Avec l’arrivée de Julien Mizrachi (UNAPEI), ils sont maintenant 78 coureurs à être arrivés à bon port à Las Palmas de Gran Canaria. Sur les 81 concurrents au départ, seuls trois solitaires ont été mis hors course : Matteo Rusticali sur démâtage, Luca Sabiu qui a déclenché sa balise de détresse au large de La Corogne et Frédéric Guérin qui suite à son démâtage, n’a pas pu réparer dans les 72 heures imparties, mais compte bien rallier les Canaries, malgré tout.

Rarement, la première étape de la Mini-Transat aura connu aussi peu d’abandons lors de la première étape. Deux raisons majeures à ce taux de réussite exceptionnel : d’une part, le niveau de préparation des coureurs s’améliore au fil des éditions, mais surtout les conditions météorologiques rencontrées ont été particulièrement clémentes. A l’exception de quarante-huit heures un peu musclées lors du passage du cap Finisterre, les solitaires ont plus subi du petit temps que de la brise.

C’est d’ailleurs ce qui fait que cette étape aura été l’une des plus longues de l’histoire de l’épreuve, même si dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les performances des bateaux n’avaient rien à voir avec celles des meilleurs prototypes ou des bateaux de série dernier cri.

Protos : victoire sur le fil

Sur le plan sportif, Ian Lipinski (Griffon.fr) a rencontré pour la première fois depuis deux ans, une véritable concurrence. C’est tout d’abord Erwan Le Mené (Rousseau Clôtures) qui a mené la vie dure au favori de l’épreuve jusqu’à ce qu’il brise son bout dehors à la sortie du DST du cap Finisterre. Pour autant, Ian n’en avait pas fini avec ses adversaires puisque c’est un outsider inattendu, en la personne d’Arthur Léopold-Léger (Antal XPO), qui venait titiller le leader. Arthur, malgré une préparation écourtée et un engagement professionnel particulièrement prenant a su profiter des conditions météorologiques pour revenir sur la tête de course et même envisager de remporter cette première étape. Mais comme une certaine équipe de Nouvelle-Zélande en rugby, au final c’est Ian Lipinski qui gagne… pour 113 secondes. « Le coup passa si près que le chapeau tomba… »

Derrière le podium, Romain Bolzinger (Spicee.com) garde toutes ses chances à moins d’une heure d’Erwan Le Mené. Il est suivi par une cohorte de protos, d’Aurélien Poisson (TeamWork), cinquième à Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne) dixième, en passant par Simon Koster (Eight Cube – Sersa), Jorg Riechers (Lilienthal), Keni Piperol (Région Guadeloupe) et Patrick Jaffré (Projet Pioneer). Tout juste trois heures séparent tous ces prétendants au podium, ce qui promet une belle bagarre pour la deuxième étape.

Séries : la valse des leaders

Sept leaders différents, 13 changements en tête de classement, ces quelques chiffres démontrent à quel point la bagarre fut acharnée en tête de flotte des bateaux de série. L’écart maximal entre le leader et son premier poursuivant a été atteint le 5 octobre quand Clarisse Crémer (TBS) a possédé 32 milles d’avance sur le reste de la flotte. Deux jours plus tard, elle accusait un retard de 35 milles sur Rémi Aubrun (Alternative Sailing – Constructions du Belon), qui finira deuxième de l’étape. Au final, c’est Valentin Gautier (Shaman – Banque du Léman) qui empochera la mise grâce à une option est très marquée dans les derniers jours de course. Valentin Gautier dispose d’un tout petit matelas d’avance sur le reste du podium, un peu plus de deux heures. Sept heures, c’est l’écart entre le deuxième et le vingt-et-unième, David Alonso (Blue Oscar), une paille à l’échelle d’une traversée de l’Atlantique. A noter les très jolies performances d’Ambrogio Beccaria (Alla Grande Ambecco) et Frédéric Moreau (Petit Auguste et Cie) qui prennent les sixième et septième places à bord de leurs Pogo 2. Comme quoi, un bateau de série d’ancienne génération bien mené peut encore mener la vie dure aux derniers-nés, Pogo 3 et autres Ofcet.

A l’eau, boulot, dodo

Il est d’habitude une tradition à l’arrivée de la Mini-Transat qui fait que chaque nouvel arrivant passe à l’eau, à peine débarqué sur le ponton. La promotion 2017 a placé la barre très haut, puisque dès l’escale de Las Palmas, le rite des bains forcés s’est institué, ce qui promet quant à l’arrivée au Marin à la mi-novembre. En attendant le départ le 1er novembre, la petite communauté des Ministes s’organise. Certains sont rentrés dans leurs pénates, d’autres ont préféré rester sur place, investissant dans une location de maison dans des zones moins urbanisées de Gran Canaria, souvent à proximité des spots de surf et autres sports de glisse… On est Ministe ou on ne l’est pas. Quelques-uns ont rejoint Marta Güemes originaire de l’île voisine de Lanzarote, pendant que ceux qui avaient des travaux de bricolage à effectuer sont restés sur place pour remettre leur bateau à neuf. Tout le monde se retrouvera à partir du 25 octobre, pour les contrôles de sécurité en vue de la deuxième étape. Le 28 octobre, ce sera le prologue et la remise des prix de l’étape La Rochelle – Gran Canaria. Il restera trois jours avant le grand saut. Cette fois-ci, pas d’échappatoire, une fois lancés sur l’Atlantique, les solitaires n’auront plus de terre en ligne de mire avant les Antilles. Mais c’est aussi ce frisson qu’ils sont venus chercher.

Source

Articles connexes