L’envol du dernier né de Banque Populaire
Deux années et plus de 135 000 heures de réflexion, de travail et d’énergie auront permis au Team Banque Populaire et à Armel Le Cléac’h de donner naissance au Maxi Banque Populaire IX, un multicoque de course nouvelle génération. Ce nouvel Ultim, maniable en solitaire, capable d’être propulsé au-dessus de l’eau et ciselé pour les plus belles aventures autour du globe, a touché l’eau ce jour à 12h20 à Lorient. Il était un défi ambitieux et audacieux il y a deux ans, il est aujourd’hui un bijou d’innovation de 14 tonnes. Ceux qui l’ont imaginé racontent sa naissance.
Le Maxi Banque Populaire IX : un concentré de savoir-faire et de technologie
La nouvelle machine d’Armel Le Cléac’h, armée par la Banque de la Voile, met une nouvelle fois en lumière toute l’expertise du Team Banque Populaire, acquise en 28 ans d’engagement dans la course au large. L’équipe de Ronan Lucas, son directeur, a enchaîné des mois de recherche et de développement pour aller jusqu’au bout de sa démarche d’innovation et accomplir le défi d’assemblage de ce puzzle géant. L’expérience du Team Banque Populaire, que ce soit pour la construction de Banque Populaire V (plus grand trimaran de course jamais construit), puis l’évolution de Banque Populaire VII (ex Groupama 3), a aussi permis de mieux définir les systèmes du bord tout comme l’appréhension des efforts, qui restent colossaux sur ce type de bateau. C’est tout le savoir-faire du Team qui a été mis au service de ce nouveau géant des mers : « Nos bateaux ont participé aux plus grandes courses et records, que ce soit en solitaire ou en équipage. Nous avons une bonne vision de la navigation à trois coques et surtout des capacités d’un seul homme à bord. Avec le temps, les choses évoluent évidemment : si l’on compare le Maxi Banque Populaire IX avec le Maxi Banque Populaire VII, il aura la même puissance, tout en étant plus léger de deux tonnes avec des surfaces de voile quasi identiques » explique Ronan Lucas.
Un Team en quête incessante d’innovation
Le Maxi Banque Populaire IX, dernier né des maxi trimarans, plus léger et puissant est équipé en outre d’un mât-aile basculant, d’appendices mobiles, notamment de foils. Les architectes et le bureau d’études du Team ont par ailleurs optimisé le couple de redressement – l’effet combiné du poids et de la poussée d’Archimède ou encore le point d’équilibre à la gîte – essentiel sur un tel multicoque. Ils ont également amélioré les performances dans le petit temps. De fait, bien que plus large (23m), ce nouveau trimaran est plus léger et avec le même couple de redressement que Banque Populaire VII, vainqueur de la Route du Rhum en 2014. Mais l’innovation majeure réside à la fois dans ses trois safrans munis de plans porteurs à ses extrémités, ainsi que dans ses foils permettant au bateau de voler à très haute vitesse. Si les foils ne sont désormais plus une nouveauté en soi, c’est surtout le fait de pouvoir les régler en temps réel en navigation comme sur les catamarans de la dernière Coupe de l’America qui a nécessité un développement très complexe, tant sur les systèmes de commandes que sur la structure des puits les accueillant. Sur une machine océanique conçue pour être menée en solitaire, les foils mobiles doivent pouvoir être rétractés, voire figés manuellement selon les conditions de mer et de vent, et ce sans que le trimaran ne soit handicapé pour naviguer de manière conventionnelle. Ces manœuvres devront être réalisées par un homme seul à bord à la seule force de ces bras. C’est aujourd’hui un enjeu majeur sur cette nouvelle génération de multicoques, sur lequel le Team Banque Populaire a beaucoup travaillé. « Le vol est dans l’air du temps, on le tutoyait sur le Vendée Globe avec le Mono Banque Populaire VIII. Avec ce géant de 14 tonnes, il y a aura des moments où l’on pourra voler intégralement. Une telle construction nous amène encore plus loin dans l’innovation technologique pour aboutir à des appendices plus porteurs. Nous souhaitons que notre Ultim soit performant quels que soient le type de régate et les conditions météo » précise Ronan Lucas.
Le Maxi Banque Populaire IX, fruit du travail de plusieurs corps de métiers
En amont de l’ouvrage réalisé par le chantier, il faut également signaler l’incroyable travail effectué par le bureau d’étude du Team Banque Populaire qui a réfléchi pendant des mois à l’adaptation d’une configuration prévue pour des courses in-shore à un bateau de près de 15 tonnes, taillé pour la course au large : « C’est le fruit d’un développement enrichi au fil des mois, qui a pris énormément de temps en terme de calculs de structure parce que c’est une multitude de pièces qui doivent fonctionner ensemble. Nous avons fait le choix de nous doter d’une plate-forme évolutive au maximum de la jauge mais avec un gréement plus typé pour le solitaire. Notre philosophie générale au sein du Team Banque Populaire, c’est de concevoir des bateaux polyvalents qui durent dans le temps » ajoute Kevin Escoffier, responsable du Bureau d’études.
Ce gigantesque chantier a été une nouvelle fois supervisé par Pierre-Emmanuel Hérissé, responsable technique du Team Banque Populaire : « Au-delà de l’équipe architecturale autour de VPLP et Martin Fisher, près de 100 personnes ont participé à la construction, entre l’équipe, CDK et les sous-traitants. Ces dernières semaines, près d’une cinquantaine de personnes s’est activée sur et sous le pont. Pour tous ceux qui ont œuvré à ce projet, cette mise à l’eau est une étape symbolique qui représente l’aboutissement de plus de 20 mois de chantier. »
Un skipper fier de sa nouvelle monture océanique
« L’expérience vécue sur le précédent trimaran Banque Populaire VII me permet de visualiser ce qui m’attend avec ce nouveau bateau. Ce qui change, ce sont la vitesse et le poids. Plus on soulève le bateau avec les foils et plus il accélère. On a l’impression de planer, cela devient de la conduite de haut vol et il va falloir maîtriser le pilotage pour assurer notre sécurité. Nous avons essayé d’aller plus loin dans les petits détails pour nous améliorer constamment. Ma patte sur ce géant, c’est le cockpit. Nous avons passé du temps avec l’équipe pour optimiser les manœuvres et la vie à bord. En multicoque, les voiles étant plus grandes et lourdes, prendre un ris peut prendre quatre fois plus de temps qu’en monocoque IMOCA. Il faudra anticiper les bons réglages pour ne pas se faire dépasser par la machine. C’est un autre exercice tout aussi passionnant » raconte Armel Le Cléac’h.
Prendre la mer au plus vite
Dès les prochains jours, le Maxi Banque Populaire IX, mené par Armel Le Cléac’h qui ne cache pas sa hâte de naviguer de nouveau, entamera une longue période de mise au point : « Ce trimaran comporte des systèmes complexes, la prise en main ne va pas être simple. Cet hiver va être dédié à une série de tests et de réglages en mer. Ensuite, l’idée est de naviguer au large dans des conditions variées pour fiabiliser le bateau. Nous souhaitons effectuer plusieurs transatlantiques avant l’été pour cumuler un maximum de milles avant la Route du Rhum en novembre 2018 » explique le vainqueur du dernier Vendée Globe.
Ils ont dit :
Ronan LUCAS, directeur du Team Banque Populaire
« C’est un grand jour avec un peu d’émotion. Maintenant on est très impatients d’aller faire nos premiers milles en volant. C’est le 3e bateau réalisé avec CDK Technologies, ce sont des gros projets de tels multicoques et cette longue aventure requiert beaucoup d’énergie. On remercie aussi nos amis architectes pour le travail des calculateurs et de toute l’équipe. On espère naviguer en fin de semaine on a encore quelques tests statiques à faire et confirmer si tous les points d’ancrage correspondent au cahier des charges. On commencera à mettre en place tout ce qui doit l’être dans les jours qui suivent. On aura pas mal d’essais. Mi-novembre on devrait voler ».
Kevin ESCOFFIER, responsable du Bureau d’Etudes Team Banque Populaire
« Un jour comme aujourd’hui, c’est toujours une étape, on a mis le bateau à l’eau et c’est toujours émouvant car c’est la fin d’un cycle qui a duré pratiquement deux ans depuis le début de la construction. On a pensé, conçu, construit le bateau, on a imaginé comment il allait fonctionner. Maintenant on a hâte de voir si son comportement réel sur l’eau est tel qu’on l’a imaginé. Ce qui est sûr, c’est qu’on va voler ! La question est de savoir quand et à quelle vitesse !
Stéphane DIGARD, responsable du chantier CDK Technologies
« Le chantier s’est très bien passé ! Je remercie Banque Populaire de sa confiance pour ce projet qui représente 135 000 heures de travail sur 20 mois de construction. Nous avions tous hâte de voir le bateau sortir des ateliers, de le voir sur l’eau retrouver son élément premier ».
Vincent LAURIOT-PREVOST, architecte Cabinet VPLP :
« Autour du Maxi Banque Populaire IX, il y a une belle histoire humaine qui dure depuis deux ans. Armel a pu nous donner les grandes lignes car il connaît bien le fonctionnement de ce support grâce à son expérience avec Banque Populaire VII à une nouveauté près, c’est que ce bateau doit voler. Nous avons dû rajouter quelques artifices pour que le trimaran vole. C’est un bateau laboratoire, nous aurons bien sûr des évolutions à faire au fil des mois. »
Jean-Baptiste EPRON, graphiste-navigateur
« Cela fait longtemps que je travaille avec Banque Populaire et c’est vraiment très agréable pour la confiance que cet armateur historique m’accorde. Cette fois-ci, sur la décoration, les échanges avec l’équipe communication ont été très intéressants tout comme le travail avec Pierre-Yves Moreau, mon interlocuteur pour la réalisation technique au sein du Team Banque Populaire. Cette année, ma mission a été élargie avec une collaboration menée avec Kevin Escoffier sur le style du roof. C’est à chaque fois une grande chance de travailler sur des oiseaux d’une telle envergure et aussi un grand moment d’émotion. »
Frédéric CHENOT, Directeur du Développement Banques Populaires
« Nous sommes très heureux de cette nouvelle étape dans le développement de notre politique de sponsoring. La construction par le Team Banque Populaire d’un bateau innovant qui participera à de grandes aventures illustre nos valeurs d’audace, de ténacité, et de recherche de performance. Après la victoire d’Armel sur le dernier Vendée Globe, notre engagement dans la voile de compétition s’inscrit une nouvelle fois dans la confiance et la durée. J’ai hâte de voir cette belle machine prendre son envol au-dessus des flots pour écrire de nouvelles grandes et belles histoires. »