Après deux premières journées de course disputées dans des conditions de vent médium (entre 12 et 15 noeuds), ce vendredi les équipages des Voiles de Saint-Barth ont dû composer avec de petits airs (entre 0 et 8 noeuds). Le changement de décor a donc été assez radical pour les marins qui ont bataillé ferme pour faire avancer au mieux leurs machines, en particulier les grosses unités qui ont rencontré d’importantes zones de molles sous le vent des îles Fourchue, Pelé et le Boulanger. Des zones de pétole qui ont parfois largement redistribué les cartes.

Reste que s’il fallait avoir un peu de réussite, aujourd’hui, il fallait surtout avoir les nerfs solides. Mais ce que l’on retiendra particulièrement, ce sont les nombreux bouleversements au sein des différents classements à l’issue de cette journée. Aussi, à la veille du dernier jour de compétition, non seulement les écarts de points se sont resserrés mais en plus les leaders d’aujourd’hui ne sont plus forcément ceux d’hier. De quoi garantir un maximum de suspense pour l’ultime régate !

Après une journée « off » bien méritée hier, les 1 100 marins de la 8e édition des Voiles de Saint-Barth ont repris du service, ce vendredi, dans un vent plutôt faible, voire inexistant sur certaines portions des parcours proposés aujourd’hui par le comité de course. Un comité qui s’est ainsi vu contraint de raccourcir la manche et de juger l’arrivée au Pain de Sucre, c’est-à-dire 1,3 mille plus tôt que prévu. « Au vu des conditions, j’ai fait le choix de procéder à une réduction des parcours afin que tout le monde soit en mesure de terminer dans les temps. Le fait est que j’ai bien fait puisque le dernier équipage a bouclé la manche à 17h55, soit cinq minutes avant la fermeture de la ligne », a expliqué Jean Coadou, le président du comité qui a fait en sorte de s’adapter au mieux à la légèreté de l’air. Il n’empêche que sur les bateaux, certains se sont arrachés les cheveux. « Nous sommes partis dans 7-8 nœuds mais le vent s’est totalement effondré au niveau de l’île Fourchue. Là, ceux de derrière sont revenus et la flotte s’est compressée. Il y a eu de très grosses zones de transition à négocier pour tourner autour de Pelé et Le Boulanger également. Ça a été assez compliqué avec des périodes avec 0 nœud de vent. Et ça l’a été de nouveau au sud de l’île. A chaque fois, ça a redistribué énormément », a expliqué Olivier Douillard, tacticien à bord d’Aragon qui a mené les débats chez les Maxi 2 avec une belle avance avant de se faire doubler par Plis Play de Vincente Garcia. « Les conditions de course faisaient qu’il ne fallait pas être devant trop tôt », a relaté le Nantais.

Les premiers, pas toujours les mieux servis

C’est aussi la conclusion que pourrait tirer l’équipage de Sorcha, en CSA 0. Vainqueur des deux premières courses, mardi et mercredi, les hommes de Peter Harrisson étaient, de fait, bien partis pour enfoncer le clou aujourd’hui en s’installant aux commandes rapidement après le départ or la molle sous les îles a changé la donne, faisant les affaires de Fomo. « La flotte s’est éclatée au passage de l’île Fourchue. C’est devenu vraiment intéressant pour nous car Sorcha est resté scotché un moment dans une bulle sans vent, ce qui nous a permis de revenir sur lui et même de le dépasser », a détaillé Lloyd Thornburg, le vainqueur de la régate du jour, évidemment pas mécontent de grappiller, par la même occasion, une place au général (2e). Reste que tout reste à faire pour le skipper Américain qui ne compte, certes, qu’un point de retard sur le premier, mais qui ne possède lui-même qu’un point d’avance sur le troisième, qui lui-même ne compte qu’un point d’avance sur le quatrième. « Ça promet une dernière journée de course riche en suspense », a ajouté Thornburg qui aimerait bien inscrire une nouvelle fois son nom tout en haut de l’affiche, ainsi qu’il l’avait déjà fait en 2015 dans la classe des Multicoques à bord de Phaedo3. Même topo chez les CSA 2. A l’issue des trois premières manches, les quatre premiers au classement se tiennent en un point. Pour l’heure, l’avantage est à l’équipage d’Oystercatcher XXX1 mais Taz, Kick’em Jenny 2 ainsi que Lazy Dog, déjà vainqueur des Voiles en 2015 et 2016 en CSA 1, ne comptent pas lâcher le morceau avant l’heure. Idem aussi chez les Maxi 2 où la bagarre va forcément être féroce entre Windfall, Aragon, Plis Play et Selene. Là encore, ils seront quatre pour seulement trois places sur le podium.

Seulement trois places sur le podium

Chez les CSA 4, c’est, à priori, plutôt à un duel intense entre Pasco’s Jaquar et Soltisce auquel l’on devrait assister. Les deux bateaux ne sont séparés, ce soir, que d’un tout petit point, avec une petite marge d’avance sur le troisième, Touch2Play Racing. Ce dernier pourrait toutefois jouer les trouble-fêtes, comme il l’a déjà fait cet après-midi en s’octroyant la première place. « Notre bateau, un J 88, marche particulièrement bien dans le vent léger et nous avons pu en avoir la confirmation aujourd’hui. Cela étant, nous avons vraiment très bien navigué. Nous avons choisi de privilégie la côte et cela nous a bien réussi », a indiqué le skipper Canadien, Rob Butler qui signe cette année sa première participation aux Voiles de Saint-Barth. Idem ou presque chez les Maxi 1. Si le Maxi 72 Proteus semble bien parti pour remporter sa deuxième victoire consécutive sur l’évènement, il va devoir se méfier jusqu’au bout de Prospector, SFS et Bella Mente. D’une part parce que comme le précisent les instructions de course des Voiles, toutes les courses comptent, ce qui ne pardonne pas la moindre erreur, et, d’autre part, parce que ses trois principaux concurrents se tiennent dans un mouchoir de poche et vont, à coup sûr, lâcher tous les coups pour monter (ou rester) sur le podium. Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, logiquement, il y a aura des déçus et des contents. Les paris sont ouverts !

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