Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) a franchi la ligne d’arrivée du 8ème Vendée Globe, lundi 13 février 2017 à 17 heures 58 minutes et 20 secondes (heure française) à la 9e du classement général. Premier bizuth, le marin de 40 ans boucle son tour du monde en 99 jours 04 heures 56 minutes et 20 secondes, sur un Imoca de la génération 2008 – l’ex DCNS-. Éric termine ainsi une giration de 28 048 milles sur l’eau, à la vitesse moyenne de 11,78 nœuds.

Marin amateur et formateur en management, Eric Bellion participait à son premier Vendée Globe afin de porter un message sur la richesse de la différence. Avant le départ du 6 novembre, le bizuth quadragénaire décrivait sa vision de la navigation en solitaire, en forme de voyage initiatique « Je vais aller voir si je suis capable de le faire, j’aurais une réponse en essayant. Le plus difficile est de développer la confiance en soi, mais c’est la clé… Cette aventure est la fusion entre les expérimentations pour connaitre mes limites et ma participation à la société telle que je l’entends. » Du bord, Éric a envoyé de nombreuses vidéos qui témoignent de ce cheminement personnel de trois mois.

Les premiers doutes

C’est donc en plein questionnement sur ses capacités et celles de son bateau, qu’Éric Bellion entame la descente de l’Atlantique, bien calé dans le groupe qui ferme la marche. CommeUnSeulHomme prend les boulevards extérieurs dans une trajectoire très ouest pour rejoindre le Pot au noir, où il retrouve Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys), qui devient son compagnon de route. Ensemble, ils font cap au sud, échangent à la VHF et se surveillent avec attention. Éric veut rester au contact des autres marins, tant qu’il n’a pas pris confiance. Le skipper découvre que son bateau peut faire mieux que sa 22ème position, mais il doute quant à ses propres moyens : « Je n’ai pas encore les automatismes des solitaires…J’essaie de freiner un peu le bateau mais il n’a qu’une envie, c’est d’y aller ! »

Les révélations du Sud

Puis, à l’entame de l’océan Indien, Éric teste des réglages et prend sa monture en mains. Il progresse dans le sillage d’Arnaud Boissières lorsque, dans une grosse rafale, le bateau se couche brutalement provoquant une rupture de mèche de safran. Le skipper effectue une pénible session de bricolage durant douze heures, qui lui permet de reprendre sa course, doté à la fois d’un nouveau safran et d’une meilleure confiance en lui. A Noël, afin d’éviter une grosse tempête, Éric Bellion navigue au ralenti et retrouve le Suisse Alan Roura et l’Irlandais Enda O’Coineen, dans un trio qui marque alors la vidéosphère (voir la vidéo). Puis le skipper de CommeUnSeulHomme accélère la cadence dans le Pacifique, double le petit groupe formé par Fabrice Amédéo, Arnaud Boissières, Rich Wilson, avant de dépasser également le Néo-Zélandais Conrad Colman. En neuvième position au cap Horn le 11 janvier – soit deux jours derrière Nandor Fa et dix-neuf jours après Armel le Cléach- Eric savoure son aventure « Je ne suis plus le même homme. Il y a eu un changement radical. Les dépressions me faisaient peur mais aujourd’hui, j’adore me bagarrer avec elles ! »

Remontée dans l’Atlantique éprouvante

L’après Horn et la remontée le long du Brésil sont au prix d’épuisantes manœuvres. Éric doit se débarrasser patiemment des algues prises dans la quille, s’extraire d’infernales zones de calmes entrecoupées d’imprévisibles autant que violentes rafales. Puis il lui faut, comme les copains, affronter le train des dépressions de l’Atlantique Nord « Je vis un enfer, cette dernière partie du Vendée Globe est la plus dure, je ne m’étais pas préparé à ça ». L’ultime semaine de mer éprouve jusqu’au bout les forces du skipper, son moteur refuse de démarrer et il doit économiser l’énergie du bord, ensuite il lui faut réparer le dessalinisateur à l’approche du Cap Finistère! A 48h de l’arrivée, rencontrant des conditions dantesques et des vents de 70 nœuds, Éric apprend le démâtage de son poursuivant Conrad Colman. C’est à ce moment que le rail de grand-voile lâche sur CommeUnSeulHomme, obligeant le marin à terminer sa course sous voilure réduite. En entrant dans le chenal des Sables-d’Olonne Eric Bellion peut savourer l’accomplissement de ce tour du monde et une délivrance amplement méritée !

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