Comme prévu, ce dimanche à 13h02 précises, le coup d’envoi de la 6e édition des Sables – Horta a été donné dans un flux de nord-ouest soufflant entre 10 et 12 nœuds. Les 19 duos en lice se sont ainsi élancés pour la première étape de l’épreuve, un morceau de 1 270 milles à destination des Açores. Si la paire Aymeric Chappellier – Arthur Le Vaillant (AINA Enfance et Avenir) a pris le meilleur départ, le binôme Cédric de Kervenoael – Robin Marais (Transports Hesnault – Cabinet Z) a, lui, fait forte impression en passant la bouée de dégagement en tête puis en bouclant le petit parcours de dégagement mouillé en baie des Sables d’Olonne (6 milles) toujours dans la même position, après une heure de course. Reste qu’au moment de mettre franchement le cap au large, c’est le tandem Phil Sharp et Corentin Douguet (Imerys) qui s’est installé aux commandes de la flotte, affichant d’emblée son statut de favori, même si le scénario annoncé pour cette première manche risque bien de créer quelques surprises. Cela pourrait d’ailleurs bien commencer dès la nuit prochaine et demain, avec la première difficulté de l’épreuve : une dorsale plantée au beau milieu du golfe de Gascogne !

Ce matin, au moment de quitter le ponton Vendée Globe de Port Olona, si certains affichaient clairement leur impatience d’en découdre, à l’image d’Halvard Mabire et Miranda Merron (Campagne de France), d’Alexander Krause et Antoine Carpentier (Stella Nova), de Phil Sharp et Corentin Douguet (Imerys), de Catherine Pourre et Benoît Hochard (Eärendil) ou des Espagnols Pablo Santurde del Arco et Gonzalo Botin (Tales II), tous en course pour la victoire ou, a minima, le podium, d’autres, moins expérimentés, ne cachaient pas avoir une petite boule au ventre. « C’est la première fois que je vais faire du grand large. Je ressens un truc un peu particulier. J’ai l’impression de couper un peu le cordon. C’est quelque chose qui n’est pas du tout anodin pour moi mais je suis impatient de découvrir ce qu’est la houle Atlantique », a notamment déclaré Cédric de Kervenoael (Transports Hesnault – Cabinet Z), auteur d’un début de course pour le moins tonitruant. De fait, si le duo Aymeric Chappellier – Arthur Le Vaillant (AINA Enfance et Avenir), positionné en milieu de ligne, a pris le meilleur départ, le skipper Parisien et Robin Marais ont réussi un joli coup en tricotant à terre pour remonter au près jusqu’à la bouée de dégagement qu’ils ont donc enroulé en tête devant deux pointures de la Class40 : Tales II (Pablo Santurde del Arco – Gonzalo Botin) et Stella Nova (Alexander Krause – Antoine Carpentier), respectivement deuxième et troisième à cette première marque de parcours. Autant dire que ceux qui le redoutaient déjà sur le papier pour le classement Vintage ont la confirmation qu’il s’agit là d’un client sérieux pour la victoire chez les bateaux « première génération » …et peut-être pas seulement puisque deux heures après le coup d’envoi, ce dernier jouait toujours aux avant-postes, au coude à coude avec Oman Sail de Sidney Gavignet et Fahad Al Hasni.

Une première étape très tactique

Reste que tout reste à faire sur cette première étape des Sables – Horta qui s’annonce très tactique, ainsi que l’ont confirmé tous les marins, peu avant leur départ des Sables d’Olonne. « Elle ne sera assurément pas aussi simple qu’il y paraît », a justement rappelé François Lassort, skipper de Montres Michel Herbelin. Dans un premier temps, lui et les autres vont devoir négocier au mieux le passage d’une dorsale dans le golfe de Gascogne. « Le vent devrait, en effet, commencer à mollir en milieu de nuit. Les premiers devraient être tirés d’affaire demain à la mi-journée », a expliqué Denis Hugues, le Directeur de course. C’est, de fait, ce à quoi se préparent les concurrents. « Nous allons avoir quelques heures un peu délicates, avec très peu de vent, voire pas du tout. On verra qui sort en premier de la dorsale et touche le nouveau vent avant les autres. En attendant, il va falloir être patient, c’est sûr », a indiqué Gonzalo Botin qui, en réalité, redoute surtout le passage du cap Finisterre, mardi. Et pour cause, outre le fait qu’il va sans doute falloir y affronter des conditions un peu sportives (jusqu’à 35-40 nœuds), il va surtout falloir y faire le bon choix de trajectoire pour rejoindre Horta. Deux options : contourner l’anticyclone des Açores soit par le Sud et rallonger la route avec un peu plus de pression, soit par le Nord avec une trajectoire plus directe, mais avec le risque de tomber dans la molle à proximité du centre de la zone fermée de hautes pressions. « Pour l’heure, la météo n’est pas très stable. Le déplacement de l’anticyclone reste très incertain. C’est difficile de prévoir les choses et de faire des plans sur la comète », a commenté, pour sa part, Phil Sharp (Imerys) qui se réjouit néanmoins du match à venir, tout comme Sidney Gavignet (Oman Sail). « Il va y avoir des choix importants à faire et une multitude de petites choses à jouer jusqu’à l’arrivée. On va bien s’amuser ! », a assuré le skipper. On n’en doute pas !

Ils ont dit :

Phil Sharp, skipper d’Imerys :

« Cette première étape s’annonce très tactique. Dans un premier temps, l’idée sera d’arriver le plus vite possible au cap Finisterre. Là, nous aurons sans doute beaucoup de vent. Nos priorités seront de naviguer proprement et de réussir à prendre la bonne route pour rejoindre les Açores car il va falloir choisir entre une option Nord et une option Sud. Pour l’heure, la météo n’est pas très stable et c’est difficile de prévoir les choses. Il va falloir être dessus tout le temps. Après The Transat bakerly que j’ai fait l’année dernière, je sais qu’une prévision n’est qu’une prévision, et que les choses peuvent bouger très vite. Corentin et moi espérons faire une bonne première étape pour arriver au Peter Café les premiers ! (Rires) Plus sérieusement, nous partons pour gagner mais la concurrence est coriace, à commencer par les Espagnols de Tales II qui vont aller vite, c’est sûr. Il y a aussi le tout nouveau AINA Enfance et Avenir puis Oman Sail qui vont être intéressants à observer. »

Gonzalo Botin, co-skipper de Tales II :

« Comme à chaque départ de course, on est super content de partir en mer et on a envie d’aller jouer avec les copains. La première nuit va sans doute être un peu délicate. Je pense qu’on n’aura pas trop de vent, voire pas de vent du tout. On verra qui sort en premier de la dorsale et touche le nouveau vent avant les autres. Il va falloir être patient, c’est sûr. Le passage du cap Finisterre sera intéressant également parce qu’il y aura de l’air. A ce moment-là, on risque vraiment de voir des différences entre les bateaux parce qu’il y aura des gens prudents et d’autres qui pousseront plus fort. Selon moi, c’est surtout là que les premiers écarts risquent de se créer au sein de la flotte. Cela étant, je pense qu’entre les premiers ça va rester très serré et qu’il va y avoir du match jusqu’à la fin. Pablo (Santurde) et moi, nous partons avec l’objectif de finir sur le podium, mais aussi et surtout celui de finir la course parce que lors de nos deux précédentes participations, nous avons abandonné pour différentes raisons. »

Catherine Pourre, skipper de Eärendil :

« Globalement, ça s’annonce assez confortable. Nous allons toutefois commencer par traverser une petite dorsale. Le petit temps est une des choses que je crains le plus car il ne permet pas de se reposer. Il faut être dessus tout le temps. C’est aussi dur psychologiquement, surtout quand parfois tu vois des bateaux à 100 mètres de toi qui avancent pour une raison totalement inconnue et que toi, tu es littéralement scotché. L’autre gros sujet de cette première étape sera l’approche du cap Finisterre surtout que la météo est un peu particulière, avec des petites dépressions qui sont en train de se former et qui pourraient bien perturber la fin de parcours. Il faudra donc être bien inspiré ou avoir un gros coup de bol pour attaquer la suite par le bon côté : soit le Nord, soit le Sud. L’arrivée sera, elle aussi un bon dossier, avec, traditionnellement, très peu de vent. Lors de mes deux précédentes participations à la course, je suis passée par le canal Saint-Georges. La première fois, ça m’a bien réussi, la deuxième, nettement moins. Cette première étape va donc être assez tactique et c’est tant mieux ! »

Sidney Gavignet, skipper d’Oman Sail :

« Pour nous qui avons beaucoup de points d’interrogation concernant le bateau techniquement parlant, c’est bien de commencer la course en douceur. Ceci dit, ça va sans doute partir relativement vite puisque les premiers mille vont se faire avec entre 12 et 15 nœuds, au reaching. C’est la nuit prochaine que ça va devenir plus délicat avec un passage de dorsale, et donc du petit temps. Je pense que ce sera un premier point assez crucial de la course, car il y a des bateaux qui vont très fort dans le petit temps et d’autres nettement moins. Ceux qui arriveront à sortir de la dorsale en premiers auront forcément un avantage pour la suite. Après le cap Finisterre, il y aura manifestement une grande phase de reaching. A partir de là, c’est essentiellement la puissance qui va jouer même s’il va y avoir un choix important à faire en termes de tactique. Ça va être assez sympa, avec plein de petites choses à jouer. »

Jean-Luc Schoch, co-skipper d’Esprit Scout :

« Pour les premiers milles, on devrait avoir un peu de vent et surtout, retrouver le soleil. Ça devrait donc bien se passer. On a toutefois un point à surveiller au cap Finisterre où il devrait y avoir pas mal de vent. Après, il faudra faire un peu de nav’ pour choisir le bon côté de l’anticyclone pour descendre jusqu’aux Açores. On verra mais je suis sûr que ça va être sympa. Pour moi, cette Les Sables -Horta est une grosse bulle d’oxygène car je fais ça en amateur, sur mes vacances. C’est un gros moment d’évasion. Pour le résultat, nous essayerons évidemment de faire au mieux mais nous ne sommes pas en position de gagner quoi que ce soit. Nous sommes là pour nous faire plaisir avant tout. De plus, en ce qui me concerne, ça va être ma première fois aux Açores. Ça va être la découverte et je suis super content ! »

François Lassort, skipper de Montres Michel Herbelin :

« On est dans les starting-blocks. Tout est prêt. C’est même la première fois que le bateau est prêt 24 heures avant le départ. La bonne chose, c’est qu’on a pu se reposer hier. On aimerait un petit rayon de soleil, mais on va aller le chercher en mer ! (Rires) Nous sommes super contents de ce qui nous attend pour cette première étape, même si elle risque de ne pas être aussi simple qu’il y parait. L’arrivée, notamment, me semble assez compliquée. Bref, on verra, mais le match est ouvert. Avant tout, on veut se faire plaisir. C’est toujours la petite blagounette de dire qu’on veut gagner le classement Vintage, mais c’est sympa. Nous, on ne lâchera rien pour essayer de finir premier bateau « ancienne génération », ça c’est sûr ! »

Aymeric Chappellier, skipper d’AINA Enfance et Avenir :

« Le fait de pouvoir prendre le départ est une vraie libération pour nous. Je pense malgré tout que nous n’allons pas faire la même course que les autres parce que nous allons beaucoup bricoler. La bonne nouvelle c’est que les conditions vont être assez clémentes pour ça au début, avec une petite traversée de dorsale dans la nuit et demain. Ainsi, nous aurons le temps de nous reposer et de nous organiser. L’objectif n’est pas du tout d’aller cherche un résultat sportif sur cette course, mais de prendre un peu le bateau en main, de trouver les bonnes manettes et d’évaluer un peu la concurrence. Nous partons vraiment sans pression. Comme je l’ai dit, la première victoire pour nous, c’est d’être là, seulement quinze jours après la mise à l’eau du bateau. Nous sommes, par ailleurs, fiers de porter les valeurs de l’association AINA Enfance et Avenir, de permettre aux partenaires et à leurs collaborateurs de découvrir le bateau, puis de lancer l’aventure ».

Antoine Carpentier, co-skipper de Stella Nova :

« Nous sommes évidemment contents de partir. On a hâte d’en découdre avec les autres. On est prêt. Le bateau aussi. Il est assez polyvalent, du coup que ce soit mou ou venté, ça devrait bien se passer. Ce que l’on redoute, c’est simplement de finir dans la molle et que les cartes soient rebattues à dix milles de la ligne d’arrivée. On verra bien. Pour l’instant c’est encore loin. On va déjà se concentrer sur le départ, qui devrait être assez mou, et faire en sorte de prendre le bon wagon ».

Jean Galfione, skipper de Serenis Consulting :

« On est prêt et content de partir avec des conditions clémentes qui vont nous éviter de nous retrouver dans le rouge d’entrée de jeu. Jean-Christophe et moi allons pouvoir échanger tranquillement et ainsi aborder sereinement la première difficulté du parcours, en l’occurrence une dorsale plantée au milieu du golfe de Gascogne dans laquelle il faudra éviter de rester englué trop longtemps. Après, il faudra se méfier du passage du cap Finisterre où il devrait y avoir pas mal d’air. A priori, le plus fort n’est pas sur notre route mais si c’est le cas, il faudra être capable de lever le pied. L’avantage, c’est que nous serons alors au portant. Je ne m’inquiète donc pas trop, même si, dans le vent fort et à cette allure, nos concurrents directs marchent très fort. Nous avons un bateau polyvalent et les moyens de jouer. Evidemment, il faudra faire les bons choix tactiques, surtout que deux options très différentes vont s’ouvrir à la sortie du golfe de Gascogne : une au nord et l’autre au sud. Les objectifs ? L’important, ce sera déjà de finir, d’éviter les bêtises et les incidents à bord. Sur un plan plus général, j’espère de prendre du plaisir et là, les conditions devraient le permettre. En termes de résultat, si j’arrive à accrocher une place dans le Top 5, je serais content car tous les très bons bateaux de la Class40 sont présents. Il va falloir être bon ! »

Cédric de Kervenoael, skipper de Transports Hesnault – Cabinet Z :

« On est impatient de partir. A titre personnel, c’est la première fois que je vais faire du grand large, donc je ressens un truc un peu particulier. De fait, c’est assez différent, dans mon esprit en tous les cas, d’aller aux Açores ou d’aller en mer d’Irlande par exemple. Là, j’ai le sentiment de couper un peu le cordon. Comme je ne suis pas un professionnel, je suis assez content de le faire avec Robin (Marais) car cette histoire n’est clairement pas anodine pour moi. J’espère que ça va bien se passer. Il y a logiquement un petit pincement au cœur en quittant le ponton mais j’ai envie de faire cette course. Après avoir passé des années et des années à tourner autour de trois bouées, j’ai envie d’aller voir ce qu’est la houle Atlantique ! »

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