Le Trophée Jules Verne entre les mains de Francis Joyon et son équipage
Francis Joyon et l’équipage du maxi-trimaran IDEC SPORT, Clément Surtel, Alex Pella, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet, auquel manque Sébastien Audigane en convoyage au beau milieu de l’Atlantique, ont reçu hier soir dans les salons du très prestigieux Musée de la Marine à Paris le Trophée Jules Verne, l’étonnante sculpture en sustentation dans l’espace, créée par l’américain Thomas Shannon. Plus de 300 invités étaient réunis autour de Patrice Lafargue, Président du Groupe IDEC, et les deux parrains historiques des multicoques de Francis, le Professeur Gérard Saillant, Président de l’ICM et Jean Todt, le Président de la FIA. Une passation de pouvoir entre les précédents tenants du record, représentés par Pierre Yves Moreau du Team Banque Populaire et assisté pour l’occasion par la légende Britannique de la voile, Sir Robin Knox Johnson, détenteur du trophée avec le regretté Peter Blake en 1994 (Enza New Zealand). Une soirée forte en émotion placée sous le sceau des retrouvailles pour ces marins d’exception partis voguer, depuis leur retour historique à Brest (40 jours et 23 heures) le 26 janvier dernier, sur leurs projets respectifs.
« Je suis fier de cet équipage, et de ce qu’il a réalisé. » Patrice Lafargue retrouvait hier soir les accents pleins d’affection et d’admiration qu’il avait spontanément exprimés lors du retour triomphal à Brest en janvier dernier du maxi-trimaran aux couleurs du Groupe IDEC. Fidèles à leurs personnages contrastés, tout en humilité et joie de bien naviguer, Francis, Clément, Alex, Bernard et Gwéno ont replongé, le temps d’une soirée parisienne, dans les souvenirs encore frais d’un extraordinaire périple, 40 jours, 23 heures et 30 minutes, d’une ahurissante circumnavigation. Titouan Lamazou, tout au bonheur de voir perdurer une idée lancée voici près de 25 ans avec Florence Arthaud, continue de s’extasier au descriptif des exploits d’IDEC SPORT, ses 26 412 milles parcouru et ses 26,85 noeuds de vitesse moyenne tenus sur la distance théorique. « 23 tentatives ont eu lieu en 24 années d’existence » précise-t’il, « pour 9 succès. Il est formidable que des marins, des concepteurs de bateaux continuent tentative après tentative de donner vie à ce rêve de navigation ultime autour de la planète. »
Jamais vraiment à l’aise sous les feux des projecteurs, Francis Joyon avoue ne guère regarder en arrière. « Je conserve le souvenir de moments magiques, partagés avec des marins d’exception. Mais je suis déjà projeté sur d’autres défis, d’autres courses, d’autres instants uniques à vivre avec cet équipage, dès l’été prochain lors de The Bridge, course réservée aux Ultimes entre Saint Nazaire et New York… »
Ils ont dit :
Gwénolé Gahinet
« J’ai toujours du mal à réaliser ce que nous avons fait. L’arrivée et le retour à la réalité avaient été violents. Je crois que notre réussite incombe à Francis, qui a su former et garder motivée une équipe très cohérente. Dans le Grand Sud, Francis est comme chez lui, et sa gestion du stress a été phénoménale. Je conserve les images de longs surfs, de longues journées à toute allure dans une brume épaisse, dans une tension nerveuse permanente. Le passage du Horn avait été riche en émotion, car nous avions alors senti que le pari pouvait être gagné… »
Bernard Stamm
« J’ai enchainé très vite avec le circuit Diam 24, mais je me sens encore convalescent de cette expérience. Ce tour du monde a été exceptionnel à tous les points de vue. La réussite appartient à Francis. Je suis bluffé par ce bateau, sain en toutes circonstances… On pensait avoir une chance de prendre ce record dans le Pacifique, mais nous avons fait le principal dans l’Indien. Après, on a géré. Deux tours du monde en deux ans créent des liens d’amitié très forts. »
Francis Joyon
« Je repense très peu à cette aventure, car je me projette dans le futur. Cette soirée de remise du trophée est l’occasion de se replonger dans cette épopée et d’entrevoir tous les acteurs. On est très fiers de s’inscrire dans la continuité de ce que des marins comme Robin Knox Johnson, Peter Blake ou Bruno Peyron ont tracé. Je suis très fier de recevoir ce Trophée des mains de Sir Robin. »
Alex Pella
« J’ai encore à du mal à croire à cette victoire. Je revois les bons moments, et j’ai déjà oublié les mauvais. Recevoir ce trophée avec ce bel équipage, dans un endroit prestigieux comme le Musée de la Marine me rend très fier. Ce record est incroyable mais je me projette aussi vers l’avenir, et ce qu’il faudra inventer pour battre notre record. Je remercie Francis de m’avoir embarqué dans cette belle aventure…»
Clément Surtel
« On a repris notre vie de terrien après nos trois tentatives et nos deux Trophées Jules Verne. J’ai encore du mal à y croire. Avec cette soirée, on réalise un peu mieux ce que nous avons réalisé avec nos petits moyens et notre petite équipe. La prochaine transat, The bridge 2017, va nous permettre de renaviguer ensemble. »
Les 9 tentatives fructueuses du Trophée Jules Verne :
- FRANCIS JOYON / IDEC-SPORT 2017
40 JOURS 23H | 30MIN | 30S - LOÏCK PEYRON / BANQUE POPULAIRE V
45 JOURS 13H | 42MIN | 53S 2012 - FRANCK CAMMAS / GROUPAMA 3
48 JOURS 7H | 44MIN | 52S 2010 - BRUNO PEYRON / ORANGE II
50 JOURS 16H | 20MIN | 4S 2005 - OLIVIER DE KERSAUSON / GERONIMO
63 JOURS 13H | 59MIN | 46S 2004 - BRUNO PEYRON / ORANGE
64 JOURS 8H | 37MIN | 24S 2002 - OLIVIER DE KERSAUSON / SPORT-ELEC
71 JOURS 14H | 22MIN | 8S 1997 - PETER BLAKE & ROBIN KNOX-JOHNSTON / ENZA NEW ZEALAND
74 JOURS 22H | 17MIN | 22S 1994 - BRUNO PEYRON / COMMODORE EXPLORER
79 JOURS 6H | 15MIN | 56S 1993