La vie rêvée du Ministe
Bien sûr, il y avait quand même de l’émotion au départ de cette deuxième étape. On ne traverse pas l’Atlantique pour la première fois sans une petite appréhension et même les habitués savaient qu’ils partaient pour deux semaines a minima compte-tenu des conditions météorologiques annoncées et du changement de parcours par les îles du Cap-Vert.
C’est Marc Miro Rubio (Alfin) qui quittait le premier le ponton de Las Palmas à bord de l’unique Pogo 1 de la flotte, tandis que David Allamelou (Boréal) inaugurait le bal des prototypes. Le défilé des solitaires pouvait commencer dans la marina de la Latina Vela. Sur les pontons, les concurrents cherchaient le meilleur moyen de faire passer leurs émotions, de témoigner des relations qui s’étaient nouées avant cette deuxième étape qui sera pour tous, à un moment ou un autre, une plongée en solitude. A coups d’étreintes viriles (mais correctes), de poignées de main qui s’éternisent, de petits baisers, les pontons débordaient de « fais attention à toi », de « on se retrouve autour d’un punch au Marin », de « fais-toi plaisir, mais n’oublie pas de t’attacher ». Ceux pour qui c’était la première fois, tentaient de travestir leur appréhension d’être enfin au pied du mur. Les récidivistes prenaient forcément l’affaire avec un peu plus de détachement. A l’applaudimètre, c’est sans conteste Marta Güemes (Artelia), en bonne locale de l’étape, qui remportait la mise. Concession aux temps modernes, nombre de concurrents n’oubliaient pas de brancher leur petite caméra Go-Pro pour fixer sur la pellicule cette sortie des bateaux et les amis qui restent à terre. La fable de l’arroseur arrosé en quelque sorte.
Départ en douceur
Sur l’eau, le vent tardait à s’installer durablement pour finalement s’orienter à l’est nord-est quelques minutes avant le départ. Dès la ligne franchie, les solitaires s’activaient pour hisser le code zéro, cette voile entre foc et spinnaker, quand quelques audacieux optaient directement pour le grand spi. Partis légèrement sous le vent de la ligne Ian Lipinski (Griffon.fr) suivi de Jonathan Chodkiewiez (Tasty Granny), Gauthier Enguehard (Facet Ingenierie) et Quentin Vlamynck (Arkema 3) se hissait rapidement en tête. Dans le groupe au vent Arthur Léopold-Léger (Antal-XPO) prenait le meilleur sur une flotte de bateaux de série menée par Yannick Le Clech (Dragobert) suivi comme son ombre par Ambrogio Beccaria (Alla Grande Ambecco), Clarisse Crémer (TBS) et Erwan Le Draoulec (Emile Henry). Sous le vent Pierre Revol (Maribambelle) tirait parfaitement son épingle du jeu et venait se positionner aux avant-postes de la flotte. Petit à petit, les spis fleurissaient à mesure que le vent adonnait. La grande descente vers le sud commençait.
Après une heure de course, on retrouvait quasiment tous les favoris à l’avant de la flotte à l’exception de Valentin Gautier (Shaman – Banque du Léman) en série et de Romain Bolzinger (Spicee.com) en prototype.
Tandis que la flotte s’étirait le long de la côte orientale de Gran Canaria, en queue de flotte on prenait ce début d’étape avec une certaine philosophie. Julien Bozzolo (Mariolle), Marc Miro Rubio, Elodie Pédron (Manu Poki et les Biotechs) et Boris Pelsy (Novintiss) se disputaient la lanterne rouge en toute décontraction… Il reste encore tant de milles à parcourir.
Premiers choix tactiques
A peine l’île de Gran Canaria débordée, la flotte va devoir faire ses premiers choix tactiques. La tendance générale devrait être de pousser le bord bâbord amure jusqu’aux côtes d’Afrique. Les coureurs étaient en revanche divisés sur la conduite à tenir, une fois proches des rivages de Mauritanie. Certains routages préconisent de jouer des effets de pointe en multipliant les empannages le long de l’Afrique. Mais, outre que cela impose de multiplier les manœuvres de spi, parfois de nuit, cette route suppose aussi le risque de rencontres avec les pêcheurs locaux qui peuvent parfois se révéler intrusifs. Nombre de concurrents avouaient préférer repartir au large dès qu’ils rencontreraient les vents plus soutenus annoncés. Accepter de perdre un peu pour diminuer les risques au départ d’une étape qui promet d’être longue n’est pas forcément un mauvais calcul…
Pointage le 1er novembre à 16h (TU+1)
Prototypes
- Andrea Fornaro (Sideral) à 2930,4 milles de l’arrivée
- Erwan le Mené (Rousseau Clôtures) à 0,5 milles
- Ian Lipinski (Griffon.fr) à 0,5 milles
- Quentin Vlamynck (Arkema 3) à 0,7 milles
- Simon Koster (Eight Cube Sersa) à 0,8 milles
Série
- Ambrogio Beccaria (Alla Grande Ambecco) à 2931,5 milles de l’arrivée
- Yannick Le Clech (Dragobert) à 0,0 milles
- Clarisse Crémer (TBS) à 0,4 milles
- Erwan Le Draoulec (Emile Henry) à 0,5 milles
- Pierre Revol (Maribambelle) à 0,6 milles