Erwan le Mené a le regard clair et franc du marin qui sait où il va. Il a aussi le sourire de celui qui aime la vie et qui sait qu’il reprendra bientôt la mer. Embarqué dès l’âge de 6 mois sur le bateau familial, il a depuis écumé les plans d’eau et les pontons. Du Moth Europe à l’Open 7.50, en passant par la planche à voile et le kitesurf, son expérience et son palmarès en ferait rougir plus d’un. En Mini 6.50 depuis 2014, il a pour ambition un podium à la Mini Transat 2017, dont le départ sera donné le 1e octobre à La Rochelle. Seul hic, un budget un peu serré qui ne lui permet pas de partir serein.

En onze questions et réponses courtes, découvrez le skipper de Canopus, le Proto #800.

Mini ou Maxi?

Mini aujourd’hui pour un maximum de plaisir et maxi tout court plus tard : j’ai pour projet de courir la Route du Rhum en 2022, 40 ans après mon oncle Daniel le Mené.

Proto ou Série?

Proto! Je suis un peu maso, j’aime me faire mal et j’aime quand ça va vite. Voir la flotte derrière soi au départ, c’est vraiment bonnard! Et puis finalement, pourquoi traverser l’Atlantique en 13 jours quand on peut le faire en 11 !?

Fun ou sérieux?

Je dirais un max de sérieux dans le fun. Mon projet est pensé et construit, que ce soit sur le plan sportif ou financier. J’ai réalisé deux saisons en Série pour faire mes armes, je ne suis pas sorti en Proto comme ça. La transition s’est fait naturellement, en 2015 je n’étais pas prêt, en 2017 c’est apparu comme une évidence. Je cherche à vendre ma maison pour financer ma saison, mais plutôt ne pas partir que de partir à l’arrache. J’ai 37 ans, je suis papa d’une petite fille, je n’ai plus l’âge de faire ce genre de choses.

Projet Mini, maxi budget?

Je dis toujours que ça n’a de Mini que le nom, car que ce soit en temps, en argent ou en plaisir, ce n’est pas mini! Ce que je veux, c’est partir serein sur le matériel, un gréement en lequel j’ai confiance. Pour cela, je suis prêt à faire des sacrifices sur d’autres postes car je m’en voudrais de perdre sur une casse prévisible, genre une drisse de spi (sourire)… J’ai déjà des soutiens mais je cherche actuellement un partenaire qui serait prêt à me suivre dans mon projet. Il y a une belle visibilité sur la Mini Transat, d’autant que je compte bien faire un podium.

Tactique ou feeling?

En Mini 6.50, on en sait tellement peu que par la force des choses, c’est le feeling qui prend le dessus. En plus, c’est dans mon caractère, en 3 ans je ne suis jamais parti avec un routage. Je trouve que cela influence mes choix, que j’ai tendance à rester fixé dessus et je ne veux pas naviguer comme ça.

Sucré ou salé?

Sucré, trop! Je suis du genre à avoir mangé à mi-parcours tous les snacks que j’avais emmenés. Il y a un dossier là: gérer les friandises. Je suis toujours heureux en mer, même quand je suis derrière, mais ça aide à garder le moral. Si quelqu’un connait une solution pour emmener des Maltesers de l’autre côté sans qu’ils fondent, je suis preneur!

Boulot ou bateau?

Le cœur en bateau et la raison au boulot. C’est mon travail qui m’a permis de financer l’avant-saison, de remplir le frigo. Je suis artisan maçon, donc en plus cela me sert de préparation physique. Mon boulot est dur donc prendre des paquets de mer et dormir dans le fond du bateau, c’est facile à côté d’un chantier en plein hiver. Mais à la fin de la saison, je suis vraiment rincé!

Foil ou pas foil?

J’ai hâte d’essayer, je n’ai encore jamais volé, mais il ne se passe plus une journée sans que l’on prononce ce mot dans le monde de la voile. J’aimerais beaucoup mettre des foils sur le 800 et refaire une saison et demi, mais tout dépend du résultat de la Mini Transat.

Folie ou raison?

Un grain de folie, il en faut, mais en étant bien préparé: le parcours obligatoire de la classe Mini (1000 milles en course, 1000 milles hors à valider avant la départ de la Mini Transat, ndlr) fait que l’on est prêt. J’ai un peu peur de ne pas être raisonnable, de tirer trop sur le bateau. Je viens seulement de me rendre compte que même en toilant moins, le 800 avance aussi vite… mais en souffrant moins!

Rock ou roll?

Roll, ça ouvre plus de possibilités, ça a une connotation positive du style « roule ma poule ». C’est impensable de partir sans musique, mais pas que du rock. Je suis assez éclectique dans mes choix, ça va de l’electro à la chanson française, en passant par le jazz. Il faut surtout que le morceau soit adapté au moment de la journée, j’ai besoin de trucs qui me font voyager. J’ai un souvenir d’avoir attaqué sous spi avec Bashung dans les oreilles, mémorable!

Fille ou garçon?

Ma fille et c’est la plus belle des récompenses quand je rentre et qu’elle me dit « je suis fière de toi papa! ».

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