Une boucle entre Toc Vert et Bonhomme via l’îlet Boulanger, puis un tour entre Les Grenadins et Bonhomme en laissant Frégate à l’extérieur : tel était le programme du jour pour les 47 équipages de la St. Barth Cata-Cup dont les nerfs ont été mis à rude épreuve, ce vendredi. Et pour cause, en régatant sous le vent de l’île, ils ont dû composer avec un flux de sud sud-est pour 6 à 10 nœuds très instable, à la fois en force et en direction. Si les cartes ont régulièrement été redistribuées, certains duos ont malgré tout réussi à faire preuve de régularité, à commencer par les Belges Patrick Demesmaeker et Olivier Gagliani (Les Perles de Saint-Barth), auteurs d’un sans-faute avec deux victoires de manches et grands vainqueurs du Prix Eden Rock Villa Rental. Au général après trois courses, l’avantage reste cependant au tandem Grec Iordanis Paschalidis – Konstantinos Trigkonis (Relwen) qui continue de faire forte impression.

« La journée a été super technique, super intéressante mais pas franchement de tout repos. Elle a clairement mis nos nerfs à vif », a expliqué James Baeckler, le barreur de Maxwell & Co qui a, comme la plupart des équipages aujourd’hui, joué régulièrement au yo-yo au classement des deux manches du jour. « Avant le dernier bord de la dernière course, on était avec les premiers mais on a perdu une dizaine de places avant de franchir la ligne d’arrivée. Une demie heure avant, il nous était arrivé exactement la même chose, mais dans le sens inverse, ce qui nous avait permis de remonter de la 12 e à la 3 e place. Ca a distribué régulièrement et on a fait avec, mais il faut bien l’avouer, c’est frustrant de se faire doubler tout à la fin parce qu’on sait alors qu’on n’aura plus l’occasion de se refaire ensuite », a ajouté son co-équipier, Orion Martin, qui a globalement bien tiré son épingle du jeu. « On s’en sort effectivement pas trop mal, même si on rétrograde à la 9 e place au général, mais devant, ce sont toujours les mêmes et il va falloir s’arracher pour réussir à les griller », a ajouté le Toulonnais, assez impressionné par la performance réalisée par Patrick Demesmaeker et Olivier Gagliani ce vendredi. De fait, le duo belge n’a pas fait les choses à moitié puisqu’il s’est offert un carton plein en décrochant deux premières places.

Des rebondissements en pagaille

« C’est la première fois depuis qu’on participe à l’épreuve que l’on parvient à faire un sans-faute comme ça sur une journée. On a super bien géré les dévents et les bascules ce matin, ce qui, combiné à une bonne vitesse au près, nous a permis de nous imposer », a détaillé le barreur des Perles de Saint-Barth qui est parvenu à dépasser les Grecs Paschalidis – Trigkonis dans le dernier bord alors que ces derniers avaient littéralement dominé la course. « Cet après-midi, le scénario a été un peu différent parce qu’après une demie heure de course, le groupe de tête dont nous faisions partie a butté dans la pétole au niveau de Toc Vert. Dès lors, toute la flotte s’est tassée mais nous avons eu la chance de redémarrer les premiers puis de creuser l’écart petit à petit », a indiqué son équipier, Olivier Gagliani, qui a parfaitement bien négocié le passage sous le vent de Bonhomme en s’en écartant largement pour ne pas en subir les perturbations, mais qui a toutefois serré un peu les fesses à l’approche de la ligne d’arrivée, redoutant d’être à son tour doublé dans les ultimes longueurs. « On a eu peur que Franck Cammas et Matthieu Vandame (ODP 1) nous fassent l’intérieur. Ils sont revenus super fort et il n’aurait pas fallu que la course dure beaucoup plus longtemps », s’est amusé le régatier belge, le grand vainqueur du Prix Eden Rock Villa Rental qui a donc réalisé la journée parfaite malgré les attaques de ses concurrents, et en particulier celles du binôme Iodanis Paschalidis – Konstantinos Trigkonis, décidément redoutable.

Entre frustration et excitation

« Il y a eu un peu moins de vent qu’hier et ça a été encore plus difficile. Il y a eu régulièrement des zones de molle avec des nouveaux départs, ce qui a relancé la course constamment. Au final, cela a rendu le jeu aussi frustrant qu’excitant. Nous sommes contents parce que nous avons réussi à rester réguliers aux avant-postes, souvent aidés par notre bonne vitesse, que ce soit au portant ou au près. Nous avons aussi limité les risques en naviguant de manière assez conservatrice et cela a payé », a souligné l’équipier, grand habitué des régates entre trois bouées, mais novice sur des formats type raid, comme ceux proposés par la St. Barth Cata Cup. « C’est une super expérience pour moi et je prends énormément de plaisir. C’est très intéressant car il faut être dessus en permanence, mais aussi avoir un peu de réussite. Sur le plan d’eau, avec ces conditions, rien ne semble prévisible. La preuve : nous sommes passés trois fois à la pointe Saint-Jean et les trois fois, ça s’est joué différemment », a noté Trigkonis qui compte à son actif pas moins de quatre participations aux Jeux Olympiques entre 1996 et 2008 (en 470 puis en Tornado), et qui occupe, ce soir, la première place au classement général provisoire avec une avance de trois points sur le tandem Belge et de onze points sur la paire Cammas – Vandame. Reste que les écarts restent infimes (spécialement entre le 3 e et la 10 e place) et que le droit à l’erreur n’existe manifestement pas sur cette St. Bart Cata-Cup !

Ils ont dit :

Miguel Danet, barreur de St Barth Sailor :

« Quand il n’y a pas trop de vent, ce n’est jamais facile même si Pompidou et moi, on est plutôt léger et qu’on n’a pas trop d’excuses. Reste que ça n’a pas été facile, surtout après deux départs sous règle noire, ce qui met toujours un peu la pression. C’est vrai que ça a bien distribué mais quand on regarde le classement général, ce sont les bons qui sont devant. Quoi qu’il en soit, de notre côté, on est super content d’être là. L’épreuve est super sympa. Il y a une belle organisation et une super ambiance. De plus, c’est toujours rigolo de régater avec des copains surtout quand, comme dans le cas de Pompidou, c’est la première fois en cata ».

Eric Le Bouedec, barreur d’Alamo :

« Depuis le début de la course, tout s’enchaine bien pour Jean-Richard (Minardi) et moi. On apprend à se connaitre dans de bonnes conditions vu que ce sont nos premières nav ensemble cette semaine. De mon côté, je n’avais plus barré de F18 depuis quelques années et je suis content de voir que les sensations sont là. Il y a des effets de site, le vent est turbulent mais on arrive à avoir une bonne vision des choses. Ainsi, même si on n’est pas au niveau des gens qui sont autour de nous, on arrive à s’en sortir quand même. »

William Lesguillier, équipier de Filles des Iles :

« La journée a été très technique. Le vent a notamment été très changeant au début de la deuxième manche. Les cartes ont ainsi été complètement redistribuées au niveau de Toc Vert. Les premiers qui ont rasé l’îlet sont restés tanqués pendant dix minutes – un quart d’heure et tous ceux qui sont passés au large, comme nous, sont super bien revenus. C’est comme ça qu’on a recollé au peloton de tête. Au final, on a terminé 28 e , ce qui est notre meilleur résultat depuis le début. On est content et on espère continuer sur cette lancée. On sait que le Top 20 est inaccessible pour nous mais si on ne fait pas trop de bêtises, on peut espérer accrocher des places dans le Top 25. »

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