Lors d’une conférence de presse ce mercredi au siège parisien du groupe Macif, François Gabart et son sponsor ont évoqué son prochain objectif sportif : tenter de battre le record du tour du monde en solitaire en multicoque (actuellement détenu par Thomas Coville depuis décembre 2016 en 49 jours 03 heures 07 minutes). Un défi de taille, seulement réussi par trois marins à ce jour (Francis Joyon, Ellen MacArthur, Thomas Coville) ; auquel le skipper du trimaran MACIF se prépare en conséquence. Il débutera son stand-by le 22 octobre prochain.

« Mon défi, à 34 ans, c’est de faire le tour du monde en solitaire en multicoque »

Née lors du Vendée Globe victorieux de François Gabart (2012-2013), l’idée de faire le tour du monde en solitaire en multicoque a peu à peu germé, jusqu’à devenir concrète avec la conception puis la construction du trimaran MACIF, mis à l’eau en août 2015. S’en est suivie une période de deux ans de prise en main par le skipper et son équipe, ponctuée de victoires majeures sur la Transat Jacques Vabre 2015, la Transat bakerly 2016 et The Bridge en juillet dernier. « François a toujours mis toute son énergie et ses compétences au service de la performance, à l’image de notre ambition pour la Macif », souligne le Directeur Général du groupe, Jean-Marc Raby. « Avec l’ensemble des 10 000 collaborateurs, nous tenons donc à l’assurer de tout notre soutien pour ce défi de taille et lui souhaitons autant de réussite pour la suite. »

Place désormais à cette première tentative de record autour du monde, qui, selon le Charentais, arrive à point nommé dans sa trajectoire : « A 7 ans pour ma première régate d’Optimist, il fallait faire le tour d’une bouée à 400 mètres, c’était un défi qui correspondait à mes capacités du moment. Mon défi aujourd’hui, à 34 ans, c’est de faire le tour du monde en solitaire en multicoque, j’y mets les mêmes valeurs et la même ambition. » En abaissant l’hiver dernier le record de plus de 8 jours (de 57 à 49), Thomas Coville a évidemment rendu ce défi plus relevé. « D’un côté, cela revient au même, l’idée est toujours d’aller le plus loin possible dans la démarche sportive en oubliant un peu le chrono. De l’autre, ça change la donne, puisque le record est plus difficile à battre, mais ça m’a donné encore plus envie d’y aller », commente François Gabart. Pour y arriver, il va falloir tenter ce que je n’ai jamais accompli jusque-là, que j’aille chercher mes limites en termes de performance et sans doute d’inconfort, sans jamais compromettre ma sécurité. C’est tout l’enjeu de ce tour du monde et c’est passionnant. » De l’appréhension ? « C’est nécessaire d’avoir conscience du danger et de ne pas sous-estimer la difficulté de l’exercice, mais l’envie est plus forte que l’appréhension. J’ai hâte de partir, je rêve de longs bords tout seul à fond la caisse sur ce bateau. Avec mon équipe, nous avons tout fait pour être capables de relever ce défi. C’est le moment d’y aller ! »

Une préparation calquée sur l’objectif

Après une période d’entraînement en mode solitaire en mars-avril, la parenthèse de deux mois en équipage entre mai et juillet, achevée par une belle victoire sur The Bridge, aura été riche d’enseignements pour François Gabart : « Le record nécessitera d’aller presque aussi vite en solitaire qu’en équipage ; grâce à cette expérience sur The Bridge, je sais désormais dans quelle direction je dois tendre. » Depuis fin août, le skipper, qui n’a jamais cessé cet été de s’entretenir physiquement et de naviguer sur son M24, petit trimaran laboratoire de l’équipe MACIF, a attaqué la dernière phase de sa préparation en vue du tour du monde, mélange d’entraînements en mer et de préparation technique : « L’objectif est de naviguer le plus possible en solitaire dans du vent fort, de façon à ce que je me familiarise avec des vitesses élevées. La partie à terre sera consacrée à connaître le bateau d’un point de vue technique : je vais faire le tour de tous les éléments qui pourraient être amenés à casser afin d’être capable de réparer en mer. Il faut que je sois le plus autonome possible sur le bateau. »

Un bateau fiable, performant et sûr

Revenu de New York mi-juillet, le trimaran MACIF n’a pas été sorti de l’eau, et a été l’objet pendant un mois dans son port d’attache de Port-la-Forêt d’une révision complète : démontage, vérification et remontage de nombreuses pièces, mais également quelques renforts à droite à gauche pour prévenir l’usure. Deux ans après sa mise à l’eau, François Gabart dispose d’une machine fiable, performante et sûre pour relever le défi du tour du monde : « Je suis arrivé à une bonne utilisation du potentiel du bateau : je le comprends bien, je le sens bien, je me sens prêt pour partir autour de la planète. » Les atouts du trimaran MACIF ? « Sa capacité à aller vite longtemps dans plein de conditions différentes, c’est un bateau sain, polyvalent et sûr. Même quand je pousse la machine au maximum, je ressens une certaine tranquillité d’esprit », poursuit le skipper, pour lequel la sécurité est la base de la performance.

L’agenda : début du stand-by le 22 octobre

C’est le 22 octobre que débutera officiellement le stand-by en vue de la tentative de record du tour du monde en solitaire. Un choix mûrement réfléchi par François Gabart et la cellule météo, dirigée par Jean-Yves Bernot, avec lequel le skipper travaille en confiance depuis quelques années. « Le but est de trouver le meilleur compromis entre le fait d’avoir le plus de chances possibles de battre ce record, la nécessité de ne pas partir trop tôt pour éviter des dépressions fortes et dangereuses dans le Sud en période de printemps austral, mais également celle de ne pas décaler le départ trop tard. »

Et par la suite ? « Nous avons effectivement la chance d’avoir des objectifs ambitieux, en 2018 avec la Route du Rhum et en 2019 avec la course autour du monde en solitaire, qui nécessiteront d’importantes modifications sur le bateau l’hiver prochain. » La période de stand-by durera donc environ trois mois, pendant lesquels François Gabart compte bien trouver la bonne fenêtre météo pour s’élancer. Qui lancera le go ? « Ce sera une décision conjointe entre Jean-Yves et moi : il sera force de proposition et je validerai. »

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