Départ tonique, descente rapide
Dernier briefing météo : les 76 skippers savent à quelle sauce ils vont être mangés dans les premières 36 heures de course : un bon flux de nord-ouest pour le départ, une dorsale comme transition au petit matin, puis l’approche d’un front froid plutôt musclé. Un menu tonique, tactique, varié… et propice à une traversée express. Départ aujourd’hui 13h 35.
Départ : lumière et gros clapot
« Caler le timing pour couper la ligne au près sur nos bateaux, c’est franchement compliqué » Jean-Luc Nélias co-skipper de Sodebo Ultim’ ce matin au briefing.
Le vent de nord-ouest de 15 à 20 nœuds sera assez instable et promet en effet un départ au près. La direction de course a logiquement retenu le scénario d’une ligne mouillée dans le Nord du chenal pour laisser le plus d’espace possible aux bateaux. Le bord de 15 milles vers les bouées d’Antifer et France 3 àEtretat nécessitera sans doute quelques recalages.
La Manche : rapide et sous tension
« Le début, ce sera pas mal de reaching, et certains Class40 sont plus rapides que nous à cette allure. Il ne faudra pas prendre trop de retard avant Ouessant » Bertrand Delesne, skipper de TeamWork .
Le vent devrait forcir dans l’après-midi et la soirée en tournant à droite et le rythme va clairement s’accélérer dès que les bateaux mettront cap à l’ouest vers le Cotentin. Le courant sera alors favorable pour ces premières heures de course, mais seuls les Ultimes et quelques Multi50 devraient passer Barfleur avant la renverse de 18 heures.
Au petit matin, le vent va mollir petit à petit mais sur une mer rugueuse – 2 mètres de houle sont annoncées. Les routages les plus optimistes font atterrir les Ultimes à Ouessant vers 2 heures du matin ! A suivre les Multi50 en milieu de nuit et les Imoca au petit matin. Quant aux Class40 ils devraient rester en Manche jusqu’à l’aube de mardi.
Matinée de lundi : une petite pause inconfortable
« Il va falloir faire les bons choix, car un changement de voile, ça coûte cher » Thomas Ruyant, co-skipper de Malizia II (Imoca)
Le gradient de pression diminue et c’est une petite dorsale qu’il faudra traverser lundi matin pour s’extraire de la Manche. Les vents erratiques dans un résidu de houle pendant quelques heures ne seront pas propices à un petit déjeuner continental ! En milieu de journée, lorsque les Class40 rencontreront cette dorsale, le gros des troupes devrait se trouver au large de l’île de Batz.
En tête de course dans la matinée, tout s’enchaîne assez vite avec le nouveau vent de Sud-Ouest en avant du front à 25 à 30 nœuds. Pas de répit donc, beaucoup de changements de voilure sans doute et une trajectoire à caler.
Au front
« Soit on fait la route directe, soit on cherche à passer le front plus au sud. Ce sont les derniers fichiers qui nous diront car il y a encore de petites divergences », Lalou Roucayrol, skipper d’Arkema (Multi50)
D’Ouessant, les Ultimes devraient parcourir quelques 200 milles vers l’ouest, avant de toucher le front. Lorsqu’il arrivera sur la pointe Bretagne mardi matin, il concernera alors les Class 40. Les conditions prévues sont dures : « 30 nœuds moyen, rafales à 50 et mer forte à très forte » prévenait Richard Silvani de Météo France au briefing départ.
Cette situation, certes classique pour Novembre, était de toutes les discussions ce matin.
Pour le Havrais Charlie Dalin, Figariste émérite et concurrent de la Transat Jacques Vabre 2015 (avec Yann Eliès), « la physionomie du front a évolué depuis hier sur les fichiers. Il semble assez large avec sans doute des zones de molles au milieu. Ca ne passera pas d’un coup, il faudra pas mal manœuvrer et la mer est plus forte que prévu sur l’arrière du phénomène »
Arnaud Boissières, skipper de La Mie Câline- Artipôle (Imoca)
« Il y a deux ans, j’ai pris le départ de la Jacques Vabre et au bout de 48 heures, j’ai abandonné. Faut pas tomber dans le panneau, j’ai fait le tour du monde, donc c’est facile de traverser l’atlantique. On est toujours sur le qui vive avant le départ, il va falloir bien gérer. Il n’y a pas deux divisions en IMCOCA mais une course dans la course. Notre objectif avec manu est de bien figurer dans les bateaux à dérives classiques. Si on fait 7 ou 8ème, ce sera un très bon résultat ».
Bertrand Delesne et Justine Mettraux, co-skippers de TeamWork (Class40)
« Le début, ce sera pas mal de reaching, et certains Class 40 sont plus rapides que nous à cette allure. Il ne faudra pas prendre trop de retard, être sur les bons coups, gérer la dorsale qui arrive avec beaucoup de courant à la pointe de Bretagne. Il va falloir rester concentré, notamment jusqu’au passage du front mardi matin. Et puis, jusqu’au cap Vert il y a de la route. On prendra le front moins dans l’Ouest que les gros avec l’espoir qu’il sera moins violent. Ce sont trois jours difficiles et ensuite de la belle glisse pour une course rapide. On avait prévu 20 jours de nourriture, on risque de s’alléger un peu. »
Lalou Roucayrol, skipper d’Arkema (Multi50)
« Ca va être sport dès le départ, donc on a préparé l’équipement lourd avec ce passage de front assez actif. C’est le schéma classique d’une transat en novembre. On sera à Ouessant en fin de nuit. Soit on fait la route directe, soit on cherche à passerle front plus au Sud. Ce sont les derniers fichiers qui nous diront car il y a encore de petites divergences. Il va falloir être vigilant un moment car la descente au portant derrière le front dans une mer désorganisée va réclamer un pilotage très attentif »
Thomas Ruyant, co-skipper Malizia II (Imoca)
« Ca va être technique et sport. Les conditions vont être très variées, ce qui veut dire beaucoup de changements de voiles. Il va falloir faire les bons choix, car un changement de voile ça coûte cher. Il va falloir bien anticiper. Dans les prévisions aujourd’hui, on aura un front très franc, des rafales à plus de 45 nœuds, une mer démontée en plein golfe de Gascogne. Il faudra naviguer en bon marin à ce moment précis. Je suis content de partir avec les mêmes armes que mes concurrents… On a une super machine, super prête. »
Romain Attanasio, skipper de Famille Mary – Etamine du Lys
« Le parcours de la Transat Jacques Vabre, c’est un gros début de tour du monde. On change d’hémisphère, il est très complet. C’est une course de vitesse. Un parcours intéressant. Le début sera à la fois compliqué et sympa. On part avec 15-20 nœuds de vent et on sera un peu au près pour passer le Cotentin, après on va débrider. Il y a aura une dorsale qui va se décaler assez vite. Le moment critique, ce sera une dépression avec du vent de Sud fort pendant 12 heures et de la grosse mer de face. Après le front, on aura du Nord-Ouest pour glisser vers le sud. »
Philippe Burger, co-skipper Gras Savoye Berger Simon Obportus (Class40)
« Nous sommes des compétiteurs et ça nous plaît de venir nous frotter aux meilleurs. Le stress monte un peu à la veille du départ. Je commence à faire de la relaxation, je respire tandis qu’Olivier est assez relax. Il faut maintenant s’isoler, faire le vide, rentrer dans la course, se coucher tôt ! Demain, on se donne rendez-vous vers 7h30 car nous quittons le ponton à 9h07… »