant les trois quarts du parcours et de s’être fait doubler en vitesse pure, sous spi, entre Grande Pointe et Pain de Sucre mais c’est ainsi. Au final, pour nous c’est un nouveau podium sur la St. Barth Cata Cup. C’est une performance plutôt inespérée cette année avec des adversaires aussi finauds. Les Grecs se sont montrés très rapides et les Argentins ont fait preuve d’une très bonne lecture du plan d’eau. Nous avons toutefois la satisfaction d’avoir réalisé un sans-faute, vendredi, en remportant les deux courses du jour, ce qui restera pour nous quelque chose d’incroyable. Ce que je retiendrai aussi de cette 10 e St. Barth Cata-Cup c’est évidemment l’ambiance formidable, l’organisation impeccable, et la bonne humeur de Nono (Gustave-Honoré Lavali), notre président du comité de course. Vivement la prochaine ! », a terminé Olivier Gagliani. Tout est dit.

Ils ont dit :

Penny Wyon, équipière de Journal de Saint-Barth (1 er équipage mixte, 15e, au général) :

« On est super content. Ça n’a pourtant pas été facile. On a notamment eu un souci lors des premiers jours de course parce qu’on avait un trou dans le bateau. A cause de ça, à la fin de chaque manche, on a fini avec dix litres d’eau dans un des flotteurs. Cela nous a beaucoup handicapés. Heureusement, ce matin on a pu régler le problème et, forcément, ça s’est beaucoup mieux passé. On a terminé 12 e du tour de l’île aujourd’hui. On s’est vraiment régalé. On avait déjà participé deux fois à la St. Barth Cata-Cup et ça avait été super mais cette fois, ça a vraiment été parfait. Le paradis même ! »

Turenne Laplace, barreur de West Indies Sails (1 er Saint-Barth, 11 e au général) :

« Le bilan de cette St. Barth Cata-Cup est très positif pour nous. On ne s’attendait pas à finir aussi haut dans le classement mais on est super heureux. On a régaté dans les conditions que l’on préfère mais on a malgré tout l’impression d’avoir monté notre niveau de jeu d’un cran cette année parce qu’on a pratiquement toujours été dans le groupe de tête alors qu’il y avait un niveau incroyable. On a bien navigué et on a pu correctement régler le bateau. Aujourd’hui, on a fait deux bêtises qui nous ont coûté un peu cher et sans lesquelles on aurait pu être encore mieux classés. C’est notamment vrai dans la manche que nous avons couru cet après-midi. On a pris un super départ et si on n’avait pas coincé sur un tribord forcé, on aurait très certainement pu se dégager rapidement et finir dans le top 3 »

Éric Bézon, barreur de Nord Elektron (21 e au général) :

« La journée a tout simplement été géniale avec ce tour de l’île disputé dans du vent. On a terminé à une belle pour nous, donc on est content. Cet après-midi, ça a été un peu plus folklorique mais cette semaine a clairement été magique. C’était cette année notre 6 e participation à la St. Barth Cata-Cup et on reste émerveillés. Il y a eu des couleurs incroyables, de l’action, de la bagarre… En somme, il y a vraiment eu tout ce qu’on était venu chercher ! »

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