Et les favoris sont…
Les pronostics sont faits pour être démentis… ou pas. Néanmoins, à quelques jours du départ de la Mini-Transat La Boulangère, les sentiments des uns et des autres donnent une première photographie des forces en présences réelles ou ressenties. Si les classements des courses d’avant saison comptent, d’autres critères sont mis en avant pour justifier les choix des uns et des autres.
« Des favoris, j’en ai tellement… C’est impossible de dégager un tiercé, notamment en bateaux de série. Comment veux-tu choisir ? » La remarque est récurrente auprès des concurrents qui achèvent de bricoler sur leur bateau à quelques jours du départ. Un jugement à nuancer tant la hiérarchie semble claire en prototype où Ian Lipinski (Griffon.fr) apparaît comme le grandissime favori. « Il a tout dominé depuis deux saisons, il maitrise son bateau à la perfection. Ce serait presqu’une injustice s’il ne gagnait pas cette Mini-Transat » témoigne Jörg Riechers (Lilcenthal), un des rares coureurs susceptibles de tenir la dragée haute à Ian.
Prototype, un trio, des outsiders
Si Ian Lipinski récolte l’unanimité des suffrages, les pronostics sont beaucoup plus ouverts dès lors qu’il s’agit de désigner le podium de cette édition 2017. Ils sont trois à se partager les suffrages pour deux places sur le podium, même si certains outsiders méritent d’être pris en considération. Jörg Riechers, malgré le fait que son bateau ait été mis à l’eau très récemment est souvent cité comme dauphin potentiel de Ian Lipinski. A son crédit, une carène qui semble bien née et l’indéniable expérience du skipper allemand.
Erwan Le Méné (Clôtures Rousseau) complète le podium des citations. Sa réputation de dur au mal, son aisance technologique et la perspective de naviguer sur le bateau vainqueur de l’édition 2015 lui donnent un crédit évident auprès de ses concurrents.
Enfin Simon Koster (Eight Cube) rallie logiquement nombre de suffrages. Le navigateur suisse en sera à sa troisième participation après les Mini-Transat de 2013 et 2015. Le travail de simplification de son prototype depuis la Mini-Transat 2015 a porté ses fruits et Simon peut compter sur une régularité de performances qui lui faisait manifestement défaut à certaines allures. Tout le talent de Simon, démontré en 2013 quand il finissait sur le podium des bateaux de série, peut enfin s’exprimer de nouveau.
Pour autant, il ne faudrait pas oublier d’autres concurrents cités régulièrement par tous, comme pouvant bousculer cette hiérarchie théorique.
Romain Bolzinger (Spicee.com) ou bien Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne) peuvent créer la surprise. Régulièrement aux avant-postes dans les courses d’avant saison, ils disposent de bateaux éprouvés et fiables. Enfin, il ne saurait être question d’oublier Quentin Vlamynck (Arkema 3). Le jeune skipper aquitain n’a cessé de progresser et commence à témoigner d’une jolie maitrise de son prototype innovant.
Séries : la bouteille à l’encre
Autant établir un pronostic en prototype pouvait paraître relativement simple, autant les bateaux de série n’ont pas permis d’établir une hiérarchie claire entre les différents postulants. Entre ceux qui ont écumé toutes les courses de l’avant saison, ceux qui disposent d’une expérience au large indéniable, ceux qui ont démontré de belles capacités de vitesse, difficile de faire son choix.
Les rapides :
Ils ont été quelques-uns à démontrer qu’ils avaient parfaitement en main les réglages de leur bateau. Clarisse Crémer (TBS) ou bien encore Erwan Le Draoulec (Emile henry) recueillent les fruits des heures d’entraînements, de navigations comparatives sous l’égide de Lorient Grand Large et de son entraîneur Tanguy Leglatin. A l’une comme à l’autre, il manquera peut-être l’expérience du grand large.
Les routiers du large :
Toujours aux avant-postes sur les grandes épreuves océaniques, ils ont parfois pu sembler moins à l’aise dans certaines courses d’avant saison qui s’apparentaient à des sprints. Tom Dolan (Offshoresailing.fr) en est un des plus emblématiques représentants avec Tanguy Bouroullec (CERFRANCE Kerhis). Les deux étaient présents sur la dernière édition des Sables – Les Açores – Les Sables où ils avaient pu faire valoir leur talent. Henri Patou (da.fr) fait assurément partie de cette catégorie. Comme Tom Dolan, il a déjà l’expérience d’une Mini-Transat dans les pattes, un vécu bien utile quand il s’agira d’aborder la deuxième étape entre les Canaries et la Martinique.
Tous terrains :
Ils ont déjà bourlingué, changé de support, cumulé des expériences dans différentes classes. Ils sont polyvalents, forts d’une expérience professionnelle qui les confortent dans leur démarche de navigateur. Pierre Chedeville (Blue Orange – Fair Retail), fort de son expérience d’officier de marine marchande, peut se targuer d’un nombre impressionnant de journées passées en mer. Additionnées à son talent naturel de régleur et de barreur, il peut créer la surprise. De même Rémi Aubrun (Alternative Sailing – Constructions du Belon) fort de navigations tant en Mini qu’en Class40, maître voilier à La Trinité sur Mer, dispose de nombre d’arguments techniques pour espérer faire la différence malgré un temps de navigation relativement court sur son Pogo 3.
Au petit jeu des pronostics, les supputations vont bon train. Mais la Mini Transat l’a déjà démontré, être favori n’est en aucun cas une garantie. Une course au large est par définition porteuse de nombre d’aléas qui peuvent handicaper un favori ou, bien au contraire, porter un anonyme sur le devant de la scène. Le dicton ne le dit-il pas ? « Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie… »