Parcours serré et larme de vent en avant-goût de Transat Jacques Vabre
Depuis ce matin, il flotte dans l’air comme un avant-goût de café sur les pontons de Lorient La Base où dix duos de choc ont pris leurs quartiers en vue de disputer les 24H Azimut, cette régate imaginée comme un grand et ultime tour de chauffe avant la prochaine Transat Jacques Vabre. Sous le soleil de la partie, ces paires de skippers, fermement décidées à tirer le meilleur en mode compétition, n’ont cependant pas dû ménager leur peine pour tirer, d’entrée de jeu, le meilleur des vents évanescents qui sévissent sur l’eau ce vendredi après-midi. La faute à un système anticyclonique qui s’est installé et menace de prendre ses aises pour le week-end, obligeant la direction de course à réduire le parcours initialement prévu à 196 milles.
« La bulle anticyclonique qui s’est installée ces dernières heures nous a contraints à revoir à la baisse le parcours qui fait désormais un peu moins de 200 milles. Il y a beaucoup d’incertitudes concernant la force du vent, notamment dans l’après-midi de samedi », annonce Jacques Caraës lors du traditionnel briefing d’ouverture. « La flotte ne descendra donc pas comme prévu vers l’estuaire de la Loire. Après une navigation un peu plus poussée dans l’ouest vers la marque virtuelle Azimut 1, les dix duos iront contourner Belle-Île et ses dangers, dont la cardinale Est des Galères à laisser à bâbord avant de poursuivre sur Basse Jaune au niveau des Glénan et de revenir vers Groix et ligne d’arrivée à Lorient. »
17h33, top départ !
Voilà pour le décor de ce week-end Azimut, qui bien que privé de vent peut compter sur son beau casting et la qualité de ses protagonistes pour donner lieu à une bataille d’une intensité de tous les instants, à commencer par le départ forcément à haute teneur tactique dans ce contexte de chasse à la risée. Il est 17h33, quand le coup de canon retentit dans les courreaux de Groix où un léger souffle de sud-ouest de 6/8 nœuds donne le tempo. À bord des dix IMOCA, la concentration est de mise pour s’élancer dans ces conditions peu propices aux grandes envolées qui rendent l’exercice d’autant plus délicat.
À ce petit jeu, les honneurs de la ligne reviennent à Vivo A Beira mené par Yoann Richomme et son complice Donatien Carme, nouveaux venus sur le circuit, qui n’ont cependant pas manqué de mettre à profit leur expérience du circuit Figaro Bénéteau et des régates à armes égales pour entamer en tête ce parcours semé de pièges et d’embûches. Ils sont alors suivis de près par le redoutable duo de SMA. Intouchables depuis le début de la saison, Paul Meilhat et Gwénolé Gahinet ont gagné toutes les courses en double auxquelles ils ont participé depuis leur association en mars dernier et font logiquement partie des « sérieux clients » du Défi Azimut, dont le parcours très côtier – manœuvres, allures variées – favorise les équipages percutants et bien entraînés. En troisième position, alors que les petits airs rendent la progression des bateaux difficile dans les courreaux de Groix, le binôme du premier foiler Des Voiles et Vous ! (Morgan Lagravière-Éric Peron) parvient néanmoins à s’extirper pour s’élancer en troisième position.
24 heures longues et mouvementées
Quelques longueurs derrière, l’équipage de la Mie Câline-Artipôle spécialement venu des Sables d’Olonne pour disputer cette régate préparatoire devenue incontournable ne se laisse pas tromper. « C’est parti pour le Défi Azimut sous le soleil, mais dans très peu de vent… Il va falloir souffler dans les voiles ! » lâche Arnaud Boissières accompagné de Manuel Cousin, tous les deux fin prêts à se frotter aux coriaces concurrents sur les rangs. La nuit s’annonce longue. La bataille, elle, promet d’être belle alors que le classement n’a pas fini de connaître des bouleversements à suivre sur la cartographie, actualisée toutes les deux minutes jusqu’au retour de la flotte demain vers 16-17 heures.
Cartographie
Ils ont dit
Manuel Cousin (la Mie Câline-Artipôle) :
« Ce Défi Azimut, c’est très important, c’est une grosse répétition générale avant la Transat Jacques Vabre. Et cela l’est d’autant pour nous, puisque c’est notre première vraie course en double à bord de ce bateau. Il y a un super plateau, on va essayer de bien figurer et de se faire plaisir. De mon côté, je vais essayer d’emmagasiner le plus possible aux côtés d’Arnaud, d’observer, de regarder les habitudes qu’il peut avoir à bord du bateau qui reste plus compliqué qu’un Class 40. »
Alan Roura (La Fabrique) :
« Pour cette deuxième participation depuis l’année dernière et le Vendée Globe, je suis de retour avec un bateau plus récent avec l’objectif de le faire évoluer, de le modifier au fur et à mesure en lui rajoutant notamment des foils. Le Défi Azimut, c’est toujours un bon échauffement et c’est ma première confrontation avec d’autres bateaux IMOCA. Le but est de faire du mieux possible – une belle perf’, pourquoi pas ?! – sur cet entraînement qui va se disputer en mode régate au contact, version match-race. »
Morgan Lagravière (Des Voiles et Vous !) :
« Les conditions ne sont clairement pas favorables aux foilers. Pour autant dès lors qu’on prend le départ d’une compétition, c’est dans l’objectif de performer. Nous n’avons pas beaucoup d’événements en amont des grosses courses et on va donc essayer de se profiter de ces 24 Heures pour continuer à progresser et à optimiser le bateau. Cette régate nous offre un bon moyen de s’entraîner, et d’engranger de l’expérience dans le fonctionnement de notre duo. On va donc faire de notre mieux possible sous le regard avisé de Roland Jourdain, notre coach-mediaman. »
Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) :
« Ce Défi Azimut constitue une bonne révision en vue de la Transat Jacques Vabre notamment pour les phases de départ et pour continuer à roder la machine. Les conditions (petit temps et près) ne sont pas favorables aux foilers, cela va nous mettre dans une situation de contraintes, nous allons essayer de gérer cela au mieux. Toute expérience est bonne à prendre ! SMA est très typé pour ce temps-là. On va faire au mieux, on va se battre avec les 3 autres foilers. »