Les trois semaines de course et quatre étapes exigeantes que nous venons de vivre célèbrent un beau vainqueur qui ne doit pas occulter quelques très belles performances individuelles. Qu’ils ou elles aient étonné, confirmé ou explosé, … ça s’est passé sur la 48ème édition de la Solitaire URGO Le Figaro.

Julien Pulvé (Team Vendée Entreprendre), 1er Bizuth et 11ème au classement général

« J’ai navigué décomplexé »
Epique par ses conditions météo exceptionnelles, la première étape Bordeaux-Gijon consacre la première victoire d’étape dans la carrière bien remplie d’un certain Nicolas Lunven. L’autre sensation dans la nuit espagnole, c’est la 6ème place de Julien Pulvé. Le Rochelais débarque du circuit Mini et voilà qu’il transperce la flotte. Marin solide, Julien a aussi dans ses bagages 15 ans de dériveur à haut niveau, soldés par un podium au Mondial 420 en 2006. Il n’a pas froid aux yeux mais sait aller vite. Et pourtant il n’a démarré son projet qu’assez tard, s’entraînant au sein du Team Vendée avec Julien Dutreux qui confirme au passage cette année ses très bonnes dispositions. Sur la seconde étape, ce qui aurait pu passer pour la chance du débutant se confirme. Etienne Saïz, l’entraîneur de Julien, qui a aussi été celui d’une certain Morgan Lagravière, bizuth 2012 à la trajectoire éclair, analyse : « Julien a globalement un très bon feeling à bord mais surtout il sait écouter : le bateau et ceux qui l’entourent à l’entraînement. il n’est pas bloqué dans ses propres schémas il est capable de se remettre en question ». Une qualité qui lui sera précieuse pour tenir son rang de leader après son échec dans la troisième manche. « J’ai pris le départ de la quatrième étape comme si c’était la première. J’avais tout à reconstruire. » Julien relègue loin derrière les autres très bons bizuths du cru 2017 Pierre Leboucher et Tanguy Le Turquais et s’impose comme un concurrent à suivre sur les prochaines éditions.

Gildas Mahé (Action contre la faim), 5ème au classement général

Talentueux et attachant
Sa voix de titi parisien est reconnaissable entre mille sur le canal P4 de la course, il navigue avec la vieille grand voile de Cercle Vert « qu’il adore » et une coque toute blanche. Enfin presque, puisqu’à défaut de sponsor, Gildas Mahé portait cette année sur sa coque les couleurs de l’association Action contre la faim. Avec 7 participations au compteur, le Concarnois n’a jamais gagné la Solitaire mais il fait partie des concurrents les plus redoutés. Toujours rapide, incisif sur les départs, il a été dans le coup à chaque étape, et signe une très belle deuxième place à Concarneau. « Avant, je tapais dans les coins, j’écoutais mon instinct et je prenais des bâches ! Maintenant, je suis plus raisonné, je joue la vitesse et ça marche » expliquait-il à l’arrivée. Parti dernier à Concarneau après avoir volé le départ, il a su se refaire très rapidement. Lorsqu’on lui parle de sa performance, Gildas parle toujours du plaisir de naviguer et commence à en avoir assez de toujours passer pour le concurrent sans le sou. Ne pas se fier à sa chevelure poivre et sel : Gildas a juste 42 ans cette année et un bel avenir devant lui si on veut bien lui en donner les moyens.

Justine Mettraux (TeamWork), 7ème au classement général

La métronome
10 ème, 13 ème, 17ème et 9 ème. Les chiffres parlent d’eux-mêmes pour la concurrente Suisse. Aussi réservée qu’élégante, la jolie Justine Mettraux n’est pas une révélation à proprement parler car on la savait talentueuse. Régatière complète formée au fameux CER de Genève (Centre d’entraînement à la régate), passée par la Mini et la Volvo Ocean Race, Justine était bizuth en 2016. Souvent très dure sur le jugement de sa performance, elle avait emmagasiné plus de frustration que de plaisir sur cette première participation. Ce n’est pas le cas cette année, où elle a toujours joué dans le paquet de tête. Elle n’a craqué ni dans le gros temps de la première étape, ni dans la pétole de la dernière. Justine Mettraux prend peu de risques mais fait aussi très peu d’erreurs. Et comme elle sait faire avancer très vite un bateau… Les Centres d’entraînements ne répètent-ils pas à longueur d’année à leurs cohortes de skippers que c’est le cocktail idéal pour figurer dans le top ten sur la Solitaire ? Justine Mettraux qui garantit avoir prix du plaisir cette année a clairement franchi un cap. La solidité de ses navigations va lui permettre à l’avenir d’oser plus pour viser podiums d’étapes et titiller les champions de la discipline.

Damien Cloarec (SafeRail), 10e au général à 2h35 du premier

Des sourires et des armes
Pour sa troisième participation à La Solitaire, Damien affiche une progression d’enfer. 35e en 2010, 28e en 2016, le voilà dans le top 10 de la 48e Solitaire URGO Le Figaro ! Devenu papa quelques jours avant le départ de Bordeaux, le skipper de SafeRail s’est montré diablement accrocheur toujours aux trousses du paquet de tête et d’une grande régularité sur la durée de l’épreuve. Le secret de Damien demeure sans doute son immense plaisir à participer à la course en solitaire à armes égales. « Je suis conscient de la chance que j’ai d’être là. Je trouve qu’on l’oublie trop souvent, c’est important de ne pas oublier de prendre du plaisir, je me le dit souvent quand j’ai un coup de mou. » confiait-il à son arrivée à Dieppe. Le Carantecois, qui a fait ses classes sur le circuit Mini (quatre saisons), est bel et bien entré dans la cour des Figaristes affûtés. « Je suis devenu addict, cette course est une grosse drogue. »

Yves Ravot (Hors La Rue), 28ème au classement général

Métro, boulot, bateau !
Avec une place de 28e au classement général sur 43 bateaux, le vétéran de la 48e édition de La Solitaire URGO Le Figaro peut être fier. A 54 ans et un métier à plein temps (dirigeant d’une société d’ingénierie), Yves fait mieux que l’an dernier (33e) où il était bizuth et remplit parfaitement son contrat. « Je suis venu chercher la bagarre entre la 20e et la 30e place » confiait-il au départ de Bordeaux. Dès la première étape, dans les grosses conditions de mer et de vent, Yves tient bon la barre et termine 26e sans casse. Une belle entrée en matière qui lui donne toute confiance. Sur chacun des parcours, le Lorientais prend du plaisir et ça se voit : «Je m’éclate à courir, je suis un compétiteur». Yves Ravot navigue aussi pour la bonne cause et défend les couleurs de l’association Hors La Rue, Soutien aux mineurs étrangers en difficulté : « Les gamins me suivent, c’est comme si je les embarquais en mer avec moi ». Une belle Solitaire pour ce pur amateur éclairé qui va dans quelques jours troquer le ciré pour le costume-cravate.

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