Les sentiers de la gloire
A moins de vingt-quatre heures de l’arrivée, Ian Lipinski semble se diriger vers un doublé historique. Jamais jusqu’ici, un coureur n’avait gagné en bateau de série avant de récidiver en prototype deux ans plus tard. Après Sébastien Magnen sur son prototype Karen Liquid en 1997 et 1999, il deviendrait le second double vainqueur de la Mini-Transat.
Ça sent l’écurie. Sur deux routes convergentes, Ian Lipinski (Griffon.fr) et Jörg Riechers (Lilienthal) font route vers la Martinique qu’ils devraient tous deux rallier dans la journée de mardi. Suivront ensuite Simon Koster (Eight Cube Sersa) et Andrea Fornaro (Sideral)… D’une certaine manière, ce quatuor reflète bien la diversité des candidatures de la Mini-Transat La Boulangère : un vainqueur qui a su construire sa victoire en grimpant progressivement la hiérarchie du circuit Mini, un Allemand, un Suisse et un Italien témoignent de la diversité des profils et du rayonnement de la Mini-Transat La Boulangère en Europe… Derrière ce quatuor, Keni Piperol (Région Guadeloupe) sonne le renouveau de la filière course au large dans les îles caraïbes et pourrait susciter de nouvelles vocations.
Clarisse et les garçons
En série, le benjamin de la course Erwan Le Draoulec (Emile Henry) continue de museler son opposition avec la maturité d’un baroudeur. On imagine ce qui doit traverser l’esprit du jeune homme, animé d’une folle envie de victoire, mais aussi profondément émotif et sensible. Gagner la Mini-Transat à 21 ans, n’est pas donné à tout le monde. Derrière lui, Clarisse Crémer (TBS) ne cesse de se découvrir de nouveaux prétendants. Hier encore, c’est Tom Dolan (offshoresailing.fr) qui tenait la corde. Ce soir, le navigateur irlandais s’est vu souffler l’objectif d’attraper la belle par Tanguy Bouroullec (Kerhis Cerfrance) revenu du diable vauvert sur son option sud et Benoît Sineau (Cachaça II).
Du côté des Pogo 2, c’est de nouveau Frédéric Moreau (Petit Auguste et Cie) qui mène la danse devant Mathieu Lambert (Presta Service bat) et Estelle Greck (Starfish). Ces trois-là se tiennent en moins de dix milles ; tout est encore possible. Ils sont talonnés par Victor Barriquand (Charente Maritime) et Guillaume Combescure (Mini Oiri). De quoi motiver les trois premiers cités qui ne seraient sûrement pas peu fiers de damer le pion à des bateaux de dernière génération. La régate au contact, ce n’est visiblement pas l’affaire de Gwendal Pibot (Rossinante) isolé au nord et Loïc Fagherazzi (Trebunnec) décalé au sud du peloton. Entre les deux, l’écart latéral est considérable, 500 milles, soit deux fois la traversée du golfe de Gascogne.
Bobos à gogo
D’autres sont loin de ces considérations tactiques. Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne) a visiblement eu quelques soucis techniques qui ont handicapé sa progression. Elle a repris sa route à vitesse normale, signe que la jeune femme a su y remédier. Elle n’est pas la seule : il suffit pour s’en convaincre de constater la progression d’Elodie Pédron (Manu Poki et les Biotechs) pointée à plus de huit nœuds, de Romain Bolzinger (Spicee.com) filant ses plus de cinq nœuds sous gréement de fortune, ou de Patrick Jaffré (Projet Pioneer) qui semble avoir trouvé le juste dosage entre vitesse et sagesse. En revanche, c’est plus compliqué pour Vedran Kabalin (Eloa Island of Osinj) qui a réussi à joindre la direction de course pour prévenir qu’il avait démâté. Pendant ce temps Dorel Nacou (Ix Blue Vamonos) abordait les îles du Cap-Vert. Un océan d’écart, ce n’est pas la mer à boire…
Pointage le 13 novembre à 16h (TU+1)
Prototypes
- Ian Lipinski (Griffon.fr) à 217,4 milles de l’arrivée
- Jorg Riechers (Lilienthal) à 80 milles
- Simon Koster (Eight Cube Sersa) à 155,3 milles
- Andrea Fornaro (Sideral) à 182,6 milles
- Keni Piperol (Région Guadeloupe) à 251,7 milles
Série
- Erwan Le Draoulec (Emile Henry) à 464,5 milles de l’arrivée
- Clarisse Crémer (TBS) à 99,5 milles – pointage de 13.00 TU au lieu de 14.00 TU
- Tanguy Bouroullec (Kerhis Cerfrance) à 104,9 milles
- Benoît Sineau (Cachaça 2) à 109,3 milles
- Tom Dolan (offshoresailing.fr) à 115,2 milles