J-3 avant le grand départ de la 13e Transat Jacques Vabre dimanche 5 novembre à 13h35… Et déjà l’excitation du coup d’envoi de cette longue chevauchée se fait sentir. Les marins s’apprêtent à rentrer dans leur bulle, étudient avec plus de précision les fichiers météo, peaufinent les derniers préparatifs. Revue des troupes chez les 13 Imoca et les 3 Ultimes. Qui sont les favoris et pourquoi ?

Imoca : 6 prétendants à la victoire

Il y a deux choses à prendre compte au moment de faire un pronostic. Non pas l’âge du capitaine, mais celui des bateaux, et le niveau de jeu des duos sur leur monture. Sur cette édition de la Route du Café, 5 bateaux sont équipés de foils : St Michel-Virbac, Bureau Vallée, Des Voiles et Vous, Malizia II et Initiatives-Cœur. Ce dernier, le bateau de Tanguy de Lamotte et de Sam Davies, n’est pas de la génération 2015. Lancé en 2010, il fut ensuite équipé de foils pour courir avec Jérémie Beyou le Vendée Globe 2016. Il est clair que ces 5 équipages visent le podium, voire clairement la victoire pour Jean-Pierre Dick et Yann Eliès (St Michel-Virbac). « On a fait nos devoirs correctement, on est prêts » confie sereinement le Niçois, grand spécialiste du double, fort de trois victoires en Imoca sur la Transat Jacques Vabre. Un mot sur le couple Burton/Escoffier à bord de Bureau Vallée, bateau gagnant du tour du monde en solitaire : leur course sera celle de l’apprentissage des manettes de leur Imoca. Un podium serait un super bonus…

Mais la liste des prétendants ne s’arrête pas là. SMA skippé par Paul Meilhat et Gwénolé Gahinet dispose de tout sur le papier pour faire des lumières. Un excellent bateau à dérive (lancé en 2011), un tandem fluide qui s’apprécie, de longues heures de navigation dans les bottes : « Nous sommes plus à l’aise au près et au vent arrière que les foilers, dans les petits airs aussi. Mais au-dessus de 15 nœuds aux allures de puissance, ils peuvent naviguer 10 à 15% plus vite que nous ». Les deux compères rêvent d’une météo compliquée où ils pourraient tirer leur épingle du jeu…
Une course dans la course aura bien lieu entre cinq autres Imoca de génération 2007 : La Mie Câline – Artipôle, Bastide Otio, La Fabrique, Newrest-Brioche Pasquier et Generali, bateau à gros potentiel anciennement aux mains de Yann Eliès. Deux autres pourront toujours jouer les trouble-fêtes : Vivo A Beira (2004) et le plus ancien, Famille Mary – Etamine du Lys (1998).

Ultime : duel en perspective

Clairement, la victoire se jouera entre les deux trimarans géants : Maxi Edmond de Rothschild (32 m) et Sodebo Ultim’ (31 m). Et le duel s’annonce diablement croustillant. Thomas Coville, comme toujours, a les bons mots pour qualifier la bataille : « Ce sera celle de deux générations. Un trimaran tout neuf, ce qui se fait de mieux aujourd’hui, et un autre arrivé à maturité qui fait parfaitement le job. » Sur son trimaran mis à l’eau début juillet, Sébastien Josse accompagné de Thomas Rouxel dispose d’une machine incroyablement performante avec ou sans foils, mais ce sera sa première grande course. Thomas Coville, lui, détenteur de deux records cette année (tour du monde en solitaire et Atlantique Nord) compte bien, avec sa moitié Jean-Luc Nélias, « terminer l’année en beauté »… Enfin, l’équipage de Prince de Bretagne, Lionel Lemonchois et Bernard Stamm, se délecte d’avance des formidables bords de glisse qu’ils vont s’offrir à deux. On ne refait pas deux marins qui ont la mer dans la peau…

ILS ONT DIT

Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim’ (Ultime)

« On est dans la même position qu’il y a deux ans avec Macif. Sauf que Edmond de Rothschild est encore plus extrême dans sa conception, adossé à une écurie incroyable qui remplit bien son rôle. Nous, à l’inverse, on a un bateau issu de Geronimo qui a évolué et qui a bien fait le job. Il est la maturité de l’ancienne génération. Cette Transat Jacques Vabre sera une compétition entre les deux générations. Je suis très concentré mais je n’ai pas de stress. Avec Jean-Luc, on a envie de bien finir cette année qui a été exceptionnelle ».

Servane Escoffier, co-skipper de Bureau Vallée (Imoca)

« On est encore dans une phase d’apprentissage, nous ne nous sommes pas vraiment confrontés à la concurrence. Il y a eu énormément de choses à ingurgiter sur le bateau (ex Banque Populaire d’Armel Le Cléac’h, ndlr). Au début, on était dans nos petits souliers. C’est beaucoup de travail. Le bateau a un potentiel de dingue, mais les dixièmes de nœuds, il faut aller les chercher. »

Sébastien Josse, skipper de Edmond de Rothschild (Ultime)

« Le cahier des charges du bateau, c’est qu’il puisse passer une grosse dépression avec 5 mètres de creux et 40 nœuds de vent, et qu’après on puisse le faire voler dans certaines conditions, pour avoir un effet turbo. C’est un bateau solide, raide, avec des volumes dans les flotteurs. Sans foils, le bateau marche super bien. Le but n’était pas de faire un engin de vitesse de type AC50. »

Paul Meilhat, skipper SMA (Imoca)

« La force du double, c’est de bien se connaître évidemment mais surtout d’avoir intégré Gwéno très tôt dans le projet, avant même la mise à l’eau du bateau. Le chantier permet de vraiment comprendre nos bateaux qui sont sans doute les plus compliqués de la flotte. A l’arrivée, tu te rends compte que les projets gagnants sont souvent ceux où ça s’est bien passé entre les marins. »

Alan Roura, skipper de La Fabrique (Imoca)

« C’est une course intense, avec plein de période de transition. On va pousser sur le bateau comme deux solitaires la tête dans le guidon dès le départ ! On se fixe l’objectif d’arriver au Brésil après avoir fait une belle navigation. Je me dis quand même qu’il faut viser le podium des bateaux à dérive. Ca serait vraiment bien. Avec Fred (Denis) on ne lâchera rien, c’est sûr. »

Yann Eliès, co-skipper St Michel-Virbac (Imoca)

« Il y a un tiers des bateaux qui peuvent gagner en Imoca, je nous mets dedans. Avec SMA, je pense qu’on fait partie de ceux qui ont le plus navigué. Il y a aussi un bon bateau et un bon duo, c’est Des Voiles et Vous avec Morgan Lagravière et Eric Peron. Bureau Vallée et Initiatives-Cœur peuvent aussi faire un podium. C’est assez homogène finalement et il y a de très bons tandems qui peuvent créer la surprise. De notre côté, on a fait avec Jean-Pierre le maximum pour être prêts et pour bien marcher. »

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