Les Voiles sont une fête, et le jeudi, peut-être plus que tout autre jour de la semaine, cette spécificité prend une ampleur particulière, quand skippers et propriétaires choisissent de vivre à leur manière, et de célébrer à leur échelle l’acte fondateur de la Nioulargue en reconstituant le défi entre Ikra et Pride en 1981. Plus d’une trentaine d’unités tant Modernes que Classiques s’étaient ainsi lancées le gant en format duel ou plus nombreux, pour rallier en course conviviale Pampelonne, sur les tracés historiques de la Club 55 Cup. Le reste de la flotte demeurait au port, offrant au nombreux public attiré par l’atmosphère estival du jour, l’occasion de découvrir à quai, et en présence des équipages, les sublimes voiliers engagés aux Voiles. La fête nautique et maritime se répandait vite dans les rues du petit port Varois, dans le sillage du défilé des équipages, qui résonnait tard dans la nuit de ce savoir bien vivre et bien partager si spécifique aux hommes et femmes de mer.

Savannah, nouveau Defender de la Club 55 Cup!

La Club 55 Cup opposait aujourd’hui le Defender Eugenia V, le ketch signé Rhodes de 1968, à Savannah. C’est ce dernier qui s’est imposé au terme des 15 milles du parcours depuis Saint-Tropez jusqu’à la plage de Pampelonne. Une régate de gentlemen selon les termes mêmes des protagonistes réunis au Club 55 pour célébrer le nouveau Defender !
En 1995, une plaisancière américaine engagée dans les régates de classe J, Elizabeth Meyer a voulu créer un Esprit de tradition. Ce voilier a été inspiré par les sloops J Class, de William Fife et un certain nombre d’autres beaux yachts, mais elle voulait un bateau de moins de 100 pieds de long. Pour ce Classe J, Pedrick et Munford ont travaillé en équipe pour créer Savannah. Le résultat est d’une beauté frappante, ce yacht qui représente le must de la conception des yachts du 20ème siècle.

Des défis animés

Une dizaine de défis sont venus toute la journée animer le plan d’eau entre le petit port de Saint-Tropez et la plage de Pampelonne, sur le tracé historique du challenge fondateur des Voiles en 1981. On notera notamment la volonté des trois 12 m JI Ikra, Sovereign et France de prolonger leurs empoignades de la semaine. Ils s’embarquaient dès la mi-journée dans une régate toute fraternelle en direction du Lion de mer, bord à bord, jaugeant leurs vitesses respectives à toutes les allures et dans un vent allant forcissant. Point de classement à l’issue de cette belle sortie, mais un appétit plus aiguisé que jamais pour en découdre dès demain au sein du groupe des Classiques marconi.

Encore plus majestueux peut-être, le duel à trois proposé par les grandes goélettes Elena (Herreshoff 2003), Puritan (Alden 1931) et Germania Nova (Oertz 2011) et qui a ébloui le golfe de cette profusion de voiles auriques tout au long d’un petit parcours côtier d’une dizaine de milles.

Pas de repos pour les 15 m JI

Engagés dans leur propre championnat que couronnera samedi le Trophée Rolex, les quatre 15 m JI avaient eux, décidé de poursuivre leurs joutes en programmant deux courses sur parcours de type banane au coeur du golfe. Un exercice rendu périlleux par le nombre important de bateaux spectateurs sur le plan d’eau du fond du golfe. Si le vent tardait à s’établir, il entrait en revanche puissamment dès le début d’après midi, corsant singulièrement les débats. Hispania semblait se racheter de son début de semaine en demi-teinte en animant les débats, ne s’inclinant que d’un souffle lors de la première course du jour face à Mariska, pour signer une belle victoire de manche lors de la deuxième course, devant Mariska et The lady Anne.

Au Sonderklass Tilly XV le Centenary Trophy.

Il fait sensation aux Voiles, par son élégance et sa redoutable efficacité sur l’eau. Il a aujourd’hui encore démontré toutes ses qualités en s’adjugeant le Centenary Trophy. Il devance Spartan et Linnet de respectivement 2 et 3 minutes ! Initié en collaboration avec la Société Nautique de Saint-Tropez par le Gstaad Yacht Club en 2011, le Centenary Trophy s’est déroulé aujourd’hui selon le format de la « pursuit race », les bateaux franchissant la ligne de départ en fonction de leur rating, ce qui permet aux concurrents de rivaliser sur un pied d’égalité. Ce format est particulièrement apprécié tant par les marins que par le public, par sa simplicité : le premier bateau à franchir la ligne d’arrivée au large de la digue Saint-Tropez est le vainqueur.

Les lauréats du Centenary Trophy :

  • 2011: Bonafide (1899)
  • 2012: Marigold (1892)
  • 2013: En raison de conditions météorologiques défavorables la course n’a pu avoir lieu et le trophée n’a pas été attribué
  • 2014: Olympian (1913)
  • 2015: Oriole (1905)
  • 2016: Spartan (1913)
  • 2017 : Tilly XV (1898)

Le point sur les régates

Une météo variée dans un registre toujours digne d’un début d’été, a permis la validation dans la majorité des 19 groupes tant Modernes, Classiques que Wally, d’au moins deux courses à mi-parcours de cette édition 2017 des Voiles. Les sublimes Wally et les élégants 15 m JI ont même déjà inscrit 3 manches à leurs classements. C’est Open Season, le Wally 107 lancé en 2012 qui mène les débats pour le Trophée BMW et tient à distance les deux Wallycento Magic Carpet 3 et Tango. Rien n’est joué à mi-parcours des régates puisqu’un petit point sépare les deux leaders. Franck Cammas ne fait pas mentir sa réputation ; le dernier vainqueur français de la Volvo Ocean race, associé à Lionel Péan, vainqueur lui en 1986, fait briller Babsy, le VOR 70 qui domine ce soir les Maxis yachts My Song et Farfalla. Les TP 52 règnent en maitre chez les IRC C pour le Trophée Groupe Edmond de Rothschild, avec un Renata à Orel Kalomeni déjà bien détaché des assauts d’Arobas (Gérard Logel) et d’Alizée (Laurent Camprubi).

Les Auriques de Class P ou Métrique offre un somptueux affrontement qui tourne pour l’heure à l’avantage d’Olympian, le magnifique Class P signé Gardner. Il devance de 2 petits points Spartan, le NY50 Herreshoff et Kelpie, le cotre aurique Alfred Mylne. Bruno Troublé et son P Class Chips (Burgess 1913) demeure en embuscade.

Wallycento selon Lindsay Owen Jones ; une vision !

« J’ai encore un bateau en moi. Je ne sais pas à quel moment je me suis rendu compte que l’on avait généré une lignée assez exceptionnelle avec les trois Magic Carpet. Cela ressemble au parcours de ma vie professionnelle, où comme PDG, j’ai eu du succès avec ma société pendant très longtemps et ce succès continue d’ailleurs. À l’image des Magic Carpet. Je ne suis pas fasciné par les sportifs qui font un coup d’éclat mais par ceux qui font fait une longue carrière au plus niveau, sur la durée, comme par exemple Michael Schumacher chez Ferrari. J’aime les histoires qui ont du sens. Pour quelqu’un d’un certain âge, l’aventure, la compétition, le stress, l’obligation de rester en forme physique, car ce sont des bateaux physiques dans la brise, cela aide à rester dans le coup, de vivre passionnément et je n’ai pas du tout envie de renoncer à cette excitation. Pour prolonger tout cela je pense tous les jours à un bateau plus rapide et, dès que je constaterai que la technologie aura suffisamment avancé pour nous indiquer qu’un Magic Carpet Quattro est possible, qu’il soit vraiment plus rapide – car je ne veux pas refaire le même que le Cubed -, je lancerai les études. J’ai attendu dix ans avant de me décider pour le Cubed car il y avait un vrai progrès, une nouvelle génération, un vrai projet avec le Cento. Pour l’instant on est plutôt dans le cadre d’avancées à la marge. J’attends le prochain virage. Est-ce que ce sera avec des foils, ce qui permettra de soulever un peu le bateau – un 100 pieds fait 50 tonnes !? Je ne sais pas. Il est sûr que je n’ai pas envie de faire un bateau plus grand, car ça devient juste plus lourd, moins amusant. J’aime être près de l’eau et 100 pieds, 30 mètres, est une longueur merveilleuse, noble, cela reste un bateau sportif. Si toutes les avancées sont suffisantes pour concevoir un nouveau bateau très performant et qui m’emmène facilement en croisière, je ferai le Quattro, vous pouvez compter sur moi ! »

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