Rich Wilson, la classe américaine
Après le benjamin hier, le doyen aujourd’hui ! Elle était belle cette arrivée de Rich Wilson ce midi aux Sables d’Olonne, quand le skipper de Great American IV a pris la 13e place du Vendée Globe, à 13h50, puis embouqué le fameux chenal des Sables d’Olonne. Il ne reste plus que cinq marins en mer ce soir et trois arrivées devraient s’enchaîner cette semaine : celles de Didac Costa, Romain Attanasio et Conrad Colman.
Un Suisse hier, un Américain aujourd’hui, un Espagnol demain ou jeudi, un Français vendredi, un Néo-Zélandais ce week-end : la semaine est très internationale aux Sables d’Olonne ! Le public n’a pas manqué l’occasion de venir y saluer ce midi le très classe Rich Wilson, revenu des limbes à bord de son fidèle Great American IV. A 66 ans, Rich Wilson est le marin le plus âgé à avoir bouclé le Vendée Globe après 107 jours et 48 minutes de course. Un exploit que le vétéran américain réalise pour la deuxième fois en améliorant son chrono personnel d’exactement quatorze jours. En 2008-2009, il avait bouclé en effet son premier Vendée Globe en 121 jours. Une de ses déclarations au ponton est venue confirmer une évidence, mais cela va toujours mieux en le disant : « chaque marin qui réussit à terminer le Vendée Globe est un vainqueur ». On a aimé aussi le voir surnommer Alan Roura et Eric Belion, venus l’accueillir, « mes frères du Sud »… ou encore rappeler l’extrême solitude de ces marins-là : « c’est fou, entre le Brésil à l’aller et le Brésil au retour, je n’ai aperçu qu’un seul cargo. Un seul ! » Chapeau bas, monsieur Wilson.
Cinq skippers encore en mer
Pendant ce temps-là en mer, les conditions sont plutôt bonnes pour quatre des cinq marins qui restent en course ce soir. Même le dernier, Sébastien Destremau, qui peinait à faire repartir son TechnoFirst-faceOcean encalminé au grand large du Brésil, a retrouvé un peu du vent. Enfin, il peut de nouveau progresser vers le but à une vitesse honorable, retrouvée seulement dans la matinée : 9 noeuds efficaces, au bon cap. Cela doit faire beaucoup de bien à son moral, qu’on sentait en berne hier midi. D’ici ce soir, Sébastien sera à moins de 3000 milles des Sables d’Olonne. Et s’il devra à la fois économiser sa nourriture et surveiller une dépression en formation sur sa trajectoire, être de nouveau en route après un arrêt buffet de près de quatre jours est un réel soulagement. Tout va bien aussi pour le Néerlandais Pieter Heerema (No Way Back, 17e) qui s’approche des Açores à 10 nœuds de moyenne et entame le tour de l’anticyclone… ce même tour que sont en train de terminer Didac Costa et Romain Attanasio, dans de bonnes conditions de vent portant.
Didac Costa attendu jeudi
Didac Costa n’est plus qu’à 318 milles de l’arrivée au pointage de 15h. Au classement, il devrait gagner une place d’ici ce soir en récupérant la 14e place de Conrad Colman. Le skipper de One Planet One Ocean pourrait arriver jeudi matin et il se murmure que ses confrères sapeurs pompiers des Sables d’Olonne (c’est le métier de Didac, à Barcelone) lui réservent un accueil spectaculaire. Pour l’heure, le Catalan poursuit son approche des côtes françaises au vent de travers dans un régime d’Ouest, environ 180 milles au large de la baie d’Audierne. Romain Attanasio, lui, devra patienter un peu plus avant de goûter à la joie des retrouvailles qui devraient intervenir vendredi matin pour lui. Le skipper de Famille Mary-Etamine du Lys tente de « couper le fromage » en montant moins au Nord que Didac Costa dans le contournement de la zone de hautes pressions. La route est plus courte, certes, mais si le vent mollit il devra probablement opter lui aussi pour une trajectoire en escalier, à l’image de ce qu’a fait l’Espagnol. Rappelons que Romain n’a plus que des pâtes à manger depuis quelques jours… et qu’il a hâte de boucler son premier Vendée Globe !
Reste le cas, évidemment très particulier, du Néo-Zélandais Conrad Colman à bord de son Foresight Natural Energy. Il navigue sous gréement de fortune, après avoir perdu son mât il y a déjà onze jours, le 10 février. Cet après-midi, Conrad navigue à 4 nœuds dans le golfe de Gascogne, à une vingtaine de milles des côtes espagnoles et 293 milles de l’arrivée. Mais pour l’instant le vent le contraint à tirer des bords forcément peu efficaces avec son bateau handicapé. Mais Conrad veut absolument terminer et se bat pour ça. Il sait qu’il a encore 36 à 40 heures difficiles à négocier avant que le vent ne bascule à l’Ouest et devienne donc favorable. Le Néo-Zélandais espère toujours arriver le week-end prochain aux Sables d’Olonne, ce qui le classerait probablement 16e du Vendée Globe. La 14e place en effet ne peut plus échapper à Didac Costa et la 15e devrait revenir à Romain Attanasio. Peu importe, d’autant que ce qu’aura à raconter le skipper Kiwi vaudra son pesant d’or, après les multiples et incroyables aventures qui ont jalonné son tour du monde.