Route terre
En route directe depuis le Fastnet, la flotte continue d’avaler les milles à plus de 7 nœuds de moyenne. Pour autant, le retour vers Douarnenez manque d’évidence de confort. Ciel couvert, grains et mer confuse sont le lot des solitaires engagés dans une course de vitesse vers la pointe de la Bretagne. A ce petit jeu, l’expérience fait la différence.
« Route terre », c’était l’expression consacrée quand les chalutiers décidaient que la campagne de pêche tait terminée et qu’ils mettaient le cap vers leurs ports d’attache, Douarnenez, Le Guilvinec, Concarneau ou autre. Les heures qui suivaient pouvaient paraître parfois longues et monotones pour les marins dans l’attente de poser sac à terre.
La hiérarchie respectée… peu ou prou
Les solitaires engagés dans la Douarnenez Fastnet Solo ne sont pas loin d’être logés à la même enseigne. Calés au près bon plein, matossés à bloc, ballast au vent plein à ras-bord, ils font le plus souvent confiance au pilote, se concentrant sur les réglages. Dans cette course de vitesse, ils n’ont rien d’autre à faire que de titiller le pouième de longueur d’écoute qui leur permettra de gagner le dixième de nœuds qui fera la différence. Fort logiquement, les plus expérimentés excellent à ce petit jeu et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve toutes les têtes de série aux avant-postes. Nicolas Lunven (Generali), impérial, s’est emparé de la tête de flotte et ne semble pas décidé à la lâcher. Il navigue bord à bord avec Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) qui rappelle que ce n’est pas un hasard s’il est Champion de France en titre. Derrière, Alexis Loison (Custo Pol) contient les assauts d’un peloton mené par Tanguy Le Turquais (Nibelis), sans aucun complexe devant le cortège de gros bras qui l’accompagnent : Anthony Marchand (Ovimpex Secours Populaire), Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance), Xavier Macaire (Groupe SNEF), Thierry Chabagny (Gedimat), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Martin Le Pape (Skipper Macif 2017) se tiennent tous en moins de deux milles.
Coup de mou, coup de pied
Pour autant, les poursuivants n’ont pas abdiqué. Pierre Le Boucher (Ardian), Benjamin Dutreux (Sateco), Nick Cherry (Redshift), Julien Pulvé (Team Vendée Formation) ne pointent qu’à un mille du peloton des gros bras. Et de Gildas Mahé (Les Perles de Saint-Barth) à Pierre Rhimbault (Bretagne CMB Espoir), tous attendent le passage du thalweg qui va balayer la zone de course d’ouest en est. Une fois le régime de vents faibles liés à la zone de basse pression relative, les vents s’orientent au nord-ouest et devraient permettre l’envoi du spi qui sera resté dans son sac depuis le parcours côtier en baie de Douarnenez. On pourrait donc avoir un regroupement généralisé en début de nuit avant le final sur Douarnenez. Du même coup, la flotte prendrait un sacré coup de pied aux fesses pour ses derniers milles. Tout ça pour ça, diront certains… Mais c’est aussi le charme de la course au large de devoir composer avec les caprices d’Eole.
Classement à 17h00 (TU +2)
- Nicolas Lunven – Generali à 146,1 milles de l’arrivée
- Charlie Dalin – Skipper Macif 2015 à 0,3 milles
- Alexis Loison – Custo Pol à 1,3 milles
- Tanguy Le Turquais – Nibelis à 4,3 milles
- Anthony Marchand – Ovimpex Secours Populaire à 4,3 milles
Ils ont dit (propos d’avant le départ) :
Xavier Macaire (Groupe SNEF) :
« Il faudra être prêt à encaisser quand le vent fort au près viendra. Au bout de quatre jours, on a moins de fiabilité sur les fichiers. J’ai rebranché mon récepteur de cartes météo BLU pour avoir une idée du timing des passages de front. »
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) :
« Il faudra bien regarder ce qui se passe en l’air. A partir de mercredi, on va bien guetter ce qui se passe : le vent, les nuages, le baromètre. C’est aussi un exercice intéressant. »