Parti samedi dernier à l’assaut du record du tour du monde en solitaire détenu depuis le 25 décembre 2016 par Thomas Coville (49 jours 3 heures 4 minutes et 28 secondes), François Gabart devrait franchir l’équateur vendredi matin après environ 6 jours de mer, ce qui constituait son objectif au moment de s’élancer d’Ouessant. Derrière, la situation s’annonce favorable, avec une dépression au large de l’Argentine qui pourrait emmener le trimaran MACIF à haute vitesse vers le Cap de Bonne-Espérance.

Le lieu : le Pot-au-Noir

Il est presque dans le rétroviseur ! Toujours redouté des coureurs d’océans car souvent synonyme de gros coups de frein et de violents orages, le Pot-au-Noir, également appelé zone de convergence intertropicale, a quelque peu entravé la marche en avant de MACIF, qui y est entré dans la journée de mercredi avant de quasiment en sortir jeudi en fin de matinée. « Après une descente express de l’Atlantique Nord, ça va un petit peu moins bien depuis hier soir : j’ai eu des orages en début de nuit, et depuis, je suis dans le petit temps. L’avantage, c’est que les vents violents, je les ai rencontrés quand il faisait encore jour, c’est plus simple à gérer. En fin de nuit, du vent est rentré, je pensais vraiment que c’était terminé, je suis allé à plus de 30 nœuds, mais le vent est retombé et là, on avance à 10-12 nœuds. On perd un peu l’avance qu’on avait accumulée, mais ça va repartir d’ici 3-4 heures, je ne vais pas me plaindre », a commenté jeudi à midi François Gabart lors d’une vacation organisée au siège parisien de la Macif avec des collaborateurs du Groupe.

Le chiffre : 6

6 : c’est le nombre de jours, à quelques minutes ou heures près, que devrait mettre François Gabart pour franchir l’équateur, sans doute vendredi matin. Le temps de référence établi il y a un an par Thomas Coville (5 jours 17 heures 11 minutes et 52 secondes) ne sera probablement pas battu, mais l’essentiel est ailleurs pour le skipper du trimaran MACIF qui visait un temps de passage d’environ 6 jours. « C’était un de nos critères de départ : nous nous étions dit que si nous avions une météo qui pouvait nous permettre de descendre à l’équateur en 6 jours, il fallait partir. Il y a quand même un peu de déception de ne pas battre le record, d’autant que j’y croyais, mais c’est la vie et il y en a un qui est plus gros, plus beau, après… »

La phrase : « A 30 nœuds, j’ai l’impression d’être collé ! »

Certes, le trimaran MACIF n’accrochera sans doute pas le temps de référence à l’équateur à son tableau de chasse, mais l’impression générale laissée à son skipper lors de la descente de l’Atlantique lui confirme que ce bateau, qui a atteint des pointes à 46 nœuds, a clairement les moyens d’aller chercher le record du tour du monde. « Le bateau est capable d’aller à des vitesses extraordinaires, confirme-t-il. A 30 nœuds, j’ai l’impression d’être collé ! On va très souvent à 35-40 nœuds et j’ai passé plusieurs minutes, voire des heures, à plus de 40 nœuds. Ça fait 70 km/h : pour un bateau, c’est extraordinaire ! On parle beaucoup de vol et il y a effectivement plein de moments où plus rien ne touche l’eau, à part le foil. Quand le bateau monte au-dessus de l’eau et accélère, les sensations sont extraordinaires, j’ai hâte de les revivre ».

Le prochain rendez-vous : Bonne-Espérance

Avant même de basculer dans l’hémisphère Sud vendredi matin, François Gabart est d’ores et déjà focalisé sur la suite du programme qui s’annonce favorable : « La très bonne nouvelle, c’est que pour le moment, ça a l’air de plutôt bien s’enchaîner dans l’Atlantique Sud pour aller vers l’Afrique du Sud, et ça, c’est vraiment important parce que c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas au départ », s’est réjoui le skipper, toujours lors de la vacation organisée au siège de la Macif. Ce que cela signifie concrètement ? « Il y a une dépression au large de l’Argentine qui va se décaler vers l’est et que nous devrions arriver à récupérer pour qu’elle nous emmène jusqu’à l’Afrique du Sud. Les fichiers météo que nous avons regardés ce matin avec l’équipe de routage de Jean-Yves Bernot nous faisaient aller au Cap de Bonne-Espérance en 6-7 jours ». Soit un chrono d’environ 13 jours, là où Thomas Coville a mis 14 jours…

Bilan de santé : satisfaisant !

Après moins d’une semaine de mer à très haute vitesse, François Gabart est bien conscient d’avoir puisé un peu dans ses réserves – un tel défi nécessite forcément de repousser ses limites – mais il fait très attention à sa manière de naviguer : « Sur un tel exercice, on se met évidemment dans le rouge, il faut en revanche arriver à ne pas dépasser la petite limite qui fait que l’on ne récupère pas bien. Par exemple, je fais certaines manœuvres moins rapidement qu’à l’entraînement, je prends le temps de m’échauffer et j’y vais progressivement pour ne pas me blesser ». Dans le même ordre d’idée, le skipper de MACIF fait en sorte de gérer son sommeil de façon à rester toujours lucide : « La nuit avant le Pot-au-Noir, comme je savais que ça allait être dur, j’ai anticipé et réussi à faire quasiment une vraie nuit ». Une vraie nuit à bord de MACIF ? « Plus de 6 heures par petites siestes de 20 minutes. Cela m’a permis de reprendre du poil de la bête, j’en avais bien besoin parce que la nuit dernière a été effectivement plus compliquée, j’ai beaucoup moins dormi ».

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