Quatre marins attendus cette semaine
Après la belle arrivée du benjamin Alan Roura à la 12e place ce lundi matin, six marins sont encore en mer. Quatre d’entre eux devraient arriver cette semaine aux Sables d’Olonne. A commencer par le doyen américain Rich Wilson, attendu entre mardi en fin d’après-midi et mercredi matin.
Quelques jours avant son 24e anniversaire, le Suisse Alan Roura a donc conquis ce matin la douzième place, après 105 jours et 20 heures de course. Radieux, Alan a déjà annoncé qu’il reviendrait se frotter au Vendée Globe en 2020. Comme un symbole du réjouissant grand écart entre générations sur ce huitième Vendée Globe, celui qui va lui succéder dans le chenal des Sables d’Olonnes a l’âge d’être son grand-père. Voici venir l’Américain Rich Wilson, 66 ans, et son Great American IV. En route directe à la latitude des Sables d’Olonne, Rich n’a plus qu’à composer avec des conditions légères pour combler, on l’espère tranquillement, les quelques poignées de milles qui le séparent encore de l’arrivée : un peu plus de 210 au pointage de 15h. Il pourrait couper la ligne et prendre la treizième place dans l’après-midi de mardi ou au plus tard mercredi matin, avant de profiter lui aussi d’un bain de foule fort mérité.
Régime 100% pâtes pour Romain Attanasio
Trois autres marins attaquent leur dernière semaine de course. L’Espagnol Didac Costa (One Planet One Ocean), qui en termine avec le grand tour de l’anticyclone : très Nord – à hauteur de Ouessant – le pompier catalan est le plus rapide aujourd’hui à environ 14 nœuds de vitesse. Il devrait prendre la 14e place, la 15e étant promise à Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) qui est attendu « plutôt vendredi ». Joint à la vacation ce midi, Romain a avoué qu’il « comptait les heures » et en avait « un peu marre des pâtes au sel et à l’huile, vu que je n’ai plus que ça à manger », mais il se montrait tout de même enjoué et se réjouissait au passage : « tiens, je suis passé en-dessous des 1000 milles restant à faire et je viens juste de m’en rendre compte. C’est bon, ça fait du bien ! » Romain devrait lui aussi passer devant l’infortuné Conrad Colman qui estimait lui-même ce midi qu’il lui restait « cinq jours de navigation » et que la direction de course voit bien pointer son étrave samedi ou dimanche. Jacques Caraës explique : « ça va dans le bon sens pour Conrad qui est maintenant dégagé de la route des cargos… et ça va aller de mieux en mieux car s’il a encore un peu de près à faire, peut-être une trentaine d’heures, il récupérera ensuite un régime de vents d’Ouest qui le porteront jusqu’à l’arrivée. Dès mercredi, il pourrait faire route directe. »
Le cours de voile de Conrad Colman
A ce sujet, si un jour Conrad Colman veut se reconvertir en moniteur de voile, sa pédagogie est limpide, comme le prouve ce message: « Avancer vent arrière sur un bateau lent n’est pas si compliqué : le vent pousse sur la partie de voile qu’il rencontre et que ce soit une voile, une porte de grange ou les draps de ma grand-mère, ça marche. Mais pour remonter au vent c’est une autre histoire, car tout dépend du flux d’air sur les deux côtés de la voile. Avec des voiles qui ont une belle forme, le vent accélère plus sur l’extérieur de la voile qu’à l’intérieur et la différence de pression entre les deux fait avancer le bateau. Idéalement le foc « pré-accélère » le vent pour la grand-voile et la somme des deux permet de mieux avancer. Afin de recréer cela, j’ai installé des boutes dans tous les sens sur le bateau, pour pouvoir régler les voiles au mieux et créer la meilleure forme possible. Je n’avance peut-être qu’à 3 ou 4 noeuds mais c’est déjà un tiers de la vitesse que je ferai avec un gréement normal, or j’ai bien moins d’un tiers de la surface de voiles!” Le skipper de Foresight Natural Energy et son magnifique gréement de fortune mériteront un énorme bravo ce week-end.
Patience et longueur de temps
Ce sera plus long évidemment pour les deux concurrents qui ferment la marche. Le 18e et dernier Sébastien Destremau avait d’ailleurs petit moral ce midi à la vacation. Encalminé depuis trois jours au large du Brésil, à plus de 3200 milles de l’arrivée, il trouve le temps long – “c’est un peu dur, là..” – et n’a d’autre solution que se persuader : “le vent va bien finir par revenir”, ce qui est attendu pour lui après-demain mercredi. Le skipper de TechnoFirst-faceOcean va devoir aussi se rationner en vivres, car il a découvert hier avoir « perdu un sac de nourriture entier quand mon bateau s’est inondé, suite à un tuyau débranché. Avant ça, j’avais de quoi tenir juste jusqu’au 4 mars… mais j’arriverai plus tard, peut-être vers le 10.» En outre, Sébastien voit « une grosse dépression en formation sur ma route, un monstre avec des vents à 70 nœuds dedans. La météo a le temps d’évoluer mais au jour d’aujourd’hui elle est sur ma route à moyen terme. » Si cela se confirme, il lui faudra encore adapter sa trajectoire. Sébastien trouve toutefois les ressources pour avoir une pensée pour « Alan Roura, mon copain qui vient d’arriver. Un grand, grand bravo à lui ! »
En revanche, 1400 milles plus au Nord, la réalité du terrain est beaucoup plus favorable pour le Néerlandais Pieter Heerema (No Way Back, 17e) qui vient de réussir à renvoyer sa grand voile haute. Il lui manque seulement une latte, mais sa vitesse est de nouveau satisfaisante : 500 milles dans le Sud-Ouest des Açores, Pieter arrive à tenir une moyenne de 12 noeuds cet après-midi, et le vent de Sud-Est qu’il reçoit devrait tenir un bon moment. Il lui reste 1780 milles à faire avant une arrivée estimée pour lui la semaine prochaine, autour du 28 février.