Didac Costa achève le Vendée Globe à la 14e place
Le marin espagnol Didac Costa (One Planet-One Ocean) a franchi la ligne d’arrivée du 8ème Vendée Globe, jeudi 23 février 2017 à 8 heures 52 minutes 45 secondes (heure française). A 36 ans, il boucle son premier tour du monde en solitaire, il aura mis 108 jours 19 heures 50 minutes et 45 secondes. Sur un Imoca d’ancienne génération, le Catalan a parcouru 27 964 milles sur l’eau, à la vitesse moyenne de 10.70 nœuds.
Sapeur- pompier de métier, le Barcelonais a fait ses débuts de coureur au large dans la Mini transat 2011. Il a déjà bouclé un tour du monde en Imoca 60, c’était en double à l’occasion de la Barcelona World Race 2014-2015. Son bateau One Planet One Ocean, âgé de dix-sept ans, est l’ancien Kingfisher avec lequel Ellen MacArthur a terminé deuxième du Vendée Globe 2000-2001, puis remporté la Route du Rhum en 2002. Par ailleurs, Didac Costa est le quatrième concurrent espagnol dans l’histoire de l’Everest des mers, après Jose de Ugarte (6e en 1993), Unai Basurko (abd en 2008) et Javier Sanso (abd en 2013). Retour sur son aventure.
Victime d’une avarie de ballasts, une heure après le départ du dimanche 6 novembre, Didac Costa rentre à Port Olona afin de constater les dégâts occasionnés par une inondation sur les systèmes électriques du bateau. A l’aide de sa petite équipe et de la communauté des pompiers Sablais, le marin catalan répare son IMOCA One Planet One Ocean et repasse la ligne, quatre jours après le reste de la flotte. L’Espagnol commence donc son tour du monde, en 29e position, avec 770 milles de retard sur Sébastien Destremau (TechnoFirst- faceOcean), le concurrent qui ferme la marche.
Didac Costa rattrape la flotte
A l’approche du premier des trois caps le 8 décembre, Didac Costa qui navigue presque deux fois plus vite que Sébastien Destremau, le double et délaisse donc son statut de lanterne rouge. A Bonne Espérance, l’Ibère passe ensuite devant Romain Attanasio (Famille Mary- Etamine du Lys), lequel s’arrête plusieurs heures afin de réparer ses safrans. Le pompier espagnol n’hésite pas à mettre du charbon dans la chaudière, rattrapant ainsi le néerlandais Pieter Heerema et son foiler de dernière génération No Way Back qui navigue de façon conservatrice dans le nord de l’océan Indien. Noël approche, One Planet One Ocean longe la barrière des glaces et lorsque que Didac franchit le Cap Leeuwin, il figure en seizième position du classement de ce 8ème Vendée Globe. Tandis que les terriens s’activent autour des festivités de fin d’année, Rich Wilson (Great American IV) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) entrent dans l’océan Pacifique, plus de 1000 milles devant Didac qui est maintenant très proche de l’irlandais Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager – Team Ireland). Pour mémoire, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) navigue quant à lui, à la bagatelle de 7 580 milles devant l’étrave du skipper espagnol !
Dans les mers du sud, le skipper de Barcelone reste vigilant au matériel, le bateau n’est pas dans un état optimal et de nombreux ennuis techniques surgissent, sur les pilotes entre autres. Bien sûr, l’objectif est tout d’abord de ramener ce vénérable navire jusqu’aux Sables-d’Olonne : « Le moindre problème peut se transformer en gros souci dans cette zone, ma dernière semaine a été un peu difficile avec le passage d’une grosse dépression et des rafales à plus de 40 nœuds, de face ! » écrit Didac Costa peu avant d’entamer l’océan Pacifique début janvier. Sa position dans la flotte ne changera guère jusqu’à l’arrivée ; en effet il navigue à quelques jours de mer en arrière du quarté formé par Alan Roura, Rich Wilson, Arnaud Boissières et Fabrice Amedeo, mais seulement quelques dizaines de milles devant Romain Attanasio qui, en bon figariste, a raccroché le train dans son sillage.
Voile déchirée à l’équateur
Après 75 jours de course, le 20 janvier One Planet One Ocean franchit le cap Horn, suivi de très près par Famille Mary – Etamine du Lys. Les deux skippers qui remontent l’Atlantique finissent par se rapprocher à vue et en profitent pour discuter à la VHF : « Nous nous sommes donnés des nouvelles de nos bateaux ! » raconte Romain à la vacation par téléphone. Le passage du Pot au noir et ses grains violents occasionnent plusieurs déchirures dans la grand- voile du marin espagnol. Les longues sessions de bricolage reprennent, il faut tantôt grimper dans la mâture, tantôt affaler puis hisser de nouveau pour réparer les trous tant bien que mal, bref faire des efforts surhumains pendant des heures, de jour comme de nuit, pour maintenir le bonhomme, l’embarcation et toute la toile en capacité de boucler le tour.
Un accueil bien mérité
« Je me suis harnaché pour monter jusqu’à la déchirure et coller le dernier patch en faisant de la haute voltige avec la voile gonflée. J’ai les jambes bien endolories après cent jours sans à peine bouger… Je n’ai pas encore perdu toutes mes forces, mais je sens bien la différence avec mon état physique d’il y a quelques semaines. Il est vraiment temps de rentrer aux Sables …» relate Didac à la Direction de course . Au départ, le marin avait annoncé avoir chargé son bateau pour 105 jours d’avitaillement, mais son équipe avoue avoir heureusement caché un peu de poids supplémentaire, à consommer au cas où… Dans les derniers milles, le skipper doit encore contourner une zone de hautes pressions, avant d’atteindre la fameuse bouée Nouch sud, la marque qui signifie l’aboutissement du tour du monde et la délivrance finale. Gageons que l’accueil préparé au marin espagnol par tous ses confrères, sapeurs-pompiers aux Sables-d’Olonne, lui réserve une remontée dans le chenal aussi spectaculaire que sonore !