« L’idée de dormir dans un lit qui ne bouge pas, qui n’est pas un pouf en plastique, sans me faire réveiller par une alarme toutes les 30 minutes, c’est le grand bonheur. » racontait ce midi à la vacation Romain Attanasio. En ce 85e jour de mer, les 12 marins encore en course sur ce 8e Vendée Globe ne cachent pas leur impatience de retrouver la terre ferme… et à la fois redoutent un peu ce retour à une vie normale. « Le souci du moment, c’est le retour. Peut-être que je n’aurai pas envie de poser le pied à terre, j’aurai peut-être envie de rester sur mon bateau. » confiait ce midi Alan Roura, le plus barbu des skippers en mer.

Louis Burton attendu jeudi matin

Louis Burton sur son Bureau Vallée sera le prochain marin à franchir la ligne d’arrivée du 8e Vendée Globe. Il est attendu jeudi matin aux alentours de 9h à la cardinale Nouch Sud ! Et nul doute que le public sera au rendez-vous dans le chenal pour saluer le bonhomme de 31 ans et son bateau. Aux Sables d’Olonne, petits et grands patientent en déambulant sur le ponton sur lequel sont encore amarrés Maître CoQ, StMichel-Virbac, Quéguiner-Leucémie Espoir et Finistère Mer Vent. En attendant, Bureau Vallée doit encore parcourir 580 milles poussé par un vent de Sud-Ouest qui devrait se renforcer pour 20 nœuds jusqu’aux côtes vendéennes. Jeudi, Louis pourra tomber dans les bras de Morphée… dans un vrai lit qui ne bouge pas.

Nandor Fa aux Sables entre le 6 et le 8 février

Le Hongrois sur son Spirit of Hungary devrait bientôt en avoir fini avec le contournement de cet anticyclone qui l’empêche d’afficher au compteur des vitesses à deux chiffres. Cette nuit, le skipper de 63 ans va accélérer en arrière d’une grosse dépression qui le poussera dans un flux de Sud-Ouest tonique… jusqu’à la ligne d’arrivée. Si Nandor a remarquablement mené son bateau depuis le départ le 6 novembre dernier, il va lui falloir jouer de la prudence pour que le matériel tienne jusqu’au bout.

Eric Bellion et Conrad Colman dans les alizés de Nord-Est

Pour Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), 9e, la vie est belle dans les alizés de Nord-Est. Les émotions sont toujours décuplées en mer après 85 jours de solitude et Eric n’a pas manqué de les faire partager dans une vidéo envoyée à l’organisation du Vendée Globe : « Il reste douze jours de mer peut-être moins. Je suis un peu perdu dans les émotions, je ne sais pas si je dois pleurer ou rire, c’est tellement grand, beau, je suis super ému, fatigué aussi mais je suis heureux d’être là ! Je trace la route au reaching vers le nord, vers la maison, vers vous tous. » 300 milles derrière, Conrad Colman (Natural Foresight Energy) fait lui-aussi cap vers les Sables d’Olonne mais souffre d’avoir perdu trois voiles importantes. Il ne lui reste que sa grand-voile, sa trinquette et son J3 pour continuer la route… Mais Conrad garde toujours le sourire.

Engranger des milles…

Arnaud Boissières (La Mie Câline) est le chef de file du groupe des 8 bateaux encore dans l’Atlantique Sud. Il devrait rentrer dans le Pot au Noir demain soir, et ne pas y rester trop longtemps. La ZCIT (zone de convergence intertropicale) semble bien moins active que pour les premiers concurrents du Vendée Globe ! Les plus mal lotis demeurent Alan Roura (La Fabrique), Rich Wilson (Great American IV), Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio qui naviguent dans du vent instable en force et en direction. Pour Didac et Romain, la régate au contact est toujours d’actualité : 7 milles les séparent ce soir… « J’ai une zone orageuse devant moi et je m’apprête à rentrer dedans. Le vent monte, j’ai pris un ris déjà. Ça sent le bouillon cette affaire. » racontait Romain ce midi… Quant à Pieter Heerema (No Way Back) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) la météo demeure plutôt favorable. Pieter devrait toucher les alizés de l’hémisphère sud plus tôt que ses prédécesseurs et Sébastien glisse à vive allure (15 nœuds) dans l’ouest des Falkland. La vie est belle ce soir en mer, même à 6 600 milles de la ligne d’arrivée…

Romain Attanasio, Famille Mary-Etamine du Lys

« Je n’ai plus Didac (Costa) en visu. Il n’a pas d‘AIS donc c’est embêtant, je ne vois pas quand il manœuvre. La nuit, je vois ses feux. C’est sympa. On s’est appelé plusieurs fois, on discute beaucoup. On ne se connaissait pas. Je ne sais même pas si je lui ai serré la main au départ de la course. C’est super, cela permet d’être plus à l’affût sur les réglages. Je garde un œil sur Pieter Heerema car il a bien réduit l’écart, comme nous, sur ceux de devant. Il a une bonne météo, il est bien loti pour l’instant. »

Alan Roura, La Fabrique

« Le Vendée Globe apporte humainement quelque chose qui est incroyable. Le souci du moment, c’est le retour. Peut-être que je n’aurai pas envie de poser le pied à terre, j’aurai peut-être envie de rester sur mon bateau. Je pense à boire un coup et à manger un bon steak avec mes proches. Poser le pied à terre, c’est une chose, mais le plus important c’est de franchir la ligne. Je rêve de terminer le Vendée Globe depuis de nombreuses années. »

Conrad Colman, Foresight Natural Energy

« J’ai un vent stable d’une quinzaine de nœuds. Je fais du près et du reaching donc j’avance confortablement. Je suis content. J’ai eu pas mal de grains dans le Pot au Noir, mais la lumière était fabuleuse, très chaleureuse, juste après le lever de soleil. C’est le dernier sprint avant la fin. Ce qui est compliqué, un sprint après un marathon. Le bateau et moi on est un peu fatigués. A part les trois voiles que j’ai perdues dans des conditions compliquées, ça va. Je suis avec la trinquette ou le J3. J’aurais dû faire cette dernière ligne droite avec une voile plus grande, mais je ne l’ai plus. »

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