Love is in the air
De superbes courses validées chaque jour durant une pleine semaine pour toutes les séries Modernes, Wally ou Classiques, une météo estivale, marquée par la collaboration sans faille du Dieu Eole, la bonne humeur fraternelle de près de 4 000 marins, des partenaires engagés à soutenir et préserver l’esprit des Voiles, cet unique amalgame de fête et de nautisme… l’édition 2017 des Voiles de Saint-Tropez peut sacrer ce soir ses vainqueurs avec la certitude d’avoir une nouvelle fois célébré avec style le yachting dans toutes ses composantes internationales. Les équipes du Président Beaufils ont de nouveau fait merveille, à terre bien entendu pour accommoder skippers et propriétaires, mais surtout sur l’eau, pour assurer chaque jour du fond du Golfe à Cavalaire ou aux Issambres, l’organisation optimisée de régates équitables, variées, offrant aux marins les possibilités de déployer tout le potentiel de leurs machines, quelles que soient les conditions de mer ou de vent, dans l’écrin unique du golfe de Saint-Tropez. Chacun des 19 groupes en lice consacre ainsi ce soir de magnifiques champions, au terme d’une grande semaine de compétition disputée dans quasiment tous les types de vent.
Mariska joue la montre : vainqueur à qui perd gagne
Journée pour le plaisir pour Christian Niels et ses hommes (et femme) de Mariska, sûrs depuis hier de leur victoire finale, quelle que soit l’issue de la course d’aujourd’hui. Il s’avère que dans le vent forcissant de ce superbe après-midi tropézien, ses adversaires ont tenu à tirer un dernier baroud d’honneur et c’est en quatrième position que le plan Fife de 1908 en terminait avec cette dernière manche des Voiles 2017. A égalité de points avec The Lady Anne, vainqueur du jour, Mariska est déclaré au final vainqueur de l’épreuve et empoche le Trophée Rolex, au bénéfice du nombre de manches remportées (trois !). Après ses victoires à Palma et à Monaco, c’est sur un grand chelem que Mariska clôt sa somptueuse saison !
On retiendra à l’examen des résultats définitifs dans chacun des nombreux groupes de voiliers classiques, les victoires des « stars » tant aimées des Voiles, Moonbeam III chez les Grand Tradition, Spartan et Linnet (Epoque aurique), Rowdy, Cholita et Cippino II chez les élégants époque Marconi, ou Maria Giovana II dans la Classe « Invités »…
Hold-up chez les TP 52
Quatre manches ont été validées pour chacun des 5 groupe IRC qui rassemblent la crème des régatiers de Méditerranée, Français et Italiens, mais aussi Britanniques et Allemands. Les joutes ont été âpres tout au long de la semaine, tant une victoire au prestigieux Trophée Groupe Edmond de Rothschild aux Voiles est un véritable must dans la série.
La belle empoignade des TP 52 en IRCC a tourné court pour le postulant à la victoire Renata crédité de deux OCS pour des départs anticipés, et qui voit son principal adversaire Alizée de Laurent Camprubi lui damer le pion sur les deux dernières courses de la semaine. C’est Arobas de Gérard Logel qui complète le podium de ce groupes éminemment sportif.
Lyra roi de la piste
Deux parcours de type banane étaient pour cette dernière journée proposés aux 14 majestueux Wally, déjà crédités de quatre manches. Le vent est progressivement monté du côté de Pampelonne pour donner aux géants futuristes tout le carburant vélique qu’ils apprécient. A égalité de points ce matin avec le Wallycento Magic Carpet3, le Wally 107 Open Season à bord duquel officie Jochen Schuman, se devait de réaliser un sans-faute aux avant-postes. Un objectif à demi réalisé au terme d’un premier parcours bouclé en deuxième position. Las, la deuxième manche voyait les espoirs du géant s’évanouir quand la rupture d’une drisse de génois le privait de ses armes majeures. Mais c’est bien le Wally 77 Lyra, irréprochable aujourd’hui avec une victoire et une deuxième place qui vient damer le pion aux favoris et graver son nom au palmarès des Voiles, devançant Open Season et Magic Carpet3.
Il est venu, il a vu, il a vaincu
Cela peut surprendre, mais Franck Cammas, Aixois bon teint, participait cette semaine pour la toute première fois aux Voiles. Il avait choisi une monture bien connue de lui même et de certains de ses boys du Team France, Babsy, un VOR 70 sistership de son Groupama IV, vainqueur de la Volvo Ocean race en 2012. Insatiable compétiteur, Franck s’impose dans la catégorie des grands IRCA, à la barbe des géants Cannonball, le tout nouveau Maxi 72 et ses trois victoires de manche, et Rambler, la machine à broyer les records de Georges David. Babsy, à bord duquel naviguait également Lionel Péan – les deux seuls Français vainqueurs de la course autour du monde en équipage Withbread/Volvo réunis sur le même bateau pour la toute première fois – Charlie Dalin ou Noé Delpech, a su tirer le meilleur parti des conditions ventées d’une bonne partie de la semaine, en limitant les dégâts dans les phases moins ventées.
Les J Class et les Fife en 2018
L’Association des J Class a annoncé son programme de courses pour l’année 2018. Il s’agit d’un championnat à points comprenant quatre grands rendez-vous aux Antilles, puis en Méditerranée. Les Voiles de Saint-Tropez clôtureront ce championnat qui devrait rassembler, espère-t’on, un grand nombre des 9 somptueux J Class en activité. Une attraction majeure pour les Voiles qui avaient déjà reçu jusqu’à 3 de ces géants il y a quelques années.
Le programme :
St Barth’s Bucket, Caribbean
Superyacht Cup, Palma
Maxi Yacht Rolex Cup, Porto Cervo
Les Voiles de St Tropez, France
Les J Class en activité : Endeavour, Hanuman, Lionheart, Rainbow, Ranger, Shamrock V, Velsheda, Topaz et Svea.
Quant aux magnifiques voiliers Fife portant la marque du célèbre Dragon, ils célébreront aux Voiles le 130ème anniversaire de cet emblème universellement reconnu et respecté.
En bref
La « calmitude » du Jury des Voiles
Yves Léglise, Président du Jury International des Voiles de Saint-Tropez se souvient de sa première participation il y a maintenant 10 ans ; « Nous avions dû gérer pas moins de 98 réclamations » souligne-t’il. Cette année, à cause peut-être d’une météo clémente, et sans doute d’une plus grande professionnalisation des équipages, il n’aura en tout et pour tout reçu que… 6 « protests.
3 secondes et 1022 m2
C’est probablement un record mondial en la matière : Magic Carpet3, le Wallycento qui brille aux Voiles, est capable d’envoyer son immense spi de 1 022 m2 en seulement… 3 secondes, grâce à un winch électrique particulièrement performant…
Marc Pajot parle de Tango
Skipper « historique » de la saga des Tango, Marc Pajot est naturellement en première ligne de la mise au point et de l’optimisation du nouveau Tango, un Wallycento récemment mise à l’eau. « Nous n’avons que 8 jours d’entrainement dans les voiles » explique-t’il, « et les performances sont malgré tout déjà au rendez-vous. Nous avons atteint une pointe de vitesse à 26 noeuds dans la brise du début de semaine, et remporté une manche dans le petit temps. L’équipage doit encore progresser. Il est issu majoritairement de la Coupe de l’America, avec le propriétaire à la barre. L’ingénierie est très présente à bord, d’une manière très sophistiquée. Notre capitaine et son second officient comme de véritables ingénieurs. Tango est doté d’hydraulique et de winches électriques capables d’envoyer un génois de plusieurs centaines de mètres carré en moins de 7 secondes. Le bateau est bien né et cette première semaine de course aux Voiles nous procure énormément de satisfaction et d’enseignements… »
L’innovation inspirée par la tradition !
Les voiliers engagés dan le groupe « Esprit de tradition » sont des bateaux quelque peu « hybrides », qui combinent la beauté et le style des voiliers Classiques, à la performance des bateaux modernes. Ils sont un peu les « Classiques de demain ». Leur philosophie consiste à remettre au goût du jour l’esthétisme indémodable des voiliers d’antan, mais dotés des dernières technologies en terme de performance et de confort de navigation. Farfalla, Savannah ou Vintage sont aux Voiles les parfaites représentations de ce qu’est un Spirit of tradition.. »
Ils ont dit :
Franck Cammas- Babsy :
« Notre VOR 70 aime le vent et a brillé chaque fois qu’on a eu de la pression dans les voiles. Le format de parcours courts ne nous est guère favorable car nous devons beaucoup anticiper sur nos manoeuvres, et les petits bords ne sont guère propices à établir et notre vitesse et à jouer sur l’inertie. Nous tirons pourtant bien notre épingle du jeu, face à de très gros bateaux. J’ai beaucoup aimé cette semaine Tropézienne, très récréative. J’ai eu plaisir à naviguer ici et je repars avec de belles images en tête. Je reviendrai! »
Sébastien Destremeau – Ikra
« C’est toujours une fabuleuse expérience que de naviguer en 12 m JI, de surcroit en flotte face à quatre autres 12 mètres. On a pris énormément de plaisir. On regrette notre performance somme toute moyenne, malgré une victoire de manche. La concurrence a beaucoup progressé et nous devons travailler plus fort encore pour hausser notre niveau. Naviguer aux Voiles est magique. J’y pensais souvent durant mon Vendée Globe, et je mesurais la chance que j’ai d’être le skipper du voilier à l’origine d’un si bel événement… »