Ce samedi, à 13h50, le coup d’envoi de la deuxième étape de la 16e édition de la Transgascogne a été donné au large de la grande plage de Salinas (entre le phare d’Avilés et la pointe d’Arnao), dans un flux de Nord Nord-Ouest soufflant entre 8 et 10 nœuds. Dans ces conditions, les plus prompts à s’élancer ont été Clément Machetel et Jay Thompson (850 April Marine – Proto Double). A présent, reste à voir qui va tirer le mieux son épingle du jeu sur les 247 milles du parcours entre les Asturies et la Vendée. Une chose est sûre, ça s’annonce tactique. Et pour cause, les 53 Mini en lice vont devoir rejoindre les Sables d’Olonne au louvoyage quasiment du début à la fin. Il va donc falloir être concentré sur les réglages, beaucoup barrer mais aussi et surtout, bien choisir son camp. Au choix : deux options, une à l’Est et l’autre au Nord.

Après trois jours de repos bien mérités à l’issue d’une première étape rude pour les nerfs qui s’est jouée, pour l’essentiel, dans les petits airs, les 53 Ministes de la Transgascogne sont désormais repartis pour un tour. Ce samedi après-midi, après avoir légèrement patienté le temps que le vent s’établisse, ils ont, en effet, pris le départ de la deuxième manche. Une étape de 247 milles entre Avilés et les Sables d’Olonne qui s’annonce pour le moins tactique puisqu’elle est prévue de se faire au près quasiment du début à la fin, avec seulement un bout de reaching sur les derniers milles. Dans ce contexte, logiquement, il va y avoir différentes options à choisir, ainsi que le confirme Denis Hugues, le Directeur de course : « Pour éviter la dorsale, il va falloir décider de partir à l’Est ou au Nord. Les meilleurs vont sans doute privilégier la première possibilité pour essayer de faire la cuillère, un peu comme lors de la première étape, mais, cette fois, au près. Les concurrents les moins rapides, eux, auront plus intérêt à partir au Nord rapidement car s’ils tentent de jouer plus au Sud, ils ont potentiellement le risque de se faire enfermer au fond du golfe de Gascogne avec plus de vent du tout, et donc de prendre un paquet d’heures dans la vue », a commenté Denis qui voit une séparation de trafic assez rapide, en l’occurrence dès le passage du cap de Penas situé à une petite dizaine de milles dans l’Est d’Avilés.

Nord ou Est ?

Reste que ceux qui feront le pari de partir au Nord auront un choix difficile à assumer dans un premier temps car si l’on en croit les routages, ce n’est clairement pas la trajectoire gagnante. « C’est un compromis mais reste à savoir ce qui est préférable sachant que la Transgascogne est une course au temps », a concédé le Directeur de course qui estime des écarts potentiellement importants à l’arrivée. « Le près, ça crée toujours des différences », a-t-il assuré. De fait, à cette allure, il faut non seulement choisir la bonne option, mais aussi jouer au mieux toutes les petites bascules de vent et les petits décalages. « Il va falloir être à fond dessus », ont résumé à peu près tous les marins, ce matin, peu avant de quitter la marina d’Avilés. C’est acté, cette deuxième étape ne sera pas de tout repos car il va falloir être pleinement concentré sur les réglages, placer les virements de bord aux bons moments, matosser et beaucoup barrer. « Ça va être intéressant », a commenté Erwan Le Draoulec (895 – Emile Henry), qui, bien que barbouillé depuis hier, est aujourd’hui clairement parti à la chasse de Clarisse Crémer (902 – TBS) qui lui a ravi la première place chez les bateaux de Série dans les dix derniers milles de la première étape.

Des podiums très disputés

Même chose pour Germain Kerveleo (913 – Astrolabe Expéditions), Tom Dolan (910 – Still seeking a sponsor), Pierre Chedeville (887 – Blue Orange Games – Fair Retail) ou encore Charly Fernbach (869 – Mahi Mahi), tous arrivés en moins de deux minutes à la fin du premier round, mais bien décidés à se hisser sur le podium. Pareil ou presque du côté des Proto, avec un match très attendu entre Kéni Piperol (788 – Région Guadeloupe) et Jonathan Chodkiewiez (335 – Tasty Granny) que moins de trois minutes séparent, pour l’heure, au général. « Ça va batailler dur surtout que nos deux bateaux sont tous les deux plutôt à l’aise au près », a annoncé le skipper Antillais. Eux aussi ont une machine performante au louvoyage : Clément Machetel et Jay Thomson (850 April Marine – Proto Double). Auteurs du meilleur départ, ce samedi, les deux hommes ont assurément de quoi aller titiller l’intouchable Ian Lipinski (865 – Griffon.fr), vainqueur, comme eux, de la première étape, mais en Proto Solo. Bref, on l’a compris, il va se passer des choses et il y a fort à parier que le classement évolue largement à l’issue de ce match retour.

Ils ont dit :

Chris Lükermann, skipper d’Orafol (921 – Série Double) :

« Cette étape va se faire au près. Ce ne sera pas forcément rigolo, mais ça va être pareil pour tout le monde. Nous, on a 2h47 d’avance sur notre poursuivant le plus proche, c’est pas mal mais à la fois, il suffit qu’on parte du mauvais côté pour tout perdre. Il va donc falloir qu’on fasse attention. Lors de la première nuit de la première étape, le 899 nous a doublé au près. Si on veut le laisser derrière sur cette deuxième manche, il va falloir qu’on navigue vraiment bien. On n’a pas beaucoup d’expérience sur le bateau. On a moins de recul que les autres et on tâtonne encore pas mal sur les réglages. On veut à tout prix rester dans un groupe et ne pas être tout seul afin d’avoir des repères. Sinon, on a un bon rythme de fonctionnement à bord. On fait des quarts de 40 minutes avec des siestes de 20 minutes. Ça a bien marché à l’aller et je pense qu’on va rester là-dessus au retour. »

Martin Callebaut, skipper d’Extasea (721 – Série Solo) :

« Les Mini ne sont pas vraiment faits pour faire du près, mais on va devoir s’y coller. Il va falloir soigner les réglages. Une fois bien équilibré le bateau avance quand même, mais c’est plus technique et moins confortable. L’idée, c’est d’arriver aux Sables sans rien casser. C’est important pour quelqu’un qui va faire la Mini Transat après de ne pas avoir de gros travaux à faire après la course. J’espère évidemment faire le plus vite possible et faire mieux qu’à la première étape. Ça ne va pas être simple car il va falloir jouer avec une dorsale et on ne sait pas encore trop bien comment elle va évoluer. Si on est trop haut, on risque de se faire empétoler. Le truc sera de réussir à rester sur le bord. En fait, ce sera exactement le même problème qu’à l’aller, mais dans l’autre sens. »

Emmanuel Chauvet, co-skipper d’Ipar Ego (739 – Série Double) :

« Je pars serein et reposé, ce qui est déjà bien. Côté météo, je pars un peu indécis, mais on va affiner ça ce matin avec les derniers routages car, pour le moment, je n’ai pas encore trop regardé ce qui allait se passer. Ce que je sais, c’est que les copains de devant ne sont pas si loin que ça. On va donc bien s’appliquer à aller les chercher. On va y a aller comme ça et puis on verra bien. Moi, je me prépare pour un projet Mini Transat en 2019. Là, je navigue en double avec Arnaud (Etchandy) qui, lui, prépare celle qui arrive. C’est donc du tout bénef’ pour moi ! »

Ambrogio Beccaria, skipper d’Alla Grande Ambeco (539 – Série Solo) :

« J’ai 30 minutes d’avance sur Estelle (Greck). Le départ va être un peu compliqué, avec de la pétole. Il va donc falloir que je ne la lâche pas trop et que je joue un peu le jeu du marquage pour ne pas la laisser prendre une route trop différente de la mienne. Depuis le début de la saison, j’ai terminé premier bateau pointu à toutes les courses. C’est un classement non-officiel qui me plait bien mais je serais content aussi si j’arrive à tenir la 7e place au classement général des Série sur cette Transgascogne. Ce sera un peu compliqué, surtout au près dans 15 nœuds de vent car ce ne sont pas les conditions idéales pour mon bateau, mais si j’y arrive, ce sera mon meilleur résultat de l’année alors forcément, ça me motive. »

Jonathan Chodkiewiez, skipper de Tasty Granny (335 – Proto Solo) :

« Je pars plutôt serein et confiant. La météo, ça va être du près, ça on le sait. Après, avec Kéni (Piperol), on a des bateaux qui marchent bien à cette allure. Le truc positif, c’est qu’il va y avoir des trucs à faire, maintenant, on ne sait pas trop quand, ni où. On va voir. Il n’y a pas de pression, c’est cool. Le but du jeu, c’est de se faire plaisir, reste que si je peux terminer devant Kéni c’est bien parce que ça peut me permettre de faire un podium. »

Pierre Chedeville, skipper de Blue Orange Games – Fair Retail (887 – Série Solo) :

« Normalement, sur cette deuxième étape, on ne va faire que du près. Ça va donc se jouer sur le positionnement sur le terrain de jeu, on va dire. Il y aura quand même des trucs à faire. Apparemment, ça a l’air assez compliqué. Du coup, c’est cool, ça va être marrant. Il va falloir être dessus à fond. La bonne nouvelle, c’est, qu’a priori, il devrait y avoir un peu plus de vent que prévu, en tous les cas par rapport à hier. L’idée, c’est d’arriver en tête chez les Série. Après, on verra bien si j’arrive à combler mon retard ou non sur les deux premiers. S’il y en a qui partent à droite et d’autres à gauche, ça va être intéressant mais j’ai peur que tout le monde se suive et qu’il n’y ait pas beaucoup d’écarts. »

Ian Lipinski, skipper de Griffon.fr (865 – Proto Solo) :

« Ça va être du près. Ce qui est sympa à cette allure, ce que normalement, il n’y a pas d’écarts énormes au sein de la flotte. Dans ces conditions, il y a un bateau qui va être un très bon lièvre pour moi, c’est le 850 (April Marine – Proto Double), car il devrait être excellent. Je vais essayer de le suivre. Sur cette étape, je vais profiter de rester avec les copains. Ça va être intéressant de jouer dans une flotte assez compacte pour être capable de mesurer les pertes et/ou les gains sur des petits bords ou des petits décalages. Stratégiquement, je n’ai aucun intérêt à partir tout seul puisque j’ai trois heures d’avance. »

Kevin Tritschler, skipper de Cubitus (550 – Série Solo) :

« En gros, on va avoir que du près tout le long du parcours. Il va falloir tirer des bords. Ça va donc être assez technique. Des routages font passer un peu plus au Nord et d’autres un peu plus à l’Est. Il va donc falloir prendre une option. L’idée, ça va être surtout de s’amuser et de prendre du plaisir. Après, le classement, on verra bien. Généralement, je finis toujours avec Mathieu (Lambert – 697 Presta Services BAT), donc on va essayer de refaire pareil. A chaque course, on se retrouve ensemble à 50 mille de l’arrivée. Sur la première étape, ça a fini à mon avantage. Ce serait bien que ce soit pareil à l’issue de celle-ci ! »

Tom Dolan, skipper de Still seeking a sponsor (910 – Série Solo) :

« Mon pied, qui s’est infecté en arrivant à Avilés, va aujourd’hui beaucoup mieux. Albert (Lagneaux – 882) m’a donné ce qu’il fallait pour ça. Ça devrait donc aller bien et ne pas être un souci lors de cette deuxième étape, même s’il va falloir que je fasse attention et que je le lave. Pour le reste, on va partir au près. L’avantage, c’est qu’il va y avoir des options et ça, ça me plaît bien. On va pouvoir jouer. Ça a l’air un peu foireux à la fin… on va voir. Je vais me concentrer sur l’étape et pas sur le classement. J’ai une seconde à reprendre à Germain (Kerveleo), qui m’avait grillé sur la ligne lors de la première étape, pour le repasser au général. Ce qui va être important pour moi, c’est d’arriver devant lui cette fois-ci ! (Rires) »

Erwan Le Draoulec, skipper d’Emile Henry (895 – Série Solo) :

« La victoire au général va sans doute être compliquée à aller chercher, mais j’aimerais bien décrocher celle de l’étape. Après, au près, ce n’est pas forcément là que je suis excellent. Je vais essayer de bien naviguer si je suis en forme (Erwan a été malade toute la nuit dernière, ndlr). Il va y avoir des options, mais je pense qu’on va se marquer. Bien sûr, il va y avoir des petits coups à faire mais je pense qu’il y aura des petits écarts. On devrait arriver aux Sables dans du vent au reaching, en plus. On va vraiment arriver tous ensemble, je pense. Je vais tâcher de bien naviguer, essayer de prendre plus de plaisir que sur la première étape et finir plus content. »

Albert Lagneaux, skipper de Plumeke (882 – Série Solo) :

« Lors de la première manche, je suis très mal parti des Sables d’Olonne mais j’ai fait une très belle remontée. J’ai été très content de mon résultat à la fin. Je vais donc voir si je peux maintenir ma place. Je me voyais dans le ventre mou mais là, je suis plutôt à l’avant. L’idée, c’est d’y rester. Du coup, je vais cravacher. L’idée c’est vraiment ça. Il va falloir caler les virements aux bons endroits et avoir les réglages tip-top. Là, évidemment, je ne suis pas le meilleur parce que je n’ai pas le temps de m’entraîner. Je ne joue pas dans la même cour que d’autres mais je vais m’appliquer. Je sais que je vais être tout le temps en train de regarder sur l’AIS les vitesses des bateaux similaires et réfléchir à ce que je peux faire ».

Clarisse Crémer, skipper de TBS (902 – Série Solo) :

« Je vais faire de mon mieux. Pour moi, à la base, sur la Transgascogne, le but était de me sentir bien en mer et de prendre de la confiance pour la Mini Transat. L’idée, aujourd’hui, ça reste ça. Sur la première étape, j’ai terminé première, mais c’était la première fois et je ne suis pas sûre de réussir à refaire aussi bien. Je pars donc sans trop y penser. Je vais essayer de faire comme si on repartait à zéro. Là, vu le scénario météo, ça va peut-être partir un peu dans tous les sens donc ce sera impossible de marquer tout le monde de toutes les façons. Je vais me concentrer pour faire avancer mon bateau au mieux et faire ma propre stratégie. »

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