Une première étape à rebondissements
L’atterrissage sur les côtes espagnoles est souvent délicat car régulièrement marqué par l’absence de vent. Cela s’est vérifié ce mardi, lors des premières arrivées de la première étape de la 16e édition de la Transgascogne. Les 25 derniers milles ont, en effet, été particulièrement compliqués pour les Ministes qui ont dû composer avec des petits airs instables, à la fois en force et en direction. Si Ian Lipinski (Griffon.fr) s’est imposé sans souci chez les Proto Solo, grâce à une avance suffisamment conséquente acquise lors des premières 30 heures de course, derrière, les cartes ont été redistribuées dans les dernières longueurs. A la clé, des bouleversements et des surprises. Des contents et des déçus.
La première étape de la Transgascogne 2017 s’annonçait relativement complexe, avec d’abord une vaste dorsale à négocier dans le golfe de Gascogne, puis un atterrissage dans les petits airs sur les côtes espagnoles à gérer au mieux. La première difficulté n’a finalement pas franchement créé de gros écarts, l’ensemble des bateaux de la flotte ayant opté pour la même trajectoire ou presque, en faisant la cuillère par l’Est. « Malgré tout, il y a eu un peu de jeu à ce stade de la course. Certains ont serré le près et d’autres, comme moi ou comme Erwan Le Draoulec en Série, ont ouvert un peu plus les voiles pour pouvoir faire plutôt du Sud. Au final, ça a payé pour nous parce que lorsque le vent a molli, il a pris de la droite. On a ainsi pu aller se recaler devant les autres en lofant, et donc en ayant plus de vitesse », a résumé Ian Lipinski, le skipper de Griffon.fr qui s’est installé aux commandes de la flotte d’entrée de jeu et qui ne les plus lâchées ensuite.
Une fin de parcours à suspense
« J’ai géré ma course un peu comme sur un gros bateau, c’est-à-dire que j’ai vraiment fait en sorte de tout anticiper au mieux. J’ai ainsi fait très peu de manœuvres, contrairement à d’habitude où je m’énerve et où je les multiplie, ce qui ne sert jamais à rien. Cette fois, j’ai été économe et bien dans les bons timings », a commenté le vainqueur de cette première manche chez les Proto Solo qui a avalé les 245 milles du parcours entre les Sables d’Olonne et Avilés en 1 jour et 23 heures, devançant ainsi le Suisse Simon Koster (888 – Eight Cube Mojo) d’un peu plus de 3 heures. Ce dernier a, pour sa part, longtemps bataillé avec les Pogo 3, leaders chez les bateaux de Série, avant de faire le break dans les derniers milles. Reste qu’il a dû cravacher dur pour distancer Erwan Le Draoulec (895 – Emile Henry) et Clarisse Crémer (902 – TBS). Très accrocheurs, ces deux-là sont se sont retrouvé à la lutte, ce matin. Le match a finalement tourné à l’avantage de la jeune femme alors qu’il avait pourtant été dominé par le Lorientais qui comptait encore 2,2 milles d’avance sur sa concurrente à dix milles de l’arrivée ce mardi. « La fin de course a vraiment été un cauchemar pour moi. Je me suis retrouvé scotché et je me suis fait exploser en une heure de temps. Forcément, j’arrive frustré et hyper déçu », a commenté Erwan qui concède, pour finir, 1 heure et 1 minute à sa rivale.
Des écarts de quelques secondes, voire moins
« Ce ne sera pas si simple à rattraper », a commenté le jeune skipper, conscient, malgré tout, que le jeu reste très ouvert. Et c’est d’autant plus vrai que derrière lui, Germain Kerveleo (913 – Astrolabe Expéditions), Tom Dolan (910 – Still seeking a sponsor), Jonathan Chodkiewiez (335 – Tasty Granny), Pierre Chedeville (887 – Blue Orange Games – Fair Retail) et Charly Fernbach (869 – Mahi-Mahi) sont arrivés en l’espace de trois minutes seulement ! Forcément, dans le tas, il y a les contents, à l’image de Germain qui s’est adjugé la 3e place après avoir réalisé un véritable hold-up dans les derniers milles, mais aussi les déçus, comme Tom qui laisse filer le podium de cette première manche pour une minuscule petite seconde. « Je suis un peu dégouté, je dois bien l’avouer, mais il faut que j’arrive à relativiser car c’est une course au temps. Une seconde, ce n’est rien du tout et tout reste ouvert pour la suite », a commenté le navigateur Irlandais qui va avoir, comme les autres, quelques jours pour récupérer avant de s’aligner au départ de la deuxième étape, samedi prochain.
Déclarations des vainqueurs des quatre catégories
Ian Lipinski, skipper de Griffon.fr, premier Proto Solo à Avilès :
« Sur cette première étape, il y a eu pas mal de jeu au début. Certains ont serré le près et d’autres, comme moi ou comme Erwan Le Droualec en Série, ont ouvert un peu plus les voiles pour pouvoir faire plutôt du Sud. Ça a été bien parce que lorsque le vent a molli, il a pris de la droite et on a pu aller se recaler devant les autres en lofant, et donc en ayant plus de vitesse. Ça a été une bonne chose surtout qu’ensuite, ça a essentiellement été de la vitesse. Je suis content parce que même si les conditions n’ont pas forcément été propices à mon bateau, j’ai quand même été assez rapide. J’ai toutefois vraiment accéléré hier, lorsque le vent est un peu monté. J’ai géré un peu comme sur un gros bateau, c’est-à-dire que j’ai vraiment fait en sorte de tout anticiper au mieux. C’est un peu le luxe que l’on a quand on a un peu d’avance : on peut prendre le temps de faire les choses. Là, j’ai fait très peu de manœuvres, contrairement à d’habitude où je m’énerve et où je les multiplie, ce qui ne sert jamais à rien. Cette fois, j’ai été économe et bien dans les bons timings. Par ailleurs, j’ai pu tester mon nouveau spi dans des bonnes conditions et je suis content de ce que j’ai vu, ce qui est plutôt bien en vue de la Mini Transat. Le bateau est clairement prêt pour faire la traversée. La toute fin de course, dans la pétole, n’a pas été facile. Lorsqu’on est confronté à ça au large, on prend son mal en patience, mais quand la ligne n’est qu’à un demi mille, c’est un peu rageant… Mais bon, c’est le jeu. A l’approche des côtes espagnoles, c’est quelque chose qui arrive assez souvent. »
Clément Machetel, co-skipper de Jay Thompson (850 – April Marine) premier Proto Double à Avilés :
« On a bien rigolé pendant cette première étape. On a essayé de suivre Griffon.fr, difficilement, puis de contenir Simon Koster derrière nous. Plus ça allait, plus il revenait. Il nous a clairement un peu mis la pression dans les derniers milles. Ça a essentiellement été une course de vitesse, mais il y a néanmoins eu pas mal de petites bascules de vent à jouer. C’était cool, on va dire, mais il y a eu des moments où on a eu d’agréables sensations de glisse et ça, c’était vraiment sympa. La fin de course a été un peu dure-dure. On est resté un moment bloqué et on voyait quelques bateaux revenir avec du vent frais par derrière. On commençait à s’inquiéter un peu. Si près de l’arrivée, ça aurait été raide de se faire doubler ! Au final, on est content ! »
Clarisse Crémer, skipper de TBS (902), première Série Solo :
« C’est chouette ! Je suis super contente ! J’ai un peu de mal à réaliser parce que j’ai longtemps été deuxième. J’ai serré les fesses pour essayer de garder cette place mais il se trouve que j’ai réussi à doubler Erwan (Le Draoulec) à la fin. On savait que les derniers milles allaient être catastrophiques. D’ailleurs, ça a vraiment été n’importe quoi. J’ai même fait deux 360° sous spi parce que le vent tournait dans tous les sens. C’est marrant parce que ça a un peu occulté tout ce qu’il y a eu avant. Pendant 48 heures, on a vraiment été à fond. La nuit dernière, j’ai eu un filet dans ma quille et comme je pète facilement des plombs, j’avoue que je suis un peu devenue folle. J’ai eu beaucoup de hauts et de bas. Il faut vraiment que je travaille là-dessus ! (Rires). En tous les cas, je suis contente. J’ai fait à la lettre ce qu’avait dit le coach, en essayant d’aller vite et ça a bien marché, même si j’ai encore du mal à ne pas être influencée par ce que font les autres. J’ai encore des trucs à apprendre ! (Rires) »
Chris Lükermann, co-skipper de Nicolas d’Estais (921 – Orafol), première Série Double :
« On a gagné ? Ah cool ! On ne le savait pas ! On a entendu certains de nos concurrents s’annoncer à la VHF et on a eu peur qu’ils soient devant nous. En ce qui nous concerne, la première nuit a été un peu difficile car nous avons eu un petit trou de vitesse et en plus, nous avons fait une grande cuillère, ce qui nous a rallongé pas mal la route. Heureusement, on a eu un peu de réussite sur la fin. Des gens se sont fait coincer dans la pétole mais pour nous, c’est passé. On est super content de gagner cette première étape. Reste à confirmer dans la deuxième ! »